Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
PEI PEI 131

Viei-ge donnant le fcapulaire

Stock.

■ (315) François de Troy, de l’école Franj çoife , fih de Nicolas âeTroy, peintre de l’hôtej-de-ville de Touloufe, naquit en cette ville en 1645. -f’ fut envoyé de bonne heure à Paris, dirigea d’atord (es études vers le genre de l’hiltoiredansl’école de Loir , entra enlliite dans celle de le Fevre & le conlacra dès lors au portrait. Il fut cependant reçu de l’académie royale en qualité de peintre d’hifloire : fon tableau de réception repréfente Mercure coupant la tète d’Argus. Sans comparer de Troy au ’Titien, à Van-Dyck, on ne peut difconvenir qu’il n’ait été l’un des fort bons peintres de portraits de l’école Françoife , & qu’il n’ait traité avec beaucoup de talent le portrait hiftorié. C’étoit un peintre chéri des femmes, parce qu’il avoir coutume de les repréfenter en déeffes, & de donner même aux laides un caraflère de beauté, en confervant cependant affez de leur phyfîonomie pour qu’on pût les reconnoître. On voit de lui deux grands tableaux à l’hôtel-de-ville : on en voit un aufli dans l’églife de Sainte-Geneviève, & il efl affez voifîn de ceux de Largilliere & de Rîgaud , pour qu’on puiffe aifément comparer entre eux ces trois artiftes. De Troy paroit inférieur aux deux autres ; mais on peut , fans honte céder la viâoire à de tels rivaux. Il eu mort à Paris en 1730 , à l’âge de quatre-vingt-

inq ans.

Jeak-Frakçois de Troy , fils & élève de François, naquit à Paris en 1680. Il paffa neuf ins en Italie à étudier les grands maîtres fans idopter leur goût, & revint jouir en France à une très-grande réputation. Il eut tous les lionneurs accadémiques , fut nommé diredeur Je l’académie de Rome , & décoré de l’ordre le Saint-Michel. Ce n’étoit pas un homme oriinaire, mais c’étoit un de ces hommes dont e talent & lesfuccès peuvent êtres nuifiblesà ine école. Son deflln avoir peu de caraôère & le correâion , fa couleur étoit agréable, les

gencemens de fes compofitions avoient de la

grandeur-, mais c’étoit une grandeur théâtrale, ■es tableaux repréfentent moins des fcenes hiforiques que des fcenes d’opéras : un excès de icheffe règne dans fes parures & fes décoraions ; les attitudes de fes figures manquent juvent de la jufteffe que pourroient même voir de bons afteurs. Ses expreffions font îibles & triviales ; fes têtes n’ont ni le carac-

re du grand , ni celui du beau. Enfin il eft pluït

un brillant décorateur qu’un vrai peintre ’hifloire. Tout le monde connoît fon hiftoire ’Efther, & fa conquête de la toifon d’or, ’ ijets exécutés en tapifferie aux Gobelins. Il eft .on à Rome, en 1751, à l’âge de loixante P E I

à Saint-Simon & douze ans, lorfqu’il fe fréparoit à revenir en France.

J. Beauvarlet agravé d’après de Troy, Efther devant Affuérus, & Efther couronnée par Affuérus ; J, Ch. le Vaffeur, la panition d’Actéon. . ,

( :5i6) JeanGrimoux, de l’école Allemande, hé à Romont , Canton de Fribourg en 16S0 , n’eut point de maître , & devint un peintre fort eftimable, en copiant des tableaux de Van-Dyck & de Rembrandt dans le magafin d’un brocanteur. Il fe fit une manière particulière, qui tient cependant, à quelques égards, de celle de Rembrandt , & il n’avoir pas l’humeur moins bizarre que ce grand peintre. Avec un grand talent pour le portrait , il en fit peu, parce qu’il fe rendoit inacceflible à ceux i qui auroient pu lui en demander. La plupart de fes tableaux repréfentent des femmes en bufte ou à mi-corps, ajuftées & coëffées d’une façon fingulière , mais pittorefque. Ses têtes & Tes attitudes font agréables , fa couleur eft belle & : vigoureufe , tellement fondue, qu’on croit la voir à travers une vapeur ; fes maffea font larges 8c d’un grand effet. Il eft mort à Paris vers 1740, âge d’environ foixante ans. (317) Jean vai» Huysum, de l’école Hollandoife , naquit à Amfterdam en 1682 , de Jufte van Huyfum , qui étoit moins un peintre qu’un ouvrier tenant manufacture de tableaux. Ce fut dans cette boutique que Jean fe forma au métier de la peinture : fes difpofitions naturelles & l’afpeâ de la nature luî en firent trouver l’art. Ce fut les fleurs qu’il prit furtout pour objet de fes imitations, & quelques tableaux de Mignon lui indiquèrent d’abord la manière de les imiter : mais il furpaffa le maître qui lui avoit fourni les exemples ; il fembla même égaler fes modèles , & quelques-uns de fes admirateurs ont prétendu qu’il en avoit furpjfTé la fraîcheur : il ne tarda pas à voir payer fes tableaux douze cens florins de Hollande , & ce prix fut bientôt augmenté.

Les amateurs du fini très-précieux , & c’eft le très-grand nombre , mettent Van Huyfum au-deffiis de tous les peintres de fleurs. Ceux qui aiment dans les ouvrages de l’art une touche facile & légère ; qui préfèrent le fentiment à la patience , jointe même à la plus grande intelligence ; qui trouvent que la vérité acquiert un nouveau prix , quand on apperçoit qu’elle a coûté peu de peine à trouver, confervent le premier rang à Baptîfte ; mais le nombre en eft peu confidérable , il eft entièrement compofé de peintres. Le foin que donnoit Van Huyfum à choifir les couleurs les plus éclatantes & les plus folides, à les Rij


R ij