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(179) Gonzales Coques, de l’école Flamande, naquit à Anvers en 1618, & fut élève de David Ryckaert, le vieux. Frappé de la beauté des ouvrages de Van-Dyck, ce fut ce maître qu’il se proposa d’imiter. Il traita d’abord des sujets de la vie privée, tels que ceux de Teniers, mais il les choisit plus nobles & plus intéressans. Un tableau dans lequel il représenta un riche négociant d’Anvers, assis à table avec sa femme & ses enfans, lui fit une grande réputation pour le portrait, & il ne fut plus maître de traiter d’autres genres. Sollicité de tous côtés par les princes & les grands, il ne lui resta plus même de temps pour satisfaire les desirs des particuliers. Il ne peignoit qu’en petit ; mais son pinceau étoit large & facile, en même temps que précieux ; sa touche étoit belle, ses couleurs étoient fraîches. Il mérite d’être comparé à Van-Dyck. « J’ai vu de lui, dit M. Descamps, un tableau surprenant. C’est une famille entière vêtue de noir, & le tableau est fort clair. Le linge y est d’une légèreté transparente, qu’on croit le voir agité par l’air. Ses fonds sont clairs & vagues ; ses plans exacts, simples & sans confusion, quoique remplis de meubles ; la grandeur de ses têtes n’est guère au-dessus d’un pouce & demi. » Il mourut en 1684, âgé de soixante & six ans. Ses tableaux sont encore peu connus en France.


(180) Jean Goedaert, de l’école Hollandoise, né à Middelbourg en Zélande, fut à la fois peintre & naturaliste. Il peignoit avec la plus grande vérité & avec les détails de la nature, les oiseaux & les insectes ; mais il ne se contentoit pas de les peindre ; il étudioit leurs diverses métamorphoses. Il publia le fruit de ses recherches sous le titre de Metamorphosis Naturalis. Il mourut en 1668, à l’âge de cinquante ans.


(181) Preti Genovese, dit il Capucino, de l’école de Gênes. Nous ne pouvons assurer que ce peintre appartienne à l’époque à laquelle nous la plaçons ici ; nous ignorons l’année de sa naissance & de sa mort, & tous les détails de sa vie. Il ne nous est connu que par les ouvrages de M. Cochin. Il a un ton ce couleur très-vigoureux, dans les chairs & dans les draperies ; une très-grande manière, un pinceau net & facile, de beaux détails bien rendus, sans tomber dans le servile ; de la fraîcheur & de la vérité ; une grande harmonie, avec une grande vivacité de coloris ; un dessin quelquefois incorrect, en général de fort bon goût ; un bon genre de composition, de beaux caractères de têtes, surtout pour celles de vieillards. Il est peu connu à Rome ; mais on voit de ses ouvrages à Naples, à Florence,


à Venise, & dans d’autres villes d’Italie. « Ce coloriste est d’une hardiesse qui va jusqu’à la témérité. Il employe les couleurs les plus tranchantes, les rouges les plus vifs, à côté des bleus les plus entiers, & des jaunes les plus décidés, & cependant ses tableaux sont d’accord. En les considérant avec attention, on apperçoit que cet accord ne provient que de la magie des ombres. Ses tons de chair sont d’une hardiesse & d’une fraîcheur singulière : on voit cependant que ce ne sont point des tons factices & hors de la nature, comme dans le Barroche ; mais des tons vraiment pris chez elle, & seulement portés un peu plus haut qu’elle ne les présente. Si cet artiste pouvoit être nuisible à quelqu’un qui pencheroit vers une manière outrée, il seroit très-utile à quelqu’un qui inclineroit trop vers le gris… Sa manière, dit ailleurs le même artiste, tient beaucoup du Barroche & a la force du Feti. Les ombres sont presqu’aussi vigoureuses que dans le Valentin, sans être aussi noires. »


(182) Jean Spilberg, de l’école Allemande, né à Dusseldorp en 1619, fut élève de Govaert Flinck, & peignit l’histoire & le portrait. Les princes d’Allemagne le recherchèrent & se disputèrent l’avantage de l’avoir à leur service. On reconnoît, dit-on, un beau génie dans ses compositions ; son dessin est assez correct, sa couleur vraie, sa manière moëlleuse, son faire pâteux, sa touche ferme & décidée. Il mourut en 1690, à l’âge de soixante & un ans. L’aînée de ses filles, Adrienne, peignoit bien à l’huile supérieurement au pastel.


(183) Charles le Brun, de l’école Françoise. Voyez ce qui a été dit de ce peintre, article Ecole. Si l’on entend quelquefois porter sur cet artiste des jugemens sévères, c’est qu’on le considère comme un très-grand maître, & l’on ne se permet envers lui le ton de la censure, qu’en le comparant à des maîtres encore plus grands que lui. Il est certain qu’il ne fut ni un Raphaël, ni même un Carrache : mais il est certain aussi qu’il fait le plus grand honneur à l’école, Françoise, & qu’il a eu, dans cette école, très-peu de supérieurs & même d’égaux. Sa conduite orgueilleuse & despotique avec les artistes fut expiée par les mortifications qu’il éprouva sur la fin de sa vie, & que lui causa Mignard qui lui étoit inférieur.

Il suffit de citer un fort petit nombre des estampes qui ont été gravées d’après lui, pour faire connoître son génie : les batailles d’Alexandre, par G. Audran, la famille de Darius devant Alexandre, par Edelinck : le Christ