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bordure , un écuflbn ou une banderole , fur laquelle feroîc écrit , en très-peu de mots , ce -que le fpecïareur a belbin de favoir. Tout le monde connoit le teftament d’Eudamidas , tableau du Pouflin. Un fpeclateur qui n’en connoît pas le fujet , ne verra qu’un mourant , un notaire & quelques témoins , & il n’éprouvera que l’impeffion de triftefie , que donne l’ ;dée de la mort. Mais comme l’imagination s’élève & s’aggrandir , comme 1 âme conçoit des penfces nobles & généreuses, comme le cœur fe fènr épanoui par la douce impreflion de la confiance en l’amitié , comme on fe trouve reconcilié avec l’efpèce humaine, quand on lit, au bas de 4’eftampe , gravée d’après ce tableau , les paroles mêmes du teftament d !Eudamidas , conservées par Plutarque !

Une eftampe porte du moins un titre, & il feroit facile d’en écrire un femblable , fur la bordure d’un tableau. Ceux qui ont vu à Paris les (ailes de l’académie royale de peinture & fculpture, favent que ces infcriptions ne feroient pas un mauvais effet. ( /irticLe de M* Lekesouk. )

INSTRUCTION. ( fubft. fem. > En propolànt cet article , notre projet n’eft pas de donner un traité fur les avantages du defiin dans l’éducation en général. Tout le monde a dit, que de bonnes leçons fur cet art perfectionnoient la manière de voir tous les objets de la nature , & affuroient les opérations de la main, pour toute la vie. On a dit qu’un bon maître de deflïn developpoit le goût du beau , fur tous les objets relatifs à l’art , dans tous ceux qui en avoient le germe , & qu’il enfeignoit une langue univerlelle , feule capable de communiquer la connoilfance d’une infinité de choies, que ni l’art d’écrire, ni m. me la faculté de la parole, ne pouvoir exprimer.

Cet article ne doit pas non plus offrir des détails fur la bonne méthode de donner des leçons élémentaires & p atiques des arts. On trouvera ces détails fous plufieurs mots de cet ouvrage , & dans beaucoup d’autres écrits -compofespar d’habiles artiftes, parmi lefquels en peut diftinguer les principes du dejjzn de ’Gérard Lairtjfe , traité qui lé trouve à la tê.e d un uuvrage de ce maître, intitulé le grand ’livre des peintres , & :c.

INous voulons lèulement difeurer , fous ce •mot inftmUiort , la meilleur méthode à employer pour former de grands ar iftes ; i°. en •examinant celles qui font adoptées dans toutes •tes écoles existantes , i’°. en hazardant quelques unes de no. opinions, toujours appuyées fur l’exemple de ces hommes célèbres qui n’ont pu encore être égalés.

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L’ufage commun des écoles vivantes de peinture , eft d’envoyer à l’étude du modèle, le jeune homme qui a acquis un peu de facilité à manier le crayon. Il paffe plufieurs années à fuivre ce travail dans nos académies , & fouvent encore dans les ateliers de fes maîtres. Qu’obtiennent ces jeunes gens de leur perfévérance ?

t’art de deffiner une figure d’homme , 

dans une attitude fouvent froide & prefque toujours contrainte. A quel degré portent-ils cet art ? A favoir produire un effet piquant, par l’oppofition prefque toujours exagérée du noir & du blanc , à faire un trait fur , net, & léger ou bien un contour toujours coulant &c gracieux , ou enfin à reffentir des formes avec exagération, très-fouvent à contre-fens, & tout cela , fuivant les préjugés dont ils font imbus par l’exemple de leurs maîtres , ou de leurs camarades. Ils parviennent à donner à ces figures des têtes coéffées avec une forte de goût , des doigts & des orteils articulés avec une netteté , qu’on prend fouvent pour l’alfurance du favoir. Sont-ils parvenus à ce dégré ; ils obtiennent des récompenfes , but de toute leur ambition , & fi leur talent n’eft pas borné à ce mérite , au moins ne s’elèvent-ils guère, dans cette partie, au-deffus du point où il falloir, atteindre pour obrenir les prix uniques objets de tous leurs défirs. Cependant on les occupe à copier quelques tableaux , ou même à peindre d’après le naturel , on les inftruit dans l’art de manier le pinceau avec grâce , fur-tout avec facilité & avec une netteté dont on fait le point capital , & qui diftingue bientôt ce qu’on nomme avec enthoufiafme , de grands talens. Si celui qui en eft doué au degié convenu a acquis en même temps le fentiment des mafi’es fermes & tranchantes en clair & en brun fi dans fon coloris, il fait conferver la vivacité des couleurs de fa palette, fi fes chairs font d’une variété de teinte , à laquelle on donne beaucoup d’eftime, fi fur-tout elle font d’un brillant éblouiflant , alors fon triomphe eft certain , & beaucoup de gens font perfuadés, prefqu’autant que lui-même, qu’il n’a plus rien à acquérir.

Il va alors en Italie, trop mûr pour profiter effentiellement des grands modèles qui s’y voyent. Cependant ces exemples- frappans lui échauffent l’imagination , fi ] a nature l* a doué de cette belle qualité , & i] revient en fon pays éclairé de quelque étincelle du foyer des arts. ■

Mais rarement la fubftance a pénétré avec profondeur , parce qu’une pratique décidée avoit rempli tous les pores du goût 8c du génie ; au bout de quelques années fes ouvrages , uniformes enir’eiix , paroiffent fans intérêt , & le grand homme s’évanouit en „,,