Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T01.djvu/529

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

3S8

G R A

goût de Callot , dont on croit qu’il ëtoit élève. Charles-Nicolas cultiva la peinture jufqu’à l’âge de vingt-deux ans. Il droit bon defïinateur, 8c gravoit avec beaucoup d’eiprit 8c de goût , furtout quand les figures de les eftampes étoient d’une grandeur médiocre. Ii n’a pas eu le même fuccès dans le grand , parce qu’il confervoit le même genre de travaux en leur donnant plus de largeur , & qu’ils n’avoient pas alors affez de repos & de fermeté.

( 125 ) Slmon-Henri’TiîOMhssini , né à Paris en 16S8 , mort en 1741 , étoit fils de Simon Thomafïin , bon graveur , qu’il furpaffa. Il avoit une manière libre & pittorelque ; on en peut voir un bel exemple dans l’on eftampe du Magnificat d’après Jouvenet. Son portrait de Thierry , fculpteur , d’après Largilliere , ouvrage eftimé des artiftes , fuffiroit pour prouver, fi cela avoit befoin de preuve , qu’on peut , avec fuccès , avancer des portraits à l’eau-forte. On connoît fon bufte du Cardinal de Fleury , foutenu par Dicgène , qui a enfin trouvé un homme. Le tableau eft de Rigaud.

(126) Anne-Claude-Philippe de Tubieres , Comte de Cayxus, né à Paris en 1692, mort en 1765 , a beaucoup gravé à l’eau-forte avec plus de zèle que de talent. Ses eaux - fortes d’après Bouchardon ont été retouchées par le graveur Etienne Feffard ou par fes élèves, fans que les travaux réunis de l’amateur & de ces artiftes en aient fait de bonnes eftampes. Elles méritent cependant d’être recueillies, parce que toutes les beautés des deffins d’après lefquels elles ont été faites n’ont pu être détruites. M. de Caylus a rendu plus de fervice aux arts en confervant , par fa gravure, des traits & des croquis de quelques anciens maîtres. (127) Jacques Chéreau , né à Blois en 1694 , mort à Paris en 1750 , étoit frère de François. Il a gravé de fort beaux portraits , entr’autres celui de Jean Soanem, Evêque de Sénez , d’après Raoux. Son David d’après le Feti , fuffiroit pour aflurer (a réputation. Il ne manque à fa célébrité que d’avoir fait un plus grand nombre d’ouvrages ; mais il quitta de bonne heure les arts pour le commerce. (128) Fre’déric Hortemels , mérite d’être diftingué par le moelleux qu’il a fu donner à quelques-uns de fes ouvrages. Cette partie de l’art eft importante, & commence à être trop peu connue. La timidité , l’amour d’une exceflive propreté feront toujours ennemis du moelleux dans la gravure. Le graveur ne peut y parvenir qu’eD donnant de la largeur à fes travaux , fans craindre de les gâter en les nourriffant , comme le peintre , ne fera jamais moelleux dans fon art , s’il craint de charger fa broffe de couleur. On peut reprocher à Hortemels d’avoir trop fait ufage des gros points ronds dans les shairs. Marie - Madeleine , fa fille, G R A

époufe de Ch. - Nie. Cochin père , doit ê ;re comprife entre les bons graveurs. (129) Nicolas Dufuis , né vers 159J , & mort en 1770 ? grava d’abord , ainfi que Duchange fon maître , & Charles Dupuis fon frère, à l’eau-forte 8c au burin. Croyant enfuite que fes yeux étoient bleffés par l’éclat du cuivre fous le vernis , & que la vapeur de l’eau-forte nuifoit à fa fanté , il fe mit à graver au burin pur , & conferva dans ce genre la liberté de l’eau - forte, C’eft ainfi qu’il a gravé Enée & Anchife , très - bonne eftampe d’après Carie Vanloo. Il aimoit à annoncer fortement les plans , & modeloit en quelque forte les travaux de fes planches.

(130) Pierre Drevet fils, né à Paris en 1697 , mort en la même ville en 1739. On a de lui une eftampe qu’il a gravée à l’âge de treize ans, & qui, dans bien des parties , peut faire le défefpoir des graveurs confommés. On peut , fans doute, graver plus fièrement, plus librement que lui ; on peut , même dans le portrait , introduire des travaux plus pitrorefques , &fe diftinguer par une touche plus hardie ; mais peut-être ne fera-t-il jamais furpafle dans la gravure finie & precieufe. Il eft impoflible de revoir fans étonnement fon fameux portrait de BofTuet qu’il fit à l’âge de vingtfix ans. On voit , dans cette eftampe , des cheveux blancs , des chairs , de l’hermine , du linon , des dentelles , de la moëre , du velours, des franges d’or , du bois travaillé par l’art des ébéniftes , des bronzes , du marbre , du papier , &c. -, chacun de ces objets eft gravé d’un caractère différent , & : ce caractère eft celui qui lui eft propre. Les curieux ne recherchent pas moins fon portrait de Samuel Bernard. Il falloit que cet artifte , pour traiter avec tant de perfection tout ce qui peut-être l’objet delà gravure, eût une grande pratique du burin ; mais nulle part il n’affeSe de montrer fon habileté à manier cet inftrument. Il favoit <jue. cette habileté eft un moyen de parvenir à la perfection de l’art -, mais qu’elle n’en eft pas le but. Des graveurs ont femblé , dans la fuite , ne manier le burin que pour faire voir qu’ils favoient le manier, & autant auroit-il valu qu’ils euffent gravé des traits capricieux que des tableaux. (131) Jacques Houbracken , né à Dordrecht en 1698 , mort dans un âge très-avancé, graveur au burin , qui ne le cédoit pas à Drever par la fineffe des travaux dans les têtes , & qui l’emportoit par la hardieffe de la touche Srla fierté de la eouleur. Avec une étonnante habile»é dans le maniement du burin , il fe plaifoit fouvent oppoler aux travaux des chairs , des travaux bruts qui produifent l’effet le plus putorefque. On en peut voir un exemple dans fon beau portrait de Thomas-Morus , d’après Holben. Il eft malheureux qu’il fe foit quelquefois permis de