Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/289

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s c u Ange qui n'avoit pas reçu de la nature le grand caractère de ce maître. On voit cependant de lui, au palais Pitti, un Bacchus en marbre traité d'une manière gracieuse. C'est lui qui a restauré le bras droit du Laocoon dont l'original étoit perdu. Savant dans l'anatomie, on l'accuse en général d'avoir trop affecté de montrer toute sa science. On voit de lui à Rome les bas-reliefs des tombeaux de Léon X & de Clément VII. Il est mort en 1559, âgé de soixante & douze ans. Son caractère avoit nui à la réputation qui augmenta après sa mort.

(9) BENVENUTO CELLINI, né à Florence en 1500, fut peintre, orfévre & sculpteur. Il est du nombre des artistes qui furent appellés en France par François I. Il fit pour ce prince plusieurs figures en bronze & des ouvrages d'orfévrerie. De retour dans sa patrie, il prouva que les beaux arts peuvent s'accorder avec les talens guerriers. Clément VII lui confia la défense du château Saint Ange, & l'artiste se distingua par la prudence & sa valeur. Il a publie l'histoire de sa vie & un traité de la sculpture. Il est mort à Florence en 1570, âgé de soixante & dix ans.

(10) PROPERZIA ROSSI, de Bologne, est la seule femme qui se soit fait connoître dans la sculpture, jusqu'à ce que, de nos jours, une autre à étonné par ses talens la Russie & la Hollande. On ignore l'année de la naissance de Properzia. Nous ne parlerons pas ici des figures qu'elle tailla sur des noyaux de pèche, ni de la passion de Jésus-Christ qu'elle traita en bas-relief sur l'un de ces noyaux ; ces petits ouvrages supposent de la patience & l'adresse ; mais ils se perdent devant les grands ouvrages de l'art. La réputation de Properzia est fondée sur le buste du comte Guido & sur deux anges en marbre dont elle décora la façade de l'église de Ste Pétronie. Etant mariée, elle eut, dit-on, le malheur de concevoir une passion violente pour un autre que son époux : & de ne pouvoir la faire partager. Dans une situation semblable à celle de la femme de de Putiphar, elle espéra de soulager son cœur en représentant dans un bas-relief la passion de cette malheureuse Égyptienne ; mais rien ne put charmer sa douleur qui la conduisit au tombeau. D'autres récits sont plus favorables à la mémoire de cette intéressante artiste. On dit que calomniée par un certain Amiconi, elle mourut de douleur à la fleur de l'âge en 1530. Née pour tous les talens, elle avoit peint & gravé quleques sujets d'histoire, & trouvoit ses délassemens dans la musique. Avec tant de moyens de plaire, est-il vraisemblable qu'elle ait aimé & n'ait reçu que des mépris.


Croyons plutôt au caractère atroce d'Amiconi, qu'à la folle passion de Properzia.

(11) DANIEL RICCIARELLI, dit DE VOLTERRE, parce qu'il naquit dans cette ville de la Toscane en 1509. Voyez ce que nous avons dit de cet artiste à l'article PEINTRES. Sa lenteur au travail l'a empêche de faire un grand nombre d'ouvrages en sculpture, & il en a laisse plusieurs imparfaits.

(12) JEAN GOUJON, né à Paris, on ne sait en quelle année, est le premier sculpteur dont la France se glorifie. On ignore les circonstances de sa vie ; il n'est connu que par ses ouvrages. On voyoit de lui à la porte de la pompe Notre-Dame un bas-relief représentant un fleuve & une nayade ; le dessin en étoit d'une grande élégance. Il a orné de quatorze mascarons l'arcade qui conduit à l'hôtel du premier président. Dans la cour du louvre, à l'ordre composite, il a représenté dans une frise des enfans entrelacés avec des festons. Dans les frontons circulaires qui couronnent les corps avancés de l'ordre composite, il a représente Mercure, l'Abondance, & au milieu deux génies qui supportent les armes du roi. Dans les entrepilastres de l'attique, les esclaves enchaînés & les figures allégoriques sont des ouvrages de ce maître. C'est aussi de lui qu'un voit, au château de Ste Genevieve des bois, à deux lieues de Corbeil, deux nayades coëffées de roseaux & épanchant leurs urnes. Mais les chefs-d'œuvres de cet artiste sont les bas-reliefs de la fontaine des nymphes, qu'on nommoit la fontaine des Innocens ; ouvrages transportés depuis peu à la nouvelle halle. Le faillant en est très doux. « L'intelligence, dit Dandré Bardon, qui a ménagé les tournans des objets en laisse apercevoir toute la rondeur. Les figures n'y paroissent nullement appliquées sur un fond : elles ont sur leur milieu une saillie suffisante qui leur prête la convexité du naturel, & qui les met en harmonie avec l'ensemble dont elle font portion. Cet ouvrage est un de ceux par lesquels les sculpteurs modernes se rapprochent le plus des sculpteurs anciens. Il présente une composition d'une noble simplicité ; des nayades dessinées d'un goût correct, dans des proportions sveltes & dans des attitudes animées par les graces. Leurs draperies légères, comme étoient celles dont on usoit anciennement dans l'isle de Cos, laissent décemment entrevoir le nud qu'elles cachent, & n'y sont adhérentes qu'avec une sorte de discrétion. Des personnages des deux sexes & d'âge divers y forment de gracieux contrastes,