Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T01.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(xlvj)


explication sommaire à la tête des planches. Cette double exposition ne s’accorde pas même avec la première, & souvent la contredit & la détruit.

3°. On n’a pas toujours aussi recueilli les meilleurs Traités sur chaque Art, ou consulté l’expérience la plus suivie & la plus accréditée ; dès-lors on a quelquefois été induit à donner des erreurs pour des vérités, des caprices pour des principes, & de mauvaises manœuvres pour de bons procédés.

La publication de l’Encyclopédie a réveillé l’attention des bons écrivains sur les Arts & Métiers, & depuis quelques années des hommes consommés dans la théorie & la pratique de ces Arts, ont dévoilé ce qu’on appelle les secrets du maître, & ont donné des développemens clairs, détaillés, & méthodiques. On est donc en état de faire à présent un dictionnaire raisonné des Arts & Métiers, plus complet, plus précis, plus méthodique que celui qui existe dans l’Encyclopédie. Voici comment ou a envisagé ce travail.

Chaque Art, chaque Métier, ou une branche principale d’un grand Art, seront traités de suite & sans interruption, suivant leur ordre alphabétique ; cet ordre étant le plus commode & le plus convenable pour l’exposition des Arts & Métiers mécaniques : ainsi, on trouvera au mot Aiguiller, Amidonnier, &c., tout ce qui concerne ces Arts.

On observera une marche régulière dans la description de chacun de ces Arts & Métiers, en passant du simple au composé, en présentant, autant qu’il sera possible, l’historique, la définition, les divisions de chacun de ces Arts, le développement graduel des procédés qui dérivent les uns des autres, leur régime civil & politique, les réglemens de police, & un petit nombre de propositions, ou plutôt d’axiomes qui en rappelleront les principes essentiels & constitutifs. Enfin on terminera chacun de ces Arts & Métiers par le Vocabulaire exact des mots techniques qui lui sont propres & particuliers.

M. Roland de la Platière, inspecteur général des manufactures de Picardie, correspondant de l’académie royale des sciences, & auteur de plusieurs Arts de l’Académie, s’est chargé de la révision, rédaction, & même de refaire à neuf un grand nombre d’Arts. Afin de faire mieux connoître l’objet & le plan de son travail, nous allons rapporter les propres mots de son prospectus.

« Je ne me chargerai de décrire que les Arts qu’une expérience de trente années, passées dans les quatre plus grandes Provinces de fabrique de la France, ou employées à voyager dans les autres, & dans toute l’Europe fabricante, m’a mis à portée de connoître, & dont ma place, depuis autant d’années, m’a fait plus spécialement un devoir de m’instruire, pour être tou-


jours à même d’en rendre compte à l’administration. »

« 1°. Je traiterai de toutes les manufactures ou autres objets composés de matières susceptibles de la filature & d’un tissu quelconque, ou du feutrage. Elles seront divisées en huit classes : la première comprend toutes les opérations que subissent les matières végétales pour qu’il en résulte du fil, des cordes, toute espèce de toiles & de toileries. La seconde, celles auxquelles on assujettit la laine & le poil jusqu’à la confection des étoffes rases ou drapées de cette matière. La troisième, celles de la soie & de toutes les étoffes qui en sont composées. La quatrième, tous les objets de Passementerie, rubans, galons, broderie, agrémens, &c. La cinquième, la fabrication de la blonde, de la dentelle, du point. La sixième, les tapis & les tapisseries de toutes les sortes. La huitieme enfin, la chapellerie ».

« 2°. De toutes celles de peaux & cuirs, divisées en autant de chapitres qu’elles reçoivent de préparations diverses, sous la dénomination de Tannerie, Corroyerie, &c. »

« 3°. Des huiles & savons. »

« 4°. De la teinture des matières végétales, animales, & mixtes. »

« J’ai considéré les objess en grand : chacune de mes divisions fournira un Traité complet, divisé lui-même par grandes masses. »

« Tous les Arts d’un très-grand détail, pour lesquels il faut plusieurs ateliers, & qui occupent beaucoup de monde, doivent être considérés comme manufactures ; leur plan, avec la suite de opérations de chacun d’eux, sera indiqué, toutes les généralités qui s’y rapportent seront placées au mot Manufacture. A l’égard des procédés particuliers, mais suffisamment étendus pour porter un caractère d’utilité ou de curiosité, ils seront tous renvoyés sous le mot le plus propre à les indiquer ; ainsi, dans le traité des toiles & toileries, le filage du lin ou du chanvre, le cardage du coton, la filature de l’un & de l’autre, le tissage, &c., seront renvoyés au mot le plus propre à donner l’idée de la chose. Quand dans le traité de la draperie quelques opérations seront communes avec d’autres du traité des toiles, ou de celui de la soierie, on renverra de l’une à l’autre, soit pour le texte, soit pour les planches & les figures. S’il n’y a que quelques changemens, qu’une explication claire puisse faire sentir, on la préférera toujours à des répétitions qui ne servent qu’à grossir les volumes, & qui embrouillent la matière. »

« En procédant ainsi dans chaque traité, le philosophe pourra contempler leur ensemble, & les suivre dans tous les détails ; & le curieux ou l’artiste, par-tout également renvoyé de