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de potée. Cette opération exige que l’on construise un âtre, des galleries, &c. dont la description conviendra mieux au Dictionnaire de pratique. Il suffit de savoir que le feu, d’abord ménagé, doit être poussé graduellement jusqu’à son ardeur la plus violente. Pour une fonte collossale, il ne dure pas moins de trois semaines, &, quand il est éteint, le moule n’est pas moins de quinze jours à se refroidir.

C’est alors qu’après avoir bouché les canaux qui donnoient l’écoulement aux cires, on revêt le moule d’un enduit de plâtre qu’on appelle chemise & qu’on procède a son enterrage. En effet, quelque solidité qu’il ait par lui-même & par ses liens, il opposeroit encore une trop foible résistance aux efforts terribles du bronze en fusion s’il n’étoit pas enterré. On employé pour cet enterrage de la terre fine que l’on foule jusqu’à ce qu’elle forme une masse solide. Il ne paroît plus de tout le moule que les sommités ou bouches des jets & des évens.

C’est alors ordinairement que l’on construit le bassin qui doit recevoir le métal liquide à la sortie du fourneau & le porter dans les bouches des jets. Ce bassin se nomme écheno ; le fond & les parapets en sont construits de briques mâçonnées avec de la terre à four. M. Falconet, dans sa seconde fonte, a trouvé plus avantageux de faire construire l’écheno avec le moule ; il étoit contenu par les mêmes liens de fer & renfermé dans la même cage.

Il ne reste plus qu’à fondre le métal, & à le faire écouler dans l’écheno, d’où il sera conduit aux différens jets. Cette opération exige des précautions, des soins, des détails qui se trouveront dans le Dictionnaire de pratique.

Quand le bronze est refroidi, quand on l’a dégagé de l’enterrage & du moule, il se présente tel que doit rester la statue si la fonte a eu un succès accompli ; mais il est encore embarrassé d’une forêt de cylindres de bronze, parce que le métal liquide a rempli tous les jets & tous les évens, & s’y est consolidé. Il faut scier ces cylindres & accorder avec le reste de la fonte les places qu’ils occupoient.

Si la fonte n’avoir absolument aucun défaut, il ne resteroit plus qu’à vuider le bronze du noyau qu’il contient, & de toutes les pièces de l’armature qui sont devenues inutiles ; mais ce succès est bien rare. On éprouve presque toujours quelques accidens qui doivent être réparés par le travail des ciseleurs, & même quelquefois par de petites fontes faites sur place.

Cet article n’est pas assez détaillé pour apprendre à fondre des collosses ; mais il l’est assez pour satisfaire les lecteurs qui veulent savoir comment s’opèrent ces fontes. (Article de M. Levesque.)

FORCE & FORT. Force, fort. noble,


grand, fier sont des termes absolument figurés dans le langage de l’art, & dont le sens est, par cette raison, toujours un peu vague.

Il est un certain nombre de ces termes qui s’employent avec des significations à-peu-près analogues dans tous les arts libéraux ; cependant les diverses natures de ces arts, soit relativement à leur théorie, soit relativement à leur mécanisme, mêlent à ces significations des différences propres à égarer ceux qui pensent les bien comprendre, & qui s’en servent en comparant les arts les uns aux autres.

A l’égard de celui qui est le sujet de cet article, on dit : Ce discours a de la force, des vers forts, une musique forte, une figure dessinée fortement, un tableau fort de couleur, des ombres fortes, une touche forte.

Toutes ces manières de s’exprimer ont rapport à l’énergie, & l’énergie appartient à l’ame ; non-seulement on ne l’acquiert point, lorsqu’on n’en a pas le germe, mais on la perd, si l’on n’est pas sur ses gardes dans l’exercice de l’art, ainsi qu’on perd son caractère dans l’habitude de la société ; cependant, dans un grand nombre de circonstances, on regrette d’en manquer. Il est donc à propos de dire à la jeunesse en général :

« Le desir de paroître avoir de la force ne suffit pas pour vous donner de la vigueur & de l’énergie. » Et aux artistes en particulier : « Ne pensez pas qu’un ensemble lourd, une figure musclée avec affectation représente Hercule. Il faut que la figure de ce héros fasse penser que sa force est plus encore dans son ame que dans sa charpente & ses formes. »

La force de la touche ne consiste pas non plus dans son apparence très-prononcée, mais il faut qu’elle soit prononcée sur-tout dans sa juste place.

Le coloris à son tour n’est pas fort pour être outré ; mais il a toute la vigueur qui lui convient, approche de celui que présente la nature & qu’il est accordé suirent une juste harmonie.

Les ombres noires ne sont pas des ombres fortes ; ce sont des taches obscures & déplaisantes.

La véritable force dans la peinture est donc la vérité de l’imitation sentie & exprimée par un artiste qui a une ame vigoureuse ; ce n’est pas votre force que vous devez représenter, mais la vigueur de la nature, qui a toujours celle qui convient aux circonstances & qui vous la communique libéralement, lorsque vous avez ce qu’il faut pour la sentir & pour la rendre. (Article de M. Watelet.)).

FORCE (subst. fém.) se dit de l’effet & de la couleur. Un tableau a de la force, s’il est coloré de manière que son effet reste encore vigoureux lors même qu’on le réduit au simple


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