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plus en voulant le nétoyer. Il a été rétabli par Antoine Coypel.

Le tableau des Pélerins d’Emmaüs a été gravé par Ant. Masson. Cette estampe célèbre est connue dans le commerce sous le nom d’escampe à la nape. Une Vierge avec l’enfant Jésus a été gravée par Corn. Bloemaert ; Saint Jérome, par Corn. Cort ; la Danaë & la Vénus de Florence par M. Strange. Van-Dyck a gravé lui-même le portrait du Titien avec sa maîtresse.

(8) Georges Barbarelli, dit le Giorgione , de l’école Florentine, naquit au bourg de Castel-Franco, dans la Marche Trevisane en 1478. Un peu plus jeune que le Titien, & placé comme lui chez les Bellini, il fit plus vîte des progrès, devint un modèle pour ce grand peintre, & est même compté au nombre de ses maîtres, quoiqu’il ne fût en effet que son condisciple & son ami. Ce qui lui procura des succès plus rapides, c’est que non content de recevoir des leçons des Bellini, il étudia profondément les ouvrages de Léonard de Vinci. Ce fut dans les tableaux de ce maître, qu’il apprit l’art de noyer les teintes les unes dans les autres, de donner plus de relief aux figures, de bien ménager les jours & les ombres, d’accorder ensemble par des passages les plus fortes couleurs, & de leur conserver cette vivacité & cette fraîcheur qui font le plus grand attrait de la peinture. Il eut la foiblesse de se brouiller avec le Titien, quand il vit que celui-ci tiroit un grand parti de la vue de ses ouvrages. Il donnoit un grand relief & une force admirable aux objets qu’il traitoit, sa couleur étoit harmonieuse, & son faire de la plus grande franchise. Il semble qu’on voye couler le sang dans les chairs de ses figures. Son travail étoit facile, & il le cachoit sous une belle fonte de couleurs. À la force il joignoit la suavité, & se plaisoit à employer dans les carnations des teintes tirant sur le brun. Il avoit une science bien utile aux peintres ; celle de prévoir & de prévenir l’effet du temps sur les couleurs. Sa manière de dessiner étoit grande, mais incorrecte.

Le Giorgion a fait beaucoup de portraits ; il excelloit dans la manière de les disposer & de les ajuster. On admire le tour & la mollesse qu’il savoit donner aux cheveux. Il a fait peu de grands tableaux, si l’on excepte des fresques peintes en dehors des édifices, & qui ont été détruites par le temps. Ce peintre joignoit à l’art dont il faisoit profession, d’autres talens agréables ; il chantoit bien, & jouoit de plusieurs instrumens : mais ces distractions ne nuisoient point à ses études pittoresques. Il eût fait, sans doute, encore de nouveaux progrès, si la mort ne l’avoit pas arrêté à la fleur de l’âge. Il mourut à Venise en 1511, âgé de trente-trois ans.

Le Roi possede sept tableaux de ce maître. On distingue entr’eux la Vierge tenant l’Enfant-Jésus, d’une grande force de couleur & bien conservé : le portrait de Gaston de Foix, ouvrage dont l’idée est singulière ; Gaston est assis dans un appartement rempli de glaces qui toutes réfléchissent son portrait : un concert champêtre, dans lequel on trouve la force & le suave, la fierté du pinceau, la facilité du travail, & beaucoup d’intelligence par l’accord du tout ensemble.

Entre les estampes faites d’après ce maître, nous nous contenterons de citer le portrait du Dante par Vorsterman, un buste de Saint-Marc l’évangéliste, par le même, l’innocence de la vie pastorale, par Nic. Dupuis.

(9) Raphael Sanzio. Voyez sous l’école romaine ce qui a été dit de ce peintre à l’article École. Il avoit acquis, sous le Pérugin, toute l’habileté qu’il pouvoit puiser dans cette école, & les tableaux qu’il fit à Sienne & à Pérouse passèrent pour des ouvrages de ce maître : mais il entendit parler des cartons de Léonard & de Michel-Ange, & courut aussitôt à Florence. Ce fut-là qu’il changea sa manière, en voyant les ouvrages de ces deux peintres, & ceux de Fra-Bartolomeo. Rappellé dans sa patrie par la mort de ses patens, il n’eut pas plutôt arrangé ses affaires de famille, qu’il retourna étudier encore les ouvrages de Léonard. Tant de zèle devoit faire prévoir ce que seroit bientôt cet artiste.

Appellé à Rome par le Bramante, son oncle, fameux architecte, & présenté au Pape Jules II, il fut dès-lors employé à décorer le Vatican de ses ouvrages. Le premier de ses tableaux fut celui de la Théologie ; il n’avoit pas encore fait de si grand ouvrage, & l’on y reconnut encore quelque chose de la sécheresse qu’il avoit contractée chez le Pérugin. C’est du moins le jugement que l’on porte de cet ouvrage, quand on le compare à ceux qui dans la suite sortirent du même pinceau : mais dans le temps, il fut trouvé si parfait, que le pape fit détruire toutes les autres peintures du Vatican pour les faire remplacer par des tableaux de Raphaël. Le peintre se montra bien digne de cette confiance, quand, pour second essai, il fit l’un de ses chefs-d’œuvre les plus célèbres ; l’école d’Athènes.

Est-il vrai qu’il dût de nouveaux progrès à l’infidélité du Bramante, qui l’introduisit secrettement dans la chapelle Sixtine que peignoit Michel-Ange ? Ce conte n’a-t-il pas été imaginé par la jalouse malignité des Florentins ? Raphaël connoissoit déjà la manière de Michel-Ange, puisqu’il avoit été l’étudier à Florence.