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îe cacher. On voit cependant qu’il y a beaucoup de burin dans fa grande defcente de croix. Souvent il rentroit à différentes reprifes lès tailles à la pointe sèche. Quelquefois , après avoir fait mordre une planche , il la reçoit vroit de vernis , y ajoutoit des travaux , & la remettoit, à l’eau-forte. On a de lui des eaux- fortes groffières, mais pleines d’efprit ; telle eft fa préfentation au temple. Son eftampe aux cent florins, & les différens changemens qu’il y a faits, éclairent fur fa manœuvre-. Elle repréfente Jéfus-Chrift guérifiant les malades. Il paroît dans quelques parties s’être procuré des tons de demi-teinte en mettant fur ces parties de l’eau-forte à nud. On voit de lui des têtes entièrement gravées à la pointe-sèche , telle eft celle delà fameufe eftampe du banquier Wtenbogard , dont on pofsède à la bibliothèque du Roi une épreuve où le trait feul de cette tête eft établi ; encore l’eft-il lui-même à la pointesèche : telle eft auili la tête du Bourg-Meftre Six, & la pointe-sèche domine dans tout ce morceau. Mais quel que foit le mérité des eftamDesqui, par l’effet que leur a procuré cet outil , reffemblent au lavis ou à la manière noire , nous croyons pouvoir perfiftcr dans l’opinion que nousavons annoncée àl’avticle Ecole, & regarder comme fes chefs-d’œuvre un grand nombre de têtes gravées à l’eau- forte de la pointe la plus favante , la plus ragoûtante , la plus fpintuelle. Le portrait d’Wtenboga’d eft de ce genre , & l’on pourrait encore trouver dans fon œuvre des têtes qui mériteraient de lui être préférées.

On fent que ce jugement porte uniquement fur la gravure, parce que c’eft uniquement de la gravure qu’il s’agit ici , & que nous faifons ab [traction de l’effet , & de la richeffe de compofition qui peuvent faire préférer d’autres morceaux plus capitaux du même auteur. li a eu plusieurs imitateurs , dont quelques-uns furent fes élèves. (73 ) Ferdinand Bol, dont les ouvrages font recommandablas par le piquant des effets , & la vérité de l’expreiTIon. (74) Jeun-Georges Van - Uliet , don : l’œuvre eft d’un grand prix , quoique peu nombreufe. (75" ! Jean Lievexis, Deintre d’hifloire , dont on a des têtes pleines de vie & de vérité. Enfin .(76) Salomon Konnick, peintre d’hiftoire & de portraits , dont les têtes gravées font plua légères de travail que celles de Rembrandt. (77) Grégoire Huret, né à Lyon en 1610, mort à Paris en 1670. Quoiqu’il ait gravé d’après fes defïins , fes eftampes femblent faites d’après des tableaux vigoureufement colorés. Il mcriteroit , à titre de defïinateur & de graveur, une ïéputfltion fupérieure à celle dont il jouit. Ses effets font larges & piquans , fes têtes expreiïïves , fes draperies bien jettées , fes conceptions neuves & ingénieufes. Ses acceiïbires ont d« $ t3 R A

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richelTe fan* tomber dans le luxe. Cpfflme graveur, fans le mettre au rang des plus grands buriniftes, on ne peut lui refufer d’avoir affez bien manié le burin, non pour étonner par unemanœuvre recherchée , mais pour (àtisfaire ceux quipenfent que l’artifte pofiède fuffifamment fort outil quand, il peut rendre tout ce que Tare exige. Sa gravure eft moëlleufe & facile ; partout fes travaux font d’un bon choix, & , dans certaines parties , ils font pleins d.e goût. (78) Janus ou Jean Lutma , orfèvre d’ Amfterdam , florifîbit vers le milieu du dix-feptième flècle. Il eft connu par quatre portraits qu’il grava au c-ifelet , fe fervant d’un petit maillet pour faire pénétrer cet infirument dans le cuivre Il mettoit au bas de fes eftampes opus mallei (ouvrage au maillet). Ces têtes font pointiliées d’une manière douce & très-agréa~ ble. Il n’y avoit qu’à faire imprimer fes planche» avec de la poudre de fanguine ou de crayon noir broyée à l’huile, pour qu’elles imitafferre le crayon. Lutma peut donc être regardé comme le véritable inventeur de la gravure dans la manière du crayon , & c’eft bien vainement que les fieurs François Se Defmarteau fe fonr difputé fi vivement dans la fuite la découverte de ce genre de grayure. Il n’ont inventé quo la manière de l’imprimer. C’étoit en apparence peu de chofe ; mais c’eft fouvent à peu de chofe que tiennent les découvertes les plus heureufes. On a vu qu’au quinzième fiècîe l’invention de la gravure en eftampes ne tenoit auflï qu’au moyen d’imprimer des ouvrages qu’on favoit faire depuis long-temps. (70) Michel Dorigny , né à Saint-Quentin en 1617 , & mort à Paris en 1663 , étoit gendre de Vouet : il gravoit à l’eau-forte , & ne mérite guère d’être cité que pour avoir perpétué par la grayure un grand nombre d’ouvrages de ce peintre. La plupart de fes eftampes ont de la dureté , & ce défaut n’eft pas réparé par le goût des travaux.

(80) Ifra’jl Silv estre , né à Nancy en 162.1 , mort à Paris en 1601 , fit deux fois le voyage d’Italie. Il defîïnoit des vues avec beaucoup de goût. Il compofa fa manière de celles de Callon & de la Belle , & paroîtà fon tour avoir été imité par le Clerc. Il fut employé par Louis XIV à defilner les maifons royales &les places conquifes par ce prince. Il ornoit feu defïïns de petites figures touchées avec beaucoup de goût. (Si) Jean P e s k e , né à Rouen en 1623 , mort à Paris en 1700. Sa gravure , dont les tra» vaux ne font ni agréables . ni favans , ni pittorefques , ne lui auroit fait aucune réputation y, s’il ne s’étoit pas appliqué à rendre le caractère des maîtres qu’il copioit -, cette qualité manque à un grand nombre de graveurs qui ont eti. d’ailleurs plus de talent. Ce qui a contribua fur-raiy à lui faire un nom dans un art dont ’4, B bb ij >.