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M Y T vierges. Quelquefois ils leur hérissoient la tête de serpens ; quelquefois ils leur épargnoient cette difformité ; mais toujours ils armoient de serpens & de torches ardentes les bras nuds de ces divinités vengeresses. C’est ainsi qu’on les voit sur des vases de terre cuite, & sur des bas-reliefs, poursuivant le coupable Oreste ; toujours belles, toujours vierges, terribles seulement aux criminels qu’elles sont chargées de punir.

Mais est-il vrai qu’elles aient été nommées les bienfaisantes, parce que les anciens eussent craint de les irriter par un nom moins doux ? N’ont-ils pas voulu plutôt signifier que la juste vengeance dont elles menaçoient le crime, étoit un bienfait pour l’humanité. Elles étoient, dans cette supposition, des divinités amies des mortels vertueux, & c’eût été un contre-sens ridicule aux artistes, d’en former des images odieuses.

GENIE . On voit à la Villa-Borghese, la statue d’un génie aîlé, de la grandeur d’un jeune homme bien fait « Je voudrois, dit Winckelmann, en parlant de cette figure, pouvoit décrire une beauté qui n’a guère de semblables entre les enfans des hommes ; si l’imagination remplie de la beauté individuelle, & toute absorbée dans la contemplation du souverain beau qui émane de Dieu, & qui retourne à Dieu, se représentoit dans le sommeil l’apparition d’un Ange dont la face seroit resplendissante de lumière, & dont la conformation paroîtroit un écoulement de la source de l’harmonie suprême, elle auroit le type de cette figure étonnante. On pourroit croire que l’art a enfanté cette beauté, avec l’agrément de Dieu, d’après la beauté des Anges : Flaminio Vacca croit que c’est un Apollon aîlé ; Montfaucon l’a fait graver d’après un dessin détestable. »

Cette face resplendissante de lumière est de trop, sans doute, dans la description d’une statue : j’ignore si d’ailleurs Winckelmann ne s’est pas livré ici à une illusion platonique, & si sa description n’est pas exagérée ; mais ce que je sais, ce que je sens, c’est que de telles descriptions, toujours un peu vagues, ne sont pas inutiles aux artistes dont l’ame a quel qu’ardeur. Elles peignent à leur esprit l’image d’une beauté suprême ; & cette idée qui n’a d’existence que dans leur pensée, devient pour eux une émule qu’ils s’efforcent de vaincre. Ainsi, quoique souvent l’antiquaire saxon se laisse séduire par son enthousiasme, je crois que, par cet enthousiame même, peu de lectures seront plus utiles aux artistes que celle de son ouvrage : c’est un feu capable d’allumer d’autres feux.

GRACES . Le seul monument où elles soient


vêtues, est un ouvrage étrusque de la Villa-Borghese : mais c’est ainsi que les Grecs les ont representées dans les temps les plus reculés, & ce fut ainsi que Socrate les représenta dans sa jeunesse. Les graces du Palais Ruspoli, sont les plus belles qui nous restent de l’antiquité ; leur beauté n’exprime pas précisément la gaieté, mais la douce satisfaction, le bonheur paisible qui convient à l’innocence de leur âge. Leurs têtes ne sont chargées d’aucun ornement ; leurs cheveux sont attachés d’une bandelette, & à deux d’entr’elles, ils sont rassemblés en nœud sur le cou.

HEBÉ, se distingue des autres Déesses par la forme de son vêtement qui est relevé à la manière des jeunes victimaires, & des jeunes garçons qui servent à table.

HERCULE . Des ouvrages antiques présentent Hercule dans la plus belle jeunesse, & même avec des traits qui sont presque douter de son sexe. La connoisseuse Glycère disoit, au rapport d’Athénée, que les jeunes gens sont beaux tout le temps qu’ils ressemblent à des femmes ; telle est la beauté du jeune Hercule, sur une cornaline gravée du Baron de Stosch.

Des nerfs & des muscles ressentis caractérisent Hercule dans l’âge viril, lorsqu’il déploya sa force contre les monstres & les brigands, Les belles têtes de ce héros offrent encore d’autres caractères expressifs ; c’est la grosseur du cou qui semble empruntée de la nature du taureau pour témoigner la force ; ce sont des cheveux courts, rabattus sur le front, qui ont peut-être rapport aux poils courts qui se trouvent entre les cornes du Taureau. Mais les veines & les muscles adoucis, conviennent à ce héros, purifié des parties grossières de son corps mortel, par le feu dont il fut consumé sur le mont Œta. L’Hercule Farnese est homme ; celui dont reste le fameux Torse est Dieu. L’imagination sublime des grands artistes les élevoit de la nature périssable, à la nature immatérielle ; elle créoit, continue Winckelmann, dont on a pu reconnoître le langage, des êtres exempts des besoins de l’humanité, & formoit des corps humains qui sembloient n’être que les en veloppes d’intelligences célestes.

HEROS . On peut voir ce que nous en avons dit à l’article Héros : ce qu’on va lire ici est extrait de Winckelmann.

Les anciens, dans la représentation des Héros, c’est-à-dire, des hommes à qui l’antiquité donnoit la plus haute dignité de notre nature, s’approchoient de la nature divine, mais sans y atteindre, & ne confondoient pas l’homme & le Dieu. Cette distinction étoit souvent très-délicate ; qu’on prête au Battus des médailles de