Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/175

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■cïfe brouillard, la dégradation eft plus forte à quelques pieds quelle ne le feroit à quelques lieues par un lemps ferein. Quelquefois les Inintains font très-vigoureux : c’ctoit ainli que Rubens aimoit à les peindre, & en cela il n’a point menti contre la nature. C’efl donc furtout par l’obfervation que le peintre appreni dra les loix de la perfyecîlve aérienne. Il s’appercevra qu’en dégradant les tons , elle rend î auifi ies contours plus indécis , qu’elle efface ’ les angles , & ne rei’peéte que les formes qui terminent les objets, en les rendant cependant vagues & incertaines.

PERSPECTIVE ; on donne ce nom à des peintures que l’on place’aufond d’une allée ou d’une galerie pour en prolonger la longueur apparente ou pour la terminer par des vues qui paroiflent éloignées. Ces fortes de peintures font quelquefois une illufion pafTagère. On appelle encore perfpecllves des tableaux ou des eftanipes qui repréfentent des places , des rues , des temples qui offrent une grande profondeur. On appelle quelquefois H. Stéevick , Peter Néefs , des peintres de perfpecîlves .Cette dénomination n’eft pas condamnable ; car quoique tous les peintres doivent repréfenter les objets fiiivant les règles de la peifpecllve , ceux qui ne rep éfcntent que des intérieurs de galeries ou d’édifices, peignent la perfpeclive par exellence &c en font leur principal objet. (L)

PESANT ( adj. ) Une figure efl pefa7ite quand elle eft d’une proportion courte, groffe , ramaffée : c’eft le contraire de la proportion fveltc & élégante. Un contoMV fiejant eft le contraire d’un contour fin & léger. On dit aufFi métaphoriquement que des tons font pe-Jans , comme on dit qu’ils font légers. Les tons mattes l’cmbletit à l’œil avoir de la pefanteur, ik. les tons agréables & brillans, de la légèreté. Une draperie pefante n’efl point celle qui efl : d’une étoffe grolfière ; Raphaël n’a pas fouvcnt em.ployé les étoffes fines dans fes draperies, & cependant elles font loin d’être pe’ fautes : on entend par une drapperie pefante celle qui eft trop lourde pour la figure qui la porte, qui l’enveloppe au lieu de la. vêtir, qui cache les formes, qui ne fe diftribue -pas en plis grands à la fois & légers . en un mot qui for-iie plutôt ce qu’on apcsîlé paquet, que de belles fuites de plis dont on fente la caufe , l’origine & la fin. Un ciel eft pefanc par le ton , il l’eft autTi par la forme des nuages. Il ef : pefanc par le ton quand il n’a point cette couleur vague qui peint la légèreté de l’air & cette clarté qui montre que les vapeurs aériennes font tout imbibées de lumière ; il ell pefanc par la forme , quand il eit chargé de nuages qui n’on : pas de mou-PET

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veme’nt , & qui reffemblent plutôt à des corps folides, qu’à des amas de vapeur que le vent chaire à fbn gré. Un feuille eft pefanc quand il n’indique pas la légèreté des feuilles que le moindre Ibuffle peut agiter. La compofirion eft ptfante , quand elle eft furchargée d’objets^, autour defirfaels on ne peut tourne^- , autour defquels on ne fent pas l’air circuler. Enfin 1 exécution eft pefance, quand le pinceau eft peiné , quand on fent que l’artifta à peint cl une main lourde , quand fes touches manquent de netteté , quand au lieu de fondre légè- ; rement fes teintes, il les a maladroitement brouillées.

Tous les genres àt pefanteur font défagréablea a 1 œil ; tous font contraires à la nature qui eft grande , mais qui n’eft point lourde, ta légèreté dans un grand nombre de parties de l’art eft capable de procurer feule de brillans fuccès, & la pefanteur ^ de nuire à un très-grand mérite. Elle choque au premier coupd’œil & ce coup-d’œil eft décifif, parce qu’il eft bien peu d’hommes qui reviennent fur leur premier jugement. (L)

PETIT (adj.) Il fe prend toujours en mativaife part, La nature eft grande ; la voir petite ., l’imiter ■/•ecicement ., c’eft la voir mal, c’eft l’imiter fauffement.

On a uue petite manière de dcflîner ; d’abord par rapport au trait, quand on tenà petites les formes qui font grandes dans la nature , quand on s’arrête aux petites formes au lieu de fe fixer principalement à celles q>ii ont de la grandeur : enfuite la manière de deffiner peut être petite dans l’exécution, quand dans le defTm , on r.e voit pas les grandes maffes qu’offre la nature, quand on ne frappe que des touches maigres & timides , quand on tombe dans la fschereffe , qui eft toujour.s un défaut de grandeur , puifqu’on eft fec parce qu’on divife d’une manière tranchée ce qui doit être uni , enfin quand on ne fait pas deffinerd’un crayon large, d’un pinceau large. On a une petite manière de peindre, quand on a un pinceau timide , tâtonné ; quand on ne lait point peindre largemcnr, moêileufement ; qnand on ne fait terminer foh ouvrage qu’en le léchant, au lieu d’alTurer l’effet par des niafles qui le déterminent , par àes touches qui le rendent piquant.

On efl petit dans la compofition , quand on ne fait pas connoitre & choiiir les grande.’ ; parties dufujet, celles qui le conftituent, celles qui en afiiirent l'e>;pre(lior ! , & qu’on les néglige pour fe livrer s des acceffoircs qui pourroient être fupprimés fans que le fujet y perdît rien.

On eft petit par tout ce qui n’annonce au" c"ne grandeur dans î’ame de l’artifte ; par des