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SCO Michel Anguier est mort à Paris, en 1686, âgé de soixante & quatorze ans.

(27) LOUIS LÉRAMBERT, né à Paris en 1614, entra d'abord dans l'école du Vouet, & y reçut les'principes du dessin ; mais le goût qu'il conçut pour la sculpture le fit passer dans l'attelier de Sarrazin. Elève des arts, il étoit en même temps courtisan. Fils du garde des antiques de Louis XIII, & filleul de ce roi, il avoir auprès de lui un accès, qu'il conserva dans la suite auprès de son successeur. Au talent de la sculpture, il joignoit des taleras agréables ; il étoit musicien, il faisoit des vers, & dansoit assez bien pour tenir place dans les ballets de la Cour : il plaisoit par la gaieté de son imagination, par la vivacité de ses réparties. Avec des talens moins variés, il auroit peut-être laissé un nom plus célèbre, mais il aurait éprouvé moins d'agrémens pendant sa vie.

Les premiers ouvrages dont il fut chargé ne devoient pas le conduire au grand : c'etoient des bustes & des médaillons représentant les portraits des personnes les plus distinguées de la cour & de la ville. On 'immoralise rarement par de semblables travaux, mais un plaît à ses contemporains.

Il obtint enfin une entreprise plus considérable, celle du tombeau du marquis de Dampierre placé dans la paroisse de ce seigneur, à trois lieues de Gien. Auteur des sculptures, il le sut aussi de l'épitaphe, & la fit en vers.

Il exécuta pour Versailles les figures en marbre de Pan, d'un faune, d'une hamadryade dansante, d'une nymphe jouant du tambour de barque. Ces figures placées autour du bassin d'Apollon, en furent retirées dans la suite, parce qu'elles n'étoient que de pierre, & transportées au jardin du palais-royal d'où elles on été encore déplacées. Elles étoient dégradées par le temps, mais on estimoit surtout Phamadryade, qui plaisoit par un expression de gaiété & par la légéeté de ta draperie. Il fit encore, pour la terrasse près de l'orangeri, deux sphinx en marbre blanc, montés par des ensans de bronze jouant avec des guirlandes, & quatre grouppes de trois enfans dans l'allée d'eau qui descend à la fountaine du dragon. Ces grouppes plurent tellement à Louvois, qu'il voulut qu'ils sussent jettés en bronze.

Lérambert avec du mérite n'est pas capable de tenir un rang entre les grands artistes ; mais, dit Dandré Bardon, ses ouvrages présentent beaucoup de goût, de vérité. & une bonne manière. Il est mort à Paris en 1670, âgé de cinquante six ans. Il est utile aux artistes d'avoir des manières polies, de l'esprit, & même un esprit très-cultivé ; mais il est bien difficile qu'ils ne perdent pas du côté de l'art, quand ils veulent, ainsi que Lérambert, faire profession du courtisans & de beauxesprits.

(28) PIERRE-PAUL PUGET, peintre, architecte & sculpteur, naquit à Marseille en 1622. Son père qui étoit sculpteur & architecte, ne, s'est fait de réputation ni dans l'un ni dans l'autre de ces arts. Il contribua peu à la première éducation de son fil, & le plaça, dès l'àge de qua orze ans, chez un sculpteur médiocre, qui étoit en même temps constructeur de gelères, & que son élève eut bientôt surpasse. L'éléve engagea le maître à lui confier al construction & la sculpture d'un bâtiment, & ce fut le meilleur ouvrage qui eût passé sous le nom de cet article obscur.

Le Puget étoit peut-être dès lors le premier article de Marseille : mais son génie lui apprenait qu'il savoit encore à peine les premiers élémens de l'art, & que c'étoit en Italie que les mystères lui en seroient dévoilés : il entendoit nommer les habiles maîtres de cette contrée, & il brûloit de voir leurs ouvrages & de recevoir les leçons de ceux qui vivoient encore. Il partit sans calculer ses moyens, & arrivé à Florence, à l'âge de quinze ans, il se trouva sans argent, sans amis, sans ressources, demandant de l'ouvrage à des artistes qui ne lui répondoient qu'avec mépris. Il parvint enfin a être employé par un sculpteur en bois qui lui confia d'abord quelques ouvrages do peu d'importance, & qui bientôt aprés reconnoissant son maître dans le compagnon qu'il soudoioit, lui abandona la composition de ses ouvrages les plus considérables. Il perdit un an entier dans ces occupations peu dignes de lui, & passa ensuite à Rome, où quelques dessins qu'il fit voir à Pietre de Cortone lui méritèrent l'estime & l'amitié de ce maître. Alors il te consacra principalement à la peinture, prit pour modèles les ouvrages du Cortone, & les imita de si près que les siens lui furent plusieurs fois attribués. Que ne seroit pas devenn le Puget si, puisant la science de l'are dans une source plus pure, il avoit employé le même temps à fonder, à pénétrer les principes des articles de la Grece, a étudler profondément ceux de leurs chefsd'oeuvre qui ont échappé à la destruction ? Les modernes n'auroient pas eu de stuaires qu'ils eussent pu opposer au Puget. Mais en peut dire aussi que les articles qui n'ont pas ére entièrement contrariés par les circonstances, sont devenus à peu-près ce qu'ils devaient être. Puisque le Puget, à Rome, imita plutôt le Cortone que l'antique & Raphaël, c'est que son penchant l'entraînait a cette imitation.

Après six ans de sejour en Italie, il revin

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