Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T01.djvu/758

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
PAY PAY 625


tiste des variétés de formes & de couleur. Elles acquierent un agrément nouveau, quand des sources, jaillissant de leur sein, & tombant en cascades, leur prêtent le mouvement & la vie.

On appelle terrein en peinture un espace de terre distingué d’un autre, & sur lequel il n’y a ni bois fort élevés, ni montagnes fort apparentes. Les terreins, plus que tout autre objet, contribuent à la dégradation & à l’enfoncement du paysage, par leurs formes, leur clair-obscur, leur couleur propre & la chaîne qui les lie.

Les terrasses sont des espaces de terre à peu près nuds. On ne les emploie guere que sur le devant du tableau. Elles seront spacieuses, bien ouvertes, & semées de quelques plantes, de quelques cailloux, de quelques pierres, de quelques débris.

Les fabriques sont les bâtimens dont un paysage est décoré. Si ces bâtimens ne sont que des cabanes, des chaumieres, des retraites de paysans, on les appelle fabriques rustiques : mais on réserve le nom de fabriques par excellence aux édifices nobles & réguliers.

Les fabriques, suivant les circonstances, peuvent être d’une architecture grecque ou gothique, neuves ou ruinées. Les fabriques ruinées ou gothiques entraînent une idée de vétusté qui ne manque pas de charmes pour les ames mélancoliques. Elles aiment à comparer la nature toujours jeune, toujours renaissante, avec les plus solides ouvrages de la main des hommes qui vieillissent & finissent par ne plus offrir que des décombres. Les fabriques nobles ajourent au paysage beaucoup de majesté ; les fabriques rustiques réveillent les idées agréables de la vie douce & pure que menent ceux qui les habitent. On peut les accompagner avec goût de ces ustensiles que les habitans des campagnes laissent ordinairement hors de leurs retraites ; des échelles, des baquets, des cuves, de vieilles futailles, des auges, des charrettes, des charrues. Les chaumieres sont d’autant plus pittoresques, qu’elles offrent plus le caractère de la vétusté

Comme dans la nature une campagne arrosée est bien plus agréable qu’une campagne aride, il en est de même des campagnes feintes ou représentées par l’art. Les eaux leur prêtent un charme particulier, soit qu’elles tombent du creux d’un rocher ; soit qu’elles coulent avec impétuosité dans un ravin pierreux où elles se blanchissent d’écume ; soit que bordées de roseaux, elles s’avancent lentement sous la voûte des arbres qu’elles baignent ; soit que des blocs de roches menaçantes portent sur elles d’épaisses ombres ; soit qu’elles serpentent entre les cailloux & la verdure.


Mais les peintres qui en introduisent dans leurs tableaux doivent être parfaitement instruits des principes de la réflexion aquatique. Ce n’est que par cette réflexion que les eaux en peinture offrent l’image de véritables eaux ; si l’artiste, ne consultant qu’une pratique aveugle, manque à la vérité, son ouvrage est privé de la perfection de son effet, & la jouissance du spectateur est troublée par ce défaut de justesse. Si les eaux sont agitées, leur superficie, devenue inégale, reçoit sur ses ondulations des jours & des ombres qui, se mêlant avec, l’apparence des objets, en altèrent la forme & la couleur.

Le peintre ne sauroit trop étudier les objets qui sont sur les premieres lignes du tableau : ils attirent les yeux du spectateur, impriment le premier caractère de vérité, & contribuent beaucoup à préparer l’opinion que l’on doit prendre de l’ouvrage.

Les plantes dont on enrichit les devants de la composition doivent être d’un beau choix & se distinguer par la grandeur le leurs formes. Il est très-utile d’en faire d’après nature des études dessinées & mêmes peintes. Elles auront un caractère frappant de vérité qui donnera de la confiance pour le reste de l’ouvrage, quoique les parties n’en soient pas traitées de même d’après le naturel. Ce sont les vérités qui, dans les arts, comme ailleurs, sont passer le mensonge & le rendent séduisant.

On peut aussi placer sur le devant du tableau des troncs d’arbres abattus par l’orage, des branches encore chargées de leurs feuilles, des arbres déformés dont les tiges tortueuses tantôt évitent la terre & tantôt assectent de ramper à sa surface, des pierres chargées de plantes & de mousses, des fragmens de rochers, &c.

Les figures d’hommes & d’animaux peuvent être comptées au nombre des richesses que ornent les devants des paysages : mais si ces figures sont mal traitées, elles ne font que dégrader l’ouvrage au lieu de l’embellir. Cependant elles ne sont que des accessoires à ce genre, & elles y font un mauvais effet, si elles offrent un fini plus recherché, plus précieux que celui des autres objets. Elles doivent être capables de soutenir l’attention du spectateur, mais elles ne doivent pas l’appeller principalement. Le paysage demande à être touché avec esprit, nous en avons dit ailleurs la raison ; il faut donc que les figures participent au même faire, & soient touchées de même. Il y a de très-beaux paysages, ornés de fort bonnes figures faites d’une autre main, qui nuisent au tout-ensemble par le défaut d’accord dans le faire.

Il faut aussi prendre garde que si, dans le paysage, les figures sont d’une trop grande


Beaux-Artqs. Tome I. K k k k