Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/223

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^eribnne plus chargée d’embonpoint. Chacun des principaux mufcJes décrit des lignes rentrantes & : ("oi-tan :es qu’ doivent être exafiement, mais non fervilement tracées : chacun d’eux a (on gonflement, fon applatifiement , fort origine , fon infertion qui doivent ê ;re fentis. Tout cela conduit à la précifion qui n’eil point telle qu’on doive en attendre la choie elle-même, mais un ouvrage de l’arc qui foie l’imitation de fes apparences. Une figure rendue avec précifion eft donc la repréfentation de l’apparence du modèle , con- ■ Cdéré à une certaine diflance, & non regardé de près & en détail avec une recherche fcrupuleufe de fes petites parties. Une imitation fervile & froide ne donncroit pas cette apparence-, on reconnoîtroit trop aifément la fauffe opération d’un art timide : elle doit fon caractère féduéleur à des moyens difbérens fournis à la manière particulière de fentir du maître qui les emploie, Ainfl la précifion dans l’art eft un mélange de menfonges hardis & de grandes vérités , d’oii réiulte l’apparence de la nature.

Si l’artifle vouloit entrer dans le détail des plus petites vérités, ou s’il s’en tenoit à vouloir ttacer laborieufement la véri ;é pure des formes , il tomberoit dans une maigreur , dans une fecherefle que ne connuît point la nature, & il avertiroit lui-même qu’il ne fait .. . que mentir.

’ Mais s’il eft fi difficile d’exprimer par le difcours ce que les artiftes entendent par :i pié--. cifion dans, les formes, comment faire comf, prendre, aux perfonnes étrangères aux arts ce

que c’eft que le fentiment qui l’anime & la

L vivifie î ( L )

i PRÉJUGE, (fubft. mafc.) a ^Ce mot fe -» prend en général , en mauvaife part , pour ".■■» marquer i ;ne prédiledion qui n’eft fondée ■• » ni fur la raifon ni fur la nature , en faveur t.j3 d’un certain maître ou d’une manière parti-’ « culière. Puifque cette prédiledion n’eft pas » fondée fur la raifon, il faut employer toutes nos forces à nous en délivrer : mais on » ne peut guère efpérer d’extirper entièrement, » dans un âge avancé, des idées auxquelles » on a laiffé prendre de fortes racines pendant » tout le temps de la jeunefîe. Cette difficulté » de vaincre le préjugé doit être comprife » entre les caufes qui rendent la perfection fi » rare.

M Celui qui veut faire de rapides progrès j) dans quelque art ou dans quelque fcience, » doit commencer par mettre une grande » confiance dans le maître qui fe charge de X) l’inftruire, & même avoir un certain préiucé en fa faveur : mais vouloir continuer » toujours à le regarder comme infaillible, P R E 2,5

îs’ce feroit refter toujours dans un état d’enfance.

» Il eft imp’offible de marquer le nio-iient » où l’artifte doit commencer à fe hafarder » d’exammer &c de critiquer les ouvrages de » fon maître, ou même les chefs-d’œuvre de » 1 a-.t : nous pouvons feulement dire qu’il acquiert ce droit par degrés. L’élève devient » libre à mefure qu’il apprend à analyfer la » perfedion des maîtres qu’il eftime ; à melure qu’il parvient à diftinguer exactement » en quoi confifte cette perieaion , & à la » réduire à quelque règle certaine, & ii quelqu’objet fixe de comparailbn. Quand il fe >■> iéra une fois rendu propres les principes des » maîtres qu’il étudie , il s’appercevra de » toutes les occafions où ils s’en écartent de » toutes celles où ils manquent d’y atteindre » De farte que c’eft véritablement par l’extrême admiration , par l’aveugle déférence » qu’il a eue d’abord pour ces maî ;res & » lans lefquelles il n’auroit jamais eu Jette » application exceftive pour découvrir les règles & le but de leurs produaions ; c’eft » dis-je, par cette admiration & par cette déférence , qu’il (e trouve en état , li je puis » m’exprimer ainfi , de s’émanciper à fe placer » au deffus d’eux , & : à devenir le juge de » ceux dont il a été d’abord l’humble dilbipie ». Aof ? di M. Reynolds, fur le poème de l’art de peindre, par Dufrefnoy. Mais s’il eft difficile de fecouer Its préjugés que l’on a conçus en faveur d’un ou de pTufleurs maîtres , combien ne l’eft-il pas davantage de lecouer ceux d’une école entière * On peut même être né dans un temps où il faut fecouer ceux de toutes les écoles exiftantes • préjugés qui ont acquis une force plus puiflante par l’exemple d’un grand nombre d’hommes que l’on eftime, ik par l’erreur d’un fiècle entier. Quelle force de génie doit animer un jeune artifte, pour qu’il ait la jufte préfomption de s’élever feul contre tant "de voix impofantes, contre tant d’ouvrages applaudis qui s’accordent à le tromper ’. Des Ion entrée dans la carrière, on lui dit qu’en étudiant la nature il ne doit pas étudier la nature , mais qu’il doit la remplacer par une certaine manière qu’on lui apprend ; qu» l’antique eft propre tout au plus à l’occupe* jufou’à ce qu’il ait fait aflèz de progrès pour defliner d’après Je modèle , mais qu’enfuite il ne teroit que lui inlpirer une manière froide roide , fans ragoût , fans efprit ; que l’étude de Raphaël eft à-peu-près auffi dangereufe que celle des monument de l’antiquité ; que le faire eft la première partie de l’art, cellequi donne le prix aux ouvragées eftimés ; que la peinture eft un véritable métier, indépendant de la rçflexion, du jugement, du génie ; qu©