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vées dut être celle qu’ils révéroient dans leur temple, celle qui recevoit leurs premiers hommages.

Il est vrai que la Vénus Cnidienne des médailles & des pierres gravées n’est pas exactement celle de Médicis : elle lui ressemble par la partie inférieure ; mais la partie supérieure est différente.

Mais il faut reconnoître que cette partie supérieure n’a pu être, dans la statue, telle qu’on la voit sur les pierres gravées & sur les médailles. Quoiqu’on ne puisse pénétrer la raison de ce changement, il est certain que Praxitele n’a pu composer ainsi le haut de sa statue. Un bras étendu, tenant une draperie légére au-dessus d’une cassolette, auroit produit dans la sculpture de ronde-bosse une maigreur & un défaut de solidité que le grand artiste auroit été loin de se permettre. Or puisque les pierres gravées & les médailles ne nous donnent pas une représentation fidèle de la partie supérieure de ce chef-d’œuvre si célèbre dans l’antiquité, nous pouvons croire que cette représentation nous a été à peu-près conservée dans la statue qu’on nomme de Médicis & dans celles qui ont la même attitude.

La Vénus de Médicis est-elle de la main de Praxitele, ou seulement une copie ; l’art a t-il fait des progrès depuis Praxitele jusqu’au temps où vivoit le copiste, & la copie est-elle plus belle que n’étoit l’original ; l’art au contraire avoit-il dégénéré, & la Vénus de Médicis, malgré toutes ses beautés, ne nous donne t-elle qu’une foible idée de la perfection que Praxitele avoit imprimé à sa statue de Cnide ? Toutes questions qu’il seroit téméraire de vouloir résoudre. La Vénus de Médicis est un des plus beaux ouvrages qui nous restent des anciens : y eût-il un temps où ils produisirent des ouvrages encore plus parfaits, c’est ce que nous ne pouvons savoir. Mais ce dont il faut être averti, c’est que toutes les parties de cette figure ne sont pas antiques : le bras droit a éte restauré depuis l’épaule, & le bras gauche depuis le coude ; les jambes ont été brisées, & sont composées aujourd’hui de parties antiques & modernes.

Il nous reste à parcourir d’après M. Heyne, différentes manières dont les anciens ont représenté Vénus. Ceux qui desireront de plus grands détails pourront lire son mémoire dans le Recueil de pièces intéressantes concernant les antiquités, les arts, &c. On peut aussi consulter le savant mémoire de M. Larcher, & celui de M. l’Abbé de la Chau.

Vénus anadyomene ou sortant des eaux, tableau d’Apelles. Elle essuyoit ses cheveux de ses deux mains. Ce n’étoit qu’une figure à micorps. Il se peut, comme le conjecture M. Heyne, qu’un bas-relief de Rome, qui se


trouve dans l’admiranda, soit, pour la figure de Vénus seulement, une copie du tableau d’Apelles, faite par un sculpteur sans talent. La déesse est assise sur une coquille portée par deux tritons ; un amour lui présente un miroir.

Sur une médaille de la colonie de Corinthe, frappée en l’honneur d’Agrippine, la déesse s’essuie les cheveux d’une seule main.

C’est une Vénus sortant du bain, & non une Vénus anadyomene, que celle qui se voit tantôt à demi drappée, tantôt entièrement couverte, essuyant ses cheveux d’une seule main, & tenant quelque fois un miroir.

Il faut distinguer plusieurs sortes de Vénus victorieuses.

1º. On entend quelquefois par Vénus Victrix, cette déesse victorieuse de Junon & de Pallas qui lui disputèrent le prix de la beauté. Vénus obtint la préférence : elle tient la pomme que lui donna Pâris.

2º D’autres fois, on entend par Vénus victrix cette déesse victorieuse de Mars. Elle a désarmé le dieu de la guerre, & s’est elle-même revêtue de ses armes ; on la voit alors coëffée du casque, tenant en main la lance, & portant quelquefois le bouclier.

3º. Vénus victrix indique encore cette déesse procurant la victoire aux Césars, & devenue victorieuse par leurs mains. Elle est debout entre des enseignes légionaires. Elle porte le pied sur la proue d’une galère, & tient une victoire et une branche de palmier ou d’olivier.

4º Enfin quand Vénus est considérée comme ayant mis fin à la guerre civile, en donnant la victoire à Jules-César, elle tient un caducée.

M. Heyne croit que le surnom de victrix n’a été donné à Vénus que par les Romains : ce qui n’empêche pas que les Grecs n’aient eu des Vénus armées. Les plus anciens monumens la représentent avec le casque & le bouclier. C’est cette Vénus qui recevoit le culte des Spartiates.

Winckelmann parle d’une Vénus qu’il appelle victorieuse & dont on voir une statue antique à Caserte, dans le palais des Rois de Naples. Elle porte un diadême, & son pied gauche est posé sur un casque. Si ce monument est romain, ou fait par des Grecs pour les Romains, ce pourroit être une Vénus génitrix.

Jules-César qui avoit l’orgueil de faire remonter son origine aux amours de Vénus & d’Anchise, regardoit cette déesse comme sa mère, & lui dédia un temple sous le nom de Venus génitrix. On voit la déesse, sous cette dénomination, armée de la lance & du bouclier.