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GRÂ

HÏère de graver à Peau-forte & au burin , ouvrage dont M. Cochin a donné une nouvelle édition avec des augmentations néceflaires. Ses talens le rirent recevoir membre de l’académie royale de peinture & d’architecture, & il en fut exclus dans la fuite parce que fon caractère libre ofa réfifter au caractère impérieux & defpotique de le Brun qui tenoit alors le fceptre des arts.

(42) Salvator Rosa , né à Naples en 1615 , mort à Rome en 1673 , célèbre comme peintre & connu comme poète , a gravé d’une pointe un peu maigre Se avec peu de foin. On pourroit comparer fa gravure à celle de Piètre Telle : elle eft peu remarquable par elle-même , & perdroit tout fon mérite fous la main d’un imitateur , parce qu’elle le doit tout entier au fentiment qu’un maître habile ne manque jamais de mettre dans les ouvrages. Le grand caractère des têres & la vivacité de l’expreiïion animent quelques-unes de fes eftampes. (43) Sébaft’ien Bourdon, né à Montpellier en 1616, mort à Rome en 1671 a beaucoup gravé d’après fes propres deflïns. Ses eftampes font plus recherchées pour la compofuion que pour le travail de la gravure. Quoiqu’il les avançât beaucoup à l’eau -forte , il favoit s’aider du burin pour les terminer.

(44) Dans le même temps un peintre Italien prêtoit à la pointe toute la grâce dont elle eft fufceptible. C’étoit Benedette de CastiglionEj hé à Gênes en 1616 , mort à Mantoue en 1670. Il eft plein de goûc , fes tailles font courtes , fa pointe eft badine , quelquefois fon ouvrage n’eft qu’un grignotis dont tout le monde fent le charme , dont les artiftes feuls peuvent apprécier l’intelligence. On peut le comparer à la Belle , à Rembrandt, & à tous ceux qui ont mis le plus d’efprit & de ragoût dans le travail de l’eau-forte.

(45) Jean le Potre , né à Paris en 1617 , mort en 1682, artifte fécond & fpirituel dans fes comportions , a quelquefois gravé du meilleur goût. On pourroit en citer pour exemple les morceaux qu’il a donnés d’après Paul Farinati & un affez grand nombre de ceux qu’il à publiés d’après fes propres deffins. Mais l’abondance de fes conceptions ne lui permettoit pas d’accorder toujours beaucoup de foin au travail de fa gravure. : d’ailleurs il laiffoit fouvent trop mordre fes planches , & l’eau-forte en rongeant & creufant fes travaux, détruifoit ce qu’ils avoient d’aimable -, mais elle ne pouvoit détruire ce qui fait reconnoître en lui l’excellent deffinateur pour les ornemens d’architecture , & , à ce titre , il fera toujours eftimé malgré les variations du goût & les caprices de la mode. Il étoit d’une famille féconde en artiftes célèbres. L’un de fes parens, Antoine le Potre, architecte , a bâti l’églife des religieufes GRA

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de Port-Royal , & donné le deflin de la cafcade de Sainr-Cloud ; l’autre , Pierre le Potre , fculpteur , a fait le grouppe d’Enée Se Anchife au palais des Tuileries, & terminé celui de Lucrèce , commencé par Théodon.

(46) François Ch au veau , né à Paris vers 162.0, mort dans la même ville en 1676, fut élève du peintre la Hire & peignit, dit-on, en petit d’une manière fort agréable ; mais il eft fur -tout connu par le grand nombre de fes gravures. Comme on recherchoit beaucoup fes ouvrages , fur-tout pour l’ornement des livres , il étoit fouvent obligé d’expédier -, & pour ne pas revenir fur fon travail à la pointe , il le faifoit mordre avec trop peu de ménagement. Mais quand il travailloit avec plus de patience» Se de foin , il produifoit des ouvrages agréables par l’efprit de la pointe , par la variété des travaux , & par la douceur des tons. Il gravoit le plus fouvent d’après fes propres delïïns , & compofoit avec beaucoup d’imagination & de feu. Sa manière ordinaire étoit d’avancer fes ouvrages à la pointe, & ce ne feroit pas lui rendre une pleine juftice que de le juger d’après celles de les planches où il réfervoit beaucoup de travail pour le burin. Il étoit alors froid Se peu ragoûtant, comme on peut le voir par les eftampes du cloître des Chartreux qu’il a gravées d’après le Sueur.

Nous n’avons pas voulu interrompre la fuite des graveurs à l’eau-forte, nés à la fin du feizième fièclé , Se dans les vingt premières années du dix-feptième • nous retournons maintenant fur nos pas pour examiner les talens de ceux qui fe font fait un nom par la gravure au burin.

(47) Corneille Bioemaért introduifit une nouvelle manière de graver qui eut un grand nombre d’imitateurs , enforte qu’on peut le regarder comms le chef d’une nombreufe école.’ Né à Utrecht en 1603 , & mort à Rome en 1680 , il étoit le troiiïème fils d’Abraham Bioemaért , bon peintre de l’école de Hollande. Lui-même fe livra quelque temps à la peinture Se la quitta entièrement pour la gravure : Son maître , qu’il ne tarda pas à furpaffer , futCrifpin de Pas, imitateur de Lucas de Leyde. Il grava d’abord d’après les deffins de fon père , vint à Paris vers 1630, s’y diftingua par {es eftampes pour les tableaux du temple des Mufes , Se fe rendit à Rome la capitale des arts , où il fixa fon féjour. Il fe fignala par la beauté de fon burin, par le talent encore inconnu de ménager une dégradation infenfible de la lumière aux ombres, & par la variété dés tons fuivant la différence des plans : mais il rie varia pas avec le même art fes travaux fuivant la diverfité des objets. Son grain , tendant toujours au quarré , a du repos & de la transparence 3 il a du mérite quand, jj, eft bien olacé,