Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T01.djvu/528

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

GRA

rendent encore juftice à Tes premiers ouvrages. On ne peut cependant lui reprocher d’avoir porté ie léché dans la gravure en petit au point où l’ont conduit des graveurs plus récens. Antoine Coypel femble avoir été le modèle qu’il fe propofoit dans les comportions : il avoit 8c la même richeffe & la même expreffion minaudière. Il a gravé l’hiftoire. Une de lés meilleures eftampes en ce genre eft d’après le Sueur ; elle repréfente Darius faifant ouvrir le tombeau de Nitocris. Elle tient beaucoup du deffin , de l’art & de la manœuvre de Gérard Audran. Les curieux n’ont pas été avertis de faire attention à ce morceau , & il n’eft pas recherché. (115 ) Pierre Drbvet le père, né à Lyon en 1664, mort à Paris en 1739. Il avoit reçu dans fa ville natale des leçons de Germain Audran, & vint fe perfectionner à Paris. Il fe confacra à la gravure du portrait. Ce feroit l’h_omme qui l’auroit gravé non avec le plus de caractère , de vie & de fierté, mais de la manière la plus fine & la plus agréable , s’il n’avoit pas été futpaffé par fon fils.

(116) Jérôme Ferroni qui gravoit en Italie, vers le commencement du dix-feptième flècle , d’une pointe maigre , & qui n’avoit pas affez la pratique du burin pour nourrir & : empâter fes travaux préparés à l’eau-forte, mérite cependant d’être cité pour leur bonne difpofition & pour la correction du deffin. (117) Claude Gillot, né à Langres en 1673 , mort en 1722, fur le maître deVatteau. On connoît peu fes tableaux , mais il eft célèbre parles eftampes qu’il a gravées d’après fesdeffins. Ceft l’un des ardftes qui ont eu le plus d’efprit dans la pointe, le plus de fineffe dans la touche , le plus de piquant dans l’effet , fans avoir eu recours aune grande vigueur de ton, ai aux grands moyens du cla :r-obfcur. ( 118) François Chereau, né à Blois en 1680, mort à Paris en 1729 > excellent graveur au burin. Il eft fur-tout connu par de beaux portraits , dont aucun peut-être ne l’emporte fur celui de Pécourt qu’il a gravé d’après Tournieres : il eft en même-tems d’un très-beau travail , & d’une couleur très - vigoureufe. Les points (ont épargnés dans les chairs , ce qui-eft toujours heureux , parce que fi des points longs dans les chairs fervent à former de trop grandes parties, ils rifquent de reffembler à du poil. Maffon n’employoit guère les points que pour lier les plus foibles demi-teintes aux lumières. Il n’y en a dans le fameux portrait de Bouma, par Wiflcher, qu’en manière d’entre-tailles. On remarque entre les portraits de François Chéreau ceux du Cardinal de Fleury , & du Cardinal de Polignac d’après Rigaud. ( 119) Jacques Frey , né à Lucerne en 1681, mort à Rome en 1752, a trouvé pour les chairs & pour les draperies un grain fort agréable ; GRA

■g 7

le lozâTtge domine dans la combinaifon de fes travaux : des points très-reîTentis à l’eau-forte , rangés en manière de tailles, croifés & accompagnés par des travaux plus doux , donnent beaucoup de moelleux aux demt-teintes de £es chairs. Ses eftampes , d’une bonne couleur & d’un effet harmonieux , joignent le mérite du deffin à celui de la manœuvre qui a été adoptée par Ph. A. Kilian , & que M. Strange a imitée en maître , fans la fuivre d’une manière fervile. Frey femble avoir frayé la route à Wagner , qui lui-même a formé le célèbre M. Bartolozzi. ( 120 ) Louis Desplaces , né à Paris en 1682 , mort dans la même ville en 1739 » n’eft peut-être pas inférieur à Gérard Audran pour la patrie du deffin ; mais quoique fa gravure foit d’un très-bon goût , il n’avoit pas la pâte &le charme pittorefque de cet artifte. Il ne peut être furpafle dans l’art de faire fentir les têtes des os, les pians & les mouvemens des mufcles. Des tailles méplates donnent à fa gravure une fingulière fermeté. Ses chefs-d’œuvre font les eftampes qu’il a gravées d’après Jouvenet , telles que la guérifon du Paralytique , la Defcente de Croix , Saint-Bruno en prière. La manière dont il a gravé la tête raf^ de ce Saint en fait un beau morceau d’étude. Il étudioit chaque jour lemodèle, & fréquentoit , plus affiduemenc que les élèves, l’école académique du deffin. ( 121 ) Charles Du puis , né à Paris en 168 j , mort en 1742, élève de Duchange , & graveur d’un très -bon goût. On place entre fes meilleurs ouvrages le mariage de la Vierge d’après Carie Vanloo.

( 122 ) Jean-Baptifte Oudry , né à Paris en 1686 , mort à Beauvais en 175 j , célèbre peintre d’animaux , a gravé d’après fes propres tableaux avec beaucoup de goût, & d’une touche très-fpirituelle. Il doit être confulté par les graveurs, lorfqu’ils ont à traiter des morceaux de ce genre.

( 123 ) Nicolas Dauphin Beauvais , né à Paris en 1687, mort en 1765. On peut dire des eftampes comme des livres , qu’elles ont auffi leurs deftinées-, hahent fua fata lihelli. Ce graveur avec du talent , & la forte de talent qui eft en pofTeffion de plaire aux amateurs , a eu peu de réputation. Il deffinoit foiblement , fur-tout les extrémités ; mais ce défaut n’eft pas fort fenfible dans tous fes ouvrages , & ce n’eft pas fur cette partie que les amateurs ont coutume de fe montrer févères.

(124) Charles-Nicolas Cochin, père , né à Paris en 1688 , mort en cette ville en 17^4, n’eft pas le premier qui ait fait connoîrre dans la gravure ce. nom devenu fur-tout célèbre par les ouvrages de M. Cochin fils. Nicolas Cochin , natif de Troyes en Champagne , s’étoit diftingué vers le milieu du dix -feptième flècle , par des eftampes de fa compoûtion gravées dans le Ceci)