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5»4 F O N potée, seront faits. Alors, par leur fusion, elles laisseront vuide la place que doit occuper le bronze.

On commence par enduire intérieurement d’huile commune les pièces du moule, comme on avoit enduit extérieurement le modèle. Ensuite on donne à cette même partie intérieur, ou creux du moule, plusieurs couches de cire fondue qu’on étale à l’aide d’en pinceau, comme si l’on peignoit. On multiplie ces couches jusqu’a ce qu’elles parviennent ensemble à l’épaisseur d’une ligne ou d’une ligne & demie. Il est vraisemblable que les anciens, dont les fontes étoient très-minces, s’en tenoient à ces couches au pinceau.

Mais comme les modernes ont la pratique de tenir leurs fontes très-épaisses, ils faut qu’ils ajoutent à ces premières couches une épaisseur égale à colle qu’ils veulent donner au bronze. Ils y parviennent en recouvrant les couches appliquées au pinceau de tablettes de cire amollies dans l’eau chaude, qu’ils pétrissent & qu’ils introduisent dans le moule avec les doigts, en sorte qu’elles ne fassent qu’un corps avec les premières couches.

Avant de rétablir le moule garni de ses cires pour y couler le noyau, il faut préparer ce noyau un soutien qui en embrasse toutes les parties. C’est ce qu’on appelle une armature ; on la compose de fer, parce qu’elle doit avoir la force de résister aux efforts du métal en fusion, & à la plus grande chaleur. Le plus grand nombre des pièces de cette armature doit se supprimer dans la suite, ainsi que le noyau lui-même, quand la fonte sera terminée. Elles doivent donc être solides, & en même-temps disposées de manière à se détacher aisément les unes des autres. Quelques pièces cependant doivent rester pour soutenir la statue sur sa base dans laquelle elles seront scellées. Ces pièces passent dans les jambes de la figure, si c’est une statue pédestre ; &, si c’est une statue équestre, elles passent dans celles des jambes du cheval qui posent sur la bâse. Il faut en ces parties que la forme des fers & celle des cires qui seront remplacées par le bronze soient tellement combinées que le bronze embrasse étroitement le fer, & que celui-ci ne puisse ni vaciller, ni monter, ni descendre.

Quand l’armature est établie, on remonte le moule garni de ses cires, & ce moule enveloppe l’armature.

Il reste à couler le noyau qui doit remplir exactement toute la cavité du moule : on se sert d’un mêlange de plâtre & de brique pulvérisé ; on réduit cette substance en une pâte liquide, & on la coule par les ouvertures qui ont été ménagées à dessein dans le moule.

Quand le noyau est bien sec, on démonte le moule, & les cires restent collées au noyau.


Mais il ne peut se faire qu’elles n’aient absolument éprouvé aucun dérangement, aucun affaissement ; il faut d’ailleurs nétoyer les coutures qu’y ont laissées les différentes pièces du moule. L’artiste les répare & les rend telles que doit être son ouvrage en bronze. C’est le dernier moment où il puisse encore se corriger, donner à son travail des finesses qu’il aura pu négliger sur le modèle, & même, s’il est nécessaire, faire des changemens aux principales formes autant que peut le permettre le squelette de fer qui compose l’armature. On prétend que Girardon a fait, sur les cires, des changemens considérables à sa statue équestre de la place Vendôme.

Il faudra que les cires soient renfermées dans un moule épais & solide qui prenne intérieurement toutes leurs formes, pour les donner ensuite au bronze qui les doit remplacer : mais il est nécessaire de ménager des canaux qui verseront le bronze liquide dans le creux qu’aura opéré la fontedes cires, & d’autres canaux pour donner l’issue à l’air déplacé par le métal. Les premiers se nomment des jets, & les seconds des évens. Pour que ces différens canaux se trouvent dans le moule lorsqu’il sera construit, il faut commencer par les faire en cire. On les place à quelques pouces de l’ouvrage, & on les y joint par des liens de cire qui deviendront eux-mêmes des canaux quand toutes les cires seront fondues.

Ce travail terminé, on procède à l’enveloppe des cires, qui, après leur écoulement, produira un creux entre elle-même & le noyau creux qui doit être entièrement rempli de bronze si la fonte a un plein succès.

On choisit pour faire cette enveloppe un mêlange de terre, de fiente de cheval, de creusets blancs bien pulvérises, & de poils de vache. On appelle cette composition potée, & le moule qu’on en fait se nomme moule de potée. La potée doit être si bien broyée & tamisée qu’elle devienne liante comme les couleurs des peintres. Le premier usage qu’on en fait est de l’étendre au pinceau sur toute la surface des cires. On multiplie ces couches jusqu’à l’épaisseur de dix lignes, en observant de n’appliquer une nouvelle couche que lorsque que la précédente est parfaitement sèche.

Ensuite on enveloppe le tout de gâteaux de potée faits & posés en forme de briques, & on remplit de potée molle les interstices que ces gâteaux laissent entr’eux & ceux qui les séparent de l’ouvrage couvert lui-même de potée appliquée au pinceau. On donne à ce moule une épaisseur considérable sur-tout par le bas, & on le fortifie de bandages de fer.

Il reste à fondre les cires auxquelles on a ménagé des conduits d’écoulement qu’on garnit de tuyaux de cuivre, & à recuire le moule