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PAR dans les arts qui tiennent au dessin, pourroit-elle conduire à établir quel est celui de ces arts qui doit obtenir la première place. Nous avons compté cinq parties dans l’art de la peinture, en y comprenant l’exécution. Deux de ces parties manquent à la sculpture ; le clair-obscur & le coloris.

On pourroit donc accorder la prééminence à la peinture, s’il avoit jamais existé un peintre qui eût excellé dans les cinq parties principales qui constituent son art. Mais comme on est obligé d’accorder les premiers rangs à ceux qui réunissent dans la peinture quelques parties de leur art à un haut dégré, on ne voit pas qu’un sculpteur qui réuniroit dans la statuaire, au même dégré, le même nombre de parties, dût leur être inférieur. Cette observation, si elle est juste, établit l’égalité entre les deux arts. (Article de M. LÉVESQUE.)

PARTIES, comment traitées par les artistes Grecs. Le profil grec est le principal caractère d’une haute beauté. Il décrit une ligne presque droite, ou marquée par une douce inflexion. Dans les figures du jeune âge, & surtout dans celles des femmes, cette ligne dessine le front avec le nez. Cette forme simple, & belle par la simplicité & par l’unité qui en résulte, se trouve bien plus rarement sous un ciel âpre que sous un climat doux ; aussi la beauté y est-elle bien plus rare. Les formes droites, ou pour s’exprimer avec plus de précision, les formes qui approchent de la ligne droite, constituent le grand ; ce sont elles qui produisent les contours coulans & délicats.

On peut être conduit à connoître ce qui constitue la beauté, en examinant ce qui constitue la laideur. La laideur du profil devient de plus en plus choquante, à mesure qu’il s’éloigne davantage de la ligne qu’ont observée les anciens ; plus l’inflexion du nez est forte, & plus le profil s’éloigne de la belle forme, & l’on chercheroit envain la beauté avec un mauvais profil. Il est donc prouvé qu’on se rapprochera d’autant plus du beau, qu’on sera plus près de la ligne tracée par les anciens.

Le caractère du front ne contribue pas foiblement à celui du beau. Les anciens écrivains, d’accord avec les anciens artistes, nous apprennent assez qu’ils donnoient la préférence aux fronts que nous appellons bas, & qu’ils mettoient le front élevé au rang des difformités. Si c’est dans la jeunesse qu’il faut chercher le caractère de la beauté parfaite, sans doute le principe des anciens étoit incontestable. Le front n’est pas ordinairement élevé dans la première fleur de l’âge ; il ne le devient que lorsqu’il se dégarnit de cheveux. Comme c’est le premier caractère de la dégra-


dation du beau, ou même de la dégradation de la nature, il est assez prouvé que le beau se trouve dans le caractère opposé.

Pour que la forme du visage soit d’accord avec elle-même & décrive un ovale, les cheveux doivent couronner le front en s’arrondissant, & faire ainsi le tour des tempes ; sans cela la face qui se termine par un ovale dans sa partie inférieure, décriroit des angles dans sa partie supérieure, & l’accord de ces deux parties entr’elles seroit détruit. Ainsi le front arrondi, qui est le caractère des belles personnes, se trouve-t-il dans toutes les têtes idéales de l’art antique, & surtout dans celles du jeune âge. On n’en rencontre jamais dont les tempes dégarnies décrivent des angles & des pointes ; difformité dont nous nous ressouvenons encore que la mode avoit fait parmi nous une beauté. C’est un travers dont la postérité ouvera le témoignage dans les productions de nos arts.

On convient généralement que les grands yeux sont les plus beaux : mais ce qui fait la beauté des yeux dans les ouvrages de l’art, c’est moins leur grandeur, que la forme de leur enchassement. Aux têtes idéales antiques, les yeux sont toujours plus enfoncés qu’ils ne le sont, en général, dans la nature, & par conséquent l’os des sourcils a plus de saillie. C’est que, dans les grandes figures, placées à une certaine distance de la vue, les yeux auroient peu d’effet sans cet enfoncement. L’art, en exagérant la cavité qu’ils occupent, produit un plus grand jeu d’ombre & de lumière, & donne aux statues plus de vie & d’expression. Il est vrai que cette espèce de régle, pratiquée pour les grandes statues, fut observée de même pour les petites figures & pour les médailles, & qu’elle donne à tous les ouvrages de l’art, de quelque genre qu’ils soient, un caractère de grandeur.

Les yeux, sans s’écarter de cette forme déterminée, différent cependant dans les têtes de différentes divinités. La coupe de l’œil est grande & arrondie dans les têtes de Jupiter, d’Apollon & de Junon : Pallas, qui a de grands yeux, conserve l’air virginal par ses paupières baissées : Vénus a les yeux petits ; il ne faut que voir la Vénus de Médicis, pour reconnoître que ce n’est pas la grandeur des yeux qui fait leur beauté ; & pour être bien convaincu de cette vérité, on n’a qu’à comparer les yeux de cette Vénus avec ceux qui leur ressemblent dans la nature : on fentira tout ce qu’ils ont de touchant. La paupière inférieure, légèrement tirée en haut, leur communique une langueur pleine de grace.

La finesse des poils dont les sourcils sont formés est distinguée dans la statuaire par le tranchant de l’os qui couvre les yeux. Anacréon