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GRI,

tolérées -, mais on ne fait pas autant de grâce à ces défauts dans les imitations de la peinture que dans la fociété. Ils bleffent & font condamnés, au moins lorfqu’on les peint ; ainfl votre propre intérêt doit vous attacher à la vérité à laquelle lès ans d’imitation font fournis par leur nature. Etudiez les grands modèle* plus fouvent encore que la nature qui fe préfente le plus ordinairement à vous.

Les grands modèles doivent leur gloire à cette vérité que les hommes refpe&ent encore , lorfqu’ils s’en éloignent le plus.

Polycléte fe fit un nom qui eft célèbre encore , par la juftefTe des proportions : A-gefandre, auteur du Laccoon, par la vérité d’une douleur noble & terrible. Homère eft le modèle des poètes , parce qu’il eft vrai 8c fans grimace , comme les belles figures antiques. La Fontaine -fera celui des poêles philofophes, parce que fa naïve beauté eft exemple de toute afîeéia ion. Molière n’en a point , lorfqu’ïi peint, non-feulement les vices, mais les ridicules même ; lorfqu’ïi a grimacé pour cap p iver le peuple, il a été fevèrement blâmé,, mais Raphaël , le Sueur, Pouflin , fans en exclurre d’autres, n’om jamais fait grimacer leurs figures. L’expreflion dont l’arae n’a qu’une idée vague, fans la fenc.r vivement, devient aifiment fous le pinceau , une giimace , & lagrimace laiffe !e fpeélateur froid ou le fait rire aux dépens du çeintre.

Voyez un époux , une veuve , un héritier qui fe croyent obliges de feindre une vive douleur, qu’ils ne trouvent ni dans leur cœur, ni dans leur imagination ; obfervez bien ces modèles ( vous en trouverez, fi vous vous donnez la peine d’en chercher) & vous fentirez en quoi la grimace diffère de l’expreflion vraie.

ïl faut quelquefois fixer les yeux fur les défauts, pour mieux fentir les beautés , & regarder les affectations des homme.- ; , pour a’o r une plus j u fie idée â" leurs véritables affeclions. ( Article de M. JP^atelet. )

GRIS (adj. pris quelquefois fubftanrivetnent. ) Ce tableau eft gris , ce peintre donne dans le gris,

Quand le gris efl la teinte dominante d’un tableau, l’ouvrage manque d’effet ; c’eft un vice capital de couleur. Mais les tons gris peuvent être artiilement oppofés aux tons chauds, vigoureux , & contribuer ainfi par leur opposition à l’heureux effet du tableau. GRÏSAILLE( fubft. fém. ) Ce mot défigne u»e efpèce de peinture ; il exprime aufîi lin défaut dans le colons. Lorfq..’un lableau eft d’une teinte grife , lourde , 8-r fi uniforme, que les couleurs locales ne s’y dilUn/*uein pas G R O

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bien , on dit alors , avec le fentiment du mépris : c’ejl une grifaille.

La première acception de ce mot s’applique à deux fortes de peintures.

i°. On dit d’une efquiile faite d’une feule couleur grife, avec du blanc & du noir : il a fait fon efquife feulement en grifaille ,• le modèle du plafond de AJignard au P’al-de-Grace, qui fe voit à C Académie de Peinture , eft peint en grifaille. Ce qui deiîgne que les couleurs locales n’y font point indiquées , & que le ton eft gris.

î n . Nous entendons auffî par grifaille ce que les Italiens entendent par chiaro feuro . méthode employte ordinairement dans les frifvs & dans les panneaux de foubaffement des ordres d’archiietlure. On en voit de cette forte au Vatican , peints la plupart par Polidore de Caravage. Ce font des tableaux de couleur grife , imi :ant imparfaitement les bas-reliefs de pierre ou de marbre. Je dis imparfaitement ; car les tableaux imitans les bas-reliefs font fufcepribjes de tons variés, foit dans les clairs, foit dans les ombres ou dans les parties reflétées ; au lieu que le tableau n’eft que grifaille quand il eft fait feulement avec le blanc & le noir. Nous ne taifons de diftinélion entre les deux fones de grifailies , que parce que l’une s’employe pour des eiquiffes, & l’autre dans des tableaux terminés de cette couleur. Toutes deux font des ouvrages nuls de coloris , où l’on n’a voulu exprimer que le clair & l’ombre , chiaro feuro , d’où il n’eft réfulté qu’une teinte grife ; car , encore une fois , fi un artifte tant foit peu habile avoir intention de rendre la pierre ou le marbre ; l’ouvrage alors devroitétre plus recherché dans l’art de colorier , ce ne feroirplus une grifaille ; mais un panneau peint d’un ton de marbre , une ftatue en couleur de pierre . &c. Nous a-’ons cru devoir infifier fur la fignificanon precife de ce mot grifaille , parce que plufïeurs écrivains s’en font fervis indifféremment pour exprimer ce qui imite le bas-relief ou ce qui n’eft qu’une peinture grife. En mûmetemps nous penfons que. c’eft dans l’idée de feindre un bas -relief, en négligeant cependant tous les dé- ails des teintes, qu’on a produit des grifailies ; Se fi, dans ce genre, on a fait des ouvrages précieux, ils l’ont été parla compofition tk. le deflin. ( Article de il/. Robin. )

GROTTESQUE (adi. ) Une figure grotttfque c’eft-à-diie une figure d’une proportion cud’ ne cnn"ru£tion vicieufe & ridicule. Callot fe p-laifoit à faire de ; figures grottefques. Grottesques (fubft. mafe. ) Ce mot ne s’employe qu’au pluriel. On appelle grottefques en peinture, des ornemens qu’on nomme aiïflï arabefques.