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des mafles ombrées, doit fervlr à faire diftinguer la diflance des plans.

Quant à la nature des couleurs préfcrables pour peindre le^ plafo ?ids , nous pouvons ad’jrer qu’il ne faut pas heiîter à choifir la frefqufc (i), fi toutefois le fond permet l’emploi de cette peinture. Ce fond ne peut lui être convenable que lorfqu’il elt lufceptible de recevoir un enduit de chaux & fable : mais fi l’ouvrage doit fe peindre fur un fond de plâtre, de toile ou de bois, nous confeillerons Tulage delà peinture en détrempe, qui , faite avec tous les Ibins qu’elle exige , fera encore d’une grande durée ; la vie d’aucun homme qui l’aura vu faire, ne la verra le détruire, fi elle eft à l’abri de la fumée & de l’eau , fi les fonds font folides, & fi le peintre a été praticien dans le degré d’encollage néceflaire à cette peinture.

Tout ce qui nous entoure , montre qu’on doit a jamais proicrirel’ufage de la peinture à l’huile : fl l’ariille a tendu à quelque vigueur, elle devient noire : & c’eft comme nous l’avons «lit , le premier & le plus grand des vices d’un plafond. Si les couleurs en font trop claires, elles jauniiTent & fe tachent en railbn du plus ou du moins d’huile que le peintre aura employé. C’efl : a’nfi que le plafond d’Hercule à Verlàilles, par leMoyne, n’eil plus digne de nos regards, & que la plupart des ouvrages de le Brun font trop noirs & attriflent les pièces où ils ne devroient répandre que des fujets d’agrément & : d’admiration. Citerai-je au contraire tous les evemples de la durée tk de la fraîcheur confiante de la frefque , dans les ouvrages de Tibaldi, des Zuccharo, d’Annibal Carrache, du Dominiquin , de P. de Cortonne , d’Andréa Sacchi, & d’une quantité de maîtres qui ont enrichi toutes les villes d’Italie ; & dans ceux que nous avons en France, de Primatice , de Nicole, de Mignard, de Romanelli , de la FûlTe, &c ? Parlerai-je de ces peintures à frefque dont les fragmens Ibnt échappés à la barbarie & : à la négligence des poffefleurs , & qui datent du règne de François !"■ ; telles que celles qui fe voyent encore dans le château do Beautegard dans le Blaifois, & à la chapelle de l’Abbatiale de Châalis ?

Il ne nous refle plus de preuves à donner fur la préférence de la frefque dgns les plafonds, preuves développées d’ailleurs dans l’article consacré a ce mot-, niais nous avons à former les vœux les plusfincères, & les, plus ardens pour l’honneur des architecies de notre école : e’eft : qu’ils ramènent le goût des plafonds dans les monumens confiés à leur génie ; & pourl’hon-P L A

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de notre art & des habiles gens qui le ent, c’eft qu’ils aient à ne les extcuter ] Voyez l’airide F/t/jue.

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profelTent, c'eJt qu ii> a :eiii a ne les extcuter qu’avec l’efpèce de peinture que nous leur conieiltons d’employer, & qui peut feule repondre a la confiance des conftrLfteurs & à<2s p.-oprictaires, ^^f< éccrnifer les éloges qu’ils ferou : en droit d’attendre de leurs travaux. {Article de M. Robin ). ’

PLAIRE. ( V. n. ) Le plus noble objet des arts eft d’inftr.uire ; mais ils ne peuvent pas toujours fe propoler pour but l’inflruâion. Souvent même, leur manière d’inftruire eft incertaine , obfcure, értigmatique, ou du moins peu fenlible pour un grand nombre d’pfprît, II y a même des arts à qui paroît entièrement refufee la faculté de donner des leçons. TeîJe eft rarchi :eau"e ;.car quelle inftrudion peuvent nous donner des murs & des colonnes ? Mais il eft un autre objet dont les arts né peuvent jamais s’écarter impunément : celui de plaire. L’artifte peut plaire (ans inftruîre ; mais s’il ne plaît pas , il n’inftruira jamais. Le moyen de plaire en attachant, en captivant les efprits , en leur imprimant un long fouvenir, eil de pofféder les deux grandes parties de l’art, l’expreffion & la beauté. On plaît encore avec un talent moins fubfnie quand on joint à une bonne couleur , à un beaiî pinceau, des difpofitions, & des agenccmens capables de flatter les yeux , & quand on fait fuppléer l’agrément à la beauté. Ce n’eft point là le mérite fuprème de l’art, celui qui conftitue l’artifte de génie ; mais celui qui cônftitue le bon peintre.

Quand j’ai dit que pour plaire , le peintre devoit avoir un bonne couleur, un beau pinceau, je n’ai pas entendu dire qu’jl fût obligé’ d’avoir la couleur du Titien, le pinceau du Correge : mais il faudroit qu’il poffédât à un bien haut degré quelque grande partie de l’art, s’il parvenoit à plaire avec un pinceau mal-adroit & peiné, avec une couleur faie morne, défagréable à l’œil. Les vices du pinceau ne font pas généralement remaroués ; ils’ ne peuvent même être reconnus que de près • mais un vice choquant dans la couleur blefle tous les yeux. Le tableau eft condamné avant d’être examiné, & il n’y a guère d’appel de ce premier arrêt. Le peintre aura rempli toutes les conditions de l’art, quand après avoir fla’té les yeux, il touchera l’ame & fatisfera la raifon.

(Quoique plaire foit le véritable moyen d’avoir desfuccès, on n’a vu que trop d’aniftes qui pour chercher indiftinélement à plaire ont manqué les véritables fuccès qu’ils auroiene dû fe profofer, & fe font contentés d’ob :cnir des applaudiffemens paflageis & vains. Ils ont I eru plaire en captant les luffrages du mauvais