Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T01.djvu/724

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P A tf à laquelle il croit beaucoup de finesse, prend le geste & la physionomie de la finesse pour s’applaudir. Un homme à qui se présente une idée chagrinante, fait pour la repousser le même geste que s’il vouloit chasser un objet importun qui voltigeroit devant lui : si cette idée est affreuse, son geste est celui qu’inspire un sentiment. d’horreur. En repoussant l’idée de la main, il jette la tête du côté oppose, se couvrant même les yeux de loutre main, & faisant quelques pas pour prendre la fuite. Des idées désagréables, que la bouche rejette avec un non répété, sont en quelque sorte chassées par la main qu’on agite de côté & d’autre.

Se présente-t-il à l’esprit de l’homme qui médite, des idées plus importantes que les autres ; son regard acquiert de la vivacité, ses sourcils sont attirés vers les angles du nez, & le front se couvre de plis. Quelquefois l’œil se rétrécit, afin de mieux concentrer les rayons visuels, comme lors qu’on veut examiner un objet d’une grande finesse ou placé à une grande distance. Quelquefois, comme pour imposer silence à toutes les idées étrangères à celle dont on veut s’occuper, on pose l’index sur les lèvres fermées. D’autres fois on pose le boat du même doigt sur le milieu du front, au-dessus de l’entre-deux des sourcils, comme si le point qui semble être le siége de l’attention avoit besoin d’être assujetti. Dans une grande contention de la pensée, on se bouche les yeux, on se couvre le visage des deux mains, parce quo les opérations intérieures s’éxécutent d’autant mieux, qu’elles ne sont pas troublées par les impressions extérieures des sens.

De la pantomime inspirée par les pensée, passons à celle qui est inspirée par les affections de l’ame.

On peut appeller affection toute activi de l’ame causée par un degré sensible de plaisir ou de peine.

Le rire est une affection de l’esprit qui n’a d’autre nom que son effet. Elle se mêle quelquefois à d’autres affections, comme au mépris dans le rire ironique ; à la haine, dans le rire amer & Sardonien. Quand elle est simple, elle est excitée par la gaieté que cause l’observation de petits défauts innocens, de contrastes inattendus, de dispositions dont on est subitement frappé, de petites erreurs qu’il eût été facile d’eviter, de foibles accidens dont on ne peut craindre les suites. Les gestes de cette affection, appartiennent tous à la physiologie & sont assez connus.

Dans l’admiration, le corps réprésente l’expansion de l’ame qui veut saisir un grand objet dont elle est occupée. La bouche & les yeux sont ouverts, les sourcils sont un peu tirés en haut, les bras sont à la vérité plus voisins du corps que dans le désir vif & animé ; ce-


pendant ils sont tendus : d’ailleurs le corps & les traits du visage sont en repos. Les gestes de cette affection lui sont parfaitement analogues & imitent les mouvemens de l’ame. L’œil s’aggrandit, parce que l’ame voudroit attirer de l’objet autant de rayons qu’il est possible ; il est immobile, parce que c’est par lui seul que l’ame peut se rassassier de ce qu’elle admire. Les bras sont étendus dans le premier moment, parce que c’est sur-tout en ce premier moment que l’ame s’efforce à saisir l’objet dont elle commence à jouir. Ce premier instant passé, les bras retombent doucement & se rapprochent du corps.

L’admiration du sublime produit des gestes différents, mais également analogue au sentiment qu’on éprouve. L’œil est ouvert, le regard élevé, toute la figure de l’homme se redresse : cependant les pieds, les mains & les traits du visage sont en repos ; ou si une main, ou même toutes les deux sont mises en mouvement, elles ne se portent pas en avant, comme dans la simple admiration, mais en haut.

Lorsque ce sont des forces corporelles extraordinaires que nous admirons, alors une espèce d’inquiétude intérieure agite dans notre corps des forces qui y sont analogues. L’étonnement, qui est seulement un degré supérieur de l’admiration, ne differe de celle ci qu’en ce que tous les traits que le viens d’indiquer sont plus caractéristiques : la bouche est plus ouverte, le regard plus fixe, les sourcils plus élevés, la respiration plus fortement retenue ; elle s’arrête même tout à coup, ainsi que la pensée, à la vue d’un objet intéressant qui se présente d’une manière soudaine à nos yeux.

Un succès, peu important, & seulement contraire à notre attente, cause une surprise se manifeste communément par un léger sourire mocqueur ; si le contraste entre la chose & l’idée qu’on s’en étoit formée est au désavantage de la premiere, le sourire peut être amer. Si l’on prenoit un vif intérêt à l’événement, & que l’attente soit subitement trompée, les yeux & la bouche s’ouvrent, les bras tombent, & toute la machine du corps semble être affaissée par la nouvelle qu’on reçoit.

Dans une surprise violente, toutes les facultés corporelles & intellectuelles sont enchaînées par l’objet qui la cause ; il ne reste à l’ame aucune pensée étrangère, pas même celle d’un changement volontaire de la position du corps : l’homme reste dans la situation où il se trouve, comme les malheureux qui étoient pétrifiés par la tête de Méduse.

Le desir est susceptible de modifications très variées. Une de ces modifications, c’est celle où l’homme sent une privation sans en démêler ou connoître l’objet ; celle encore où il ne connoît l’objet que d’une manière vague ; ou enfin