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gligée , du fi l’on en trouve quelques indications dans les graveurs précédens , il faut plutôt l’attribuer à un heureux inftincl, qu’a un principe Col idement établi. On fent fur-tout que le grain quarré , introduit dans la gravure par Bloemaert, devoir s’oppofer à cette variété fi juftement recommandée dans la fuite , & dont on doit vraifemblablement la première obfervation aux confeîls de Rubens , & à la favante docilité de fes graveurs.

(6«) Paul Pontius ou du Pont, élève de Vorfterman , florifloit vers 1650. Il étoit fort aimé de Rubens , il travailloit fous fes yeux , & c’eft l’un des graveurs qui femblent avoir partagé l’ame de ce grand peintre. On connoît , on admire, on recherche les belles eftampes ■qu’il a gravées d’après ce maure , & fur-tout celle de Tomiris faifant plonger dans un vafe plein de fang la tête de Cyrus. .11 n’a pas moins réufîï dans le portrait, & fes travaux font variés comme les caractères des têtes : c’efr, ce que prouvent les portraits du Marquis de Léganès, du Marquis de Santa Cruz , de Don Carlos de Colonne, de Henri Steenvick , de Rubens , & un grand nombre d’autres , tous gravés d’après Van-..<yck.

{66) Schelte Bolsweht , né en Frife , flo- ,1’inbit en même-tempi que Pondus , & partageoit avec lui l’amitié de Rubens. Quoiqu’il maniât le burin avec beaucoup d’affurance & de liberté , 11 ne s’occupoit jamais à faire de belles fuites de tailles brillantes , & tâchoit au contraire d’imiter le ragoût & le pittorefque de l’eau-forte. Tous fes foins tendoient à rendre, comme elles dévoient être rendues , les parties que lui offrait ion original , àfuivre le mouvement des chairs , la forme des os, les brifures deî plis , quittant fans fcruDule les tailles dès qu’elles ceffoient de lui convenir ; employant quelquefois des tailles courtes , & des empâtemens de points dans les chairs, & même dans les draperies, ne craignant pas pour parvenir à l’effet , de falir fes travaux , de les confondre, de les contrarier par des touches fermes & bien placées ; tendant toujours plus au pittorefque qu’à ce qu’on nomme la beauté de la gravure, fe la rendant toujours d’autant plus belle en effet , qu’il s’occupoit moins d’en ménager la beauté. On a écrit que Rubens fe pla.ifoit à travailler lui-même aux planches de ce graveur : c’efr. fuppofer que ce peintre étoit très-familier avec le burin , ce qui eft peu vraifemblable. Les écrivains qui ont rapporté ce fait , & qui ne connoiftbient pas affez les procédés de l’art, auront entendu dire apparemment , fans le bien comprendre , que , fuivant l’ufage ordinaire des peintres , Rubens retouchoit au crayon ou au pinceau les épreuves de Bolfwert, & que ce graveur revenant fur fes planches , rendoit avec précifion les retouches du maître. Ces retouches me paxoiffe.qt fenft^les Beaux* Arts, lot», l.

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dans un grand nombre d’eftampes de Bolfwert : je m’en tiendrai ici à la Sainte-Cécile, je n’examine pas fi c’eft la plus belle de ce graveur,, il fuffit pour mon objet qu’elle foit belle , & d’un effet très-pittorelque. Il me femble très-probable que c’eft Rubens qui a frappé les fortes ’ touches des fourcils, des yeux, des narines & de la bouche de la Sainte ; touches hardies, qui donnent à la tête une vie extraordinaire, &qui ont obligé le graveur à fouiller profondément fon cuivre, devenant lui-même à l’on tour plucôt peintre que graveur. On pourroit de même reconnoître dans les draperies & dans les acceffoires le crayon de Rubens, d’où font nés des travaux qui ne femblent pas avoir été prévus dans la préparation de la planche. Il lèroit bon que lesgraveurs, quand ils fe fentent refroidir, miffent fous leurs yeux de belles eftampes de-Bolfwert & appriffent de lui à rendre leur gravure moins belle pour la rendre meilleure. On dift ngue entre fes ouvrages, la chute de Saint* Paul , l’Affomption de la Vierge, la vocation der Saint-Pierre, la charte aux lions, d’après Rubens, le crucifix deVan-Dyck, l’éducation d» Jupiter, & la mort d’Argus d’après Jordaens. Il a montré dans quelques eftampes, & entr’autiesdans celle de l’Affomption, qu’il étoi«  très-habile burinifte, & qu’il lui aurait été faci !» de faire parade de cette qualité s’il avoit c :u que l’objet de l’art dût fe borner à la manœuvrer qui n’en eft que le moyen.

( 67) Guillaume Hondiu s floriffoit vers 1650, l’un des meilleurs graveurs lijui fe foient for» mes du temps de Rubens, & non moins admi* rable par l’art de conferver le caractère du maître , que par la finefle Se la belle couleur de fon burin. Son poi trait de François Franck le jeune», eft l’un des plus beaux qui aient été gravés d’après Van - Dyck. La tête eft vivante ; une manche d’étoffe de foie eft rendue avec le plus grandart & (ans aucune affectation de métier. Ce n’eft pas ainfi que l’on grave quand on fe propofe fro ; dement de faire de belles tailles ; mais c’eft ainfi qu’un véritable artifte fe laifle échauffer du feu d’un autre artifte.

(68) Hendrick Snyers , contemporain des 1 derniers graveurs dont nous venons de parler, a travaillé comme eux d’après Rubens. Si j ea puis juger par celles de fes eftampes qui me font connues, il ne peignoit pas avec le burin auffi parfaitement que Bolfwert & Pontius, maisfes travaux font larges fe moelleux , & ii étoit deffinateur dans la manière flamande. (69) Pierrre de Balliu , graveur d’Anvers» vivok au milieu du dix-feptième ficèle. Il eft" peu recommandable par le choix de fes travaux, & fes portraits d’après Van-Dyck font fort inférieurs à ceux des artiftes dont nous venons> | de parler ; mais il a quelquefois donné un très ?. ’ bon. effet à fes eftampes, Nous np ;:s conten- " * Hb^