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lui mériterent l’estime du Pape Clément VII. Il peignit pour ce pontife une circoncision qui fut regardée comme un chef-d’œuvre. Il embellit sa maniere par l’étude des ouvrages de Raphaël, & tâcha de se faire un style composé des ouvrages de ce grand maître & de ceux de Michel-Ange. Il seroit plus estimé des juges sévères, si la nature lui avoit donné un caractère qui lui fût propre. Quoique la postérité le mette au nombre des grands maîtres, elle paroît le traiter avec moins d’indulgence que ses contemporains : ils l’appelloient Rafaëllino, le petit Raphaël, & Vasari disoit que l’ame de Raphaël étoit passée dans le corps du Parmesan.

Il fut en Italie inventeur de la manière de graver en clair obscur par le moyen de deux planches en bois. Il a aussi gravé à l’eau-forte. Il faisoit bien le portrait & le paysage : mais la variété de son talent ne le conduisit pas à la fortune. Il voulut se la rendre favorable en s’appliquant à l’alchymie, & ne fit que consommer sa ruine. Il mourut de mélancolie en 1540, à l’âge de trente-six ans.

Son dessin a de la souplesse ; mais il est maniéré, & pêche souvent contre la justesse des proportions : on sent qu’il consultoit peu la nature. La grace qu’il cherchoit, & qu’on a souvent célébrée, n’étoit pas exemte d’affectation. Ses figures, au lieu d’avoir la grace naïve, semblent vouloir se donner des graces. Il étudia & chargea la sorte de grace qui avoit distingué le Corrége, & qui n’est pas encore la grace véritable. Il répétoit souvent les mêmes airs de têtes, les mêmes proportions. Il a quelquefois bien drapé ; mais on lui a souvent reproché des draperies boudinées. Sa couleur étoit tantôt vigoureuse, tantôt dure, tantôt foible, rarement vraie. Il s’occupoit moins des convenances du sujet que de tourner des figures agréables, moins de leur donner de l’expression, que de leur préter des attitudes séduisantes. Ses pensées étoient communes, & il n’avoit pas assez étudié les passions de l’ame.

De deux tableaux du Parmesan qui sont au cabinet du Roi, l’un, représentant la Vierge & l’enfant Jesus, est précieux par l’effet, la couleur & la touche. Le paysage y est d’un grand goût.

Le Parmesan a gravé à l’eau forte d’après ses dessins, une résurrection, Judith, un homme assis avec une femme dans un payfage, &c. Il a gravé en clair-obscur, Diogene, le martyre de Saint Pierre & de Saint Paul, Diane, &c. R. Strange a gravé le portrait de la maîtresse de ce peintre.


(27) Daniel Ricciarelli, dit de Volterre, du nom de la ville où il naquit en 1503. Ce peintre appartient à l’école de Florence. Il eut


plusieurs maîtres ; mais il suffit de savoir qu’il fut élève de Michel-Ange, dont il adopta la manière que cependant il adoucit. On lui reproche d’avoir été quelquefois aussi bizarre dans sa composition que ce grand artiste, & de n’avoir pas joint la grace à la correction. Il ne corrigea pas le coloris de l’école dans laquelle il s’étoit formé ; il donnoit la même force à ses différens plans, & sa couleur générale étoit d’un gris roustâtre. Il a un plus noble caractère & approche plus de la beauté dans les figures de femmes que dans celles d’hommes. Il est presqu’inutile de remarquer qu’un élève de Michel-Ange étoit savant dans l’anatomie.

Daniel vint d’assez bonne-heure à Rome, & s’y fit une grande réputation par les huit tableaux des mystères de la croix dont il orna la chapelle de Saint André du mont. Il ne se piquoit pas de travailler avec promptitude, & employa sept ans à ce bel ouvrage La descente de croix qui en fait partie est son chef-d’œuvre, & le Poussin la comptoit entre les trois plus beaux tableaux de Rome. Ce jugement paroît avoir été confirmé par la postérité.

Daniel peignit rarement depuis qu’il se fut livré à la sculpture. Ce fut lui qui fit le cheval qui se voit à la place royale de Paris & qui porte la statue de Louis XIII. Cet ouvrage lui avoit été demandé par Catherine de Médicis qui le destinoit à porter la statue d’Henri II. La fonte manqua ; Daniel fut obligé de recommencer, & réussit à fondre ce collosse d’un seul jet, le cheval ne doit pas être regardé comme un très-bel ouvrage de l’art, parce qu’il n’est pas une imitation de la belle nature.

Daniel de Volterre est mort à Rome en 1566 âgé de cinquante-sept ans. On voit au cabinet du Roi un tableau de ce peinte, qui porte le nom de Michel-Ange. Il est répété, avec peu de changemens, sur les deux faces d’une ardoise. « C’est, dit Lépicié, une belle chose, rare & curieuse. »

Ce morceau a été gravé par B. Audran. Tous les amateurs des arts connoissent la belle estampe de Dorigny d’après la descente de croix. On peut voir une copie de ce tableau aux minimes de la place royale.


(28) Francesco Rossi, dit le Salviati, de l’école de Florence, naquit à Florence en 1510. Quand il se fut perfectionné dans son art par les leçons de Léonard de Vinci, & de Baccio Bandinelli, il vint à Rome, & y trouva un protecteur & un ami dans la personne du Cardinal Salviati, dont il prit le nom. Mécontent par tout, parce que son humeur difficile lui faisoit par tout de ennemis, il retourna à Florence, alla à Bologne, à Venise, à Mantoue, revint encore à Florence & à Rome, enrichissant de ses ouvrages toutes les villes


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