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On voit qu’il manque à fa phyfionomîô une cartaine grâce, & l’on voit en même temps qu’il eût été facile de la lui donner par un trait plus moelleux & plus arrondi. Les figures du grouppe de Niobé n’ont pas , luivant Winckelmann , cette dureté antique qui fixe l’âge de la Pallas : la hauteur de fon ftyle eft caracleriCee par ia grandeur , par la {implicite qui régnent dans les airs de tére , dans les contours, dans les draperies, dans l’exécution. Les formes font fifimples , qu’elles ne paroifTent pas avoir été établies par un effort de l’art, mais enfantées par une penfte créatrice , pour qui concevoir Si. produire n’eft que l’afte d’un même inftant.

Le troifième flyle eft fpécifié par le nom de beau : le cataèlye qui le d ftingue eft la grâce. Tous les aSgles faillans furent rejettes de ce ftyle ; les artiftes qui l’introduifi ent n adoptèrent que les contours les plus purs. Lyflppe fut peut-être celui qui ouvrit cette carrière nouvelle , en s’attachant plus que fes prédéceffeurs à imiter dans la nature ce qu’elle a de doux, de pur, de coulant, d’agréable. Il évita les formes trop quarrées qu’avoient affeftées les piaîtres du lecond ftyle , pour donner à leurs ouvrages un caraftère plus înipol’ant ; il crut que le but de l’art étoit moins d’cfonner que de plaire, & que l’intérêt des artiftes étoit de préparer les fpeûatcurs à l’admiration par le plaifir, & non de les réduire au feul plailjr qui fuir Tadmiration & qu’elle ne produit pas toujours. D’après cette théorie, il dut donner à fes figures les contours coulans qui font toujours agréables, & non ces contours fiers & heurtés qui étonnent. Mais d’ailleurs la conformation de la beauté , confacrée par les habiles maîtres du fécond ftyle , fut rel’peûee par ceux du troifième : ils en firent le fondement de leur art , parce qu’elle avgit été établie d’après la belle nature. Ainfi l’art, en fe vouant aux grâces , ne facrifia de fa première grandeur que ce qu’elle avoit d’exagéré.

La grâce peut fe trouver avec la plus haute beauté, & lui communique le don de plaire. Elle fe manifefte dans tous les mouvemens , dans toutes les attitudes & même dans l’immobilité. Elle fe montre jufques dans l’agitation des cheveux , jufques dans le jetdes draperies. Le principe de la grâce eft dans la belle nature ; il devoir donc fe trouver dans le haut ftyle qui étoit fondé fur la correftion , fur la prëcifion du dcffin ; mais ce principe ne fut développé que par les maîtres poftcrieurs qui s’en occupèrent davantage.

La grâce n’entroit dans le haut ftyle, qu’autant qu’elle fe trouvoit à la fuite de la beauté , que les artiftes de ce temps cherchoienc dans l’accord d»s parties ou d^ns la fierté de S c u

î l’expteflîon. Maïs elle eft délicate, & ils dursti-é fouvent la détruire en voulant trop exprimer : elle exiftoit dans la beauté qu’Us prenoieRt pour modèle ; mais en voulant trop reflentir ce qui caraftérifoit les belles formes , ils eftaiçoient ce qui les rendoit gracieulés Ils n’avoieut fur le beau que des idées aiftères, & pour eux , la grâce même , quand ils la rencontrcient , étoit fière & impolar.te : on ne la reconnoiffûit plus , parce qu’elle refTtmbloic trop à la majefté.

Les artiftes du beau ftyle donnèient à la grâce un charme plus attrayant, & remplacèrent la fierté par i’ameni.. C’étoit , dit Winckelmann, la fière Junon qui , pour être fûre de plaire, emprunté le cefte de Vénus. Il croit que les peintres furent les premiers à cultiver cette grâce , que Parrhafius en fut le père, & qu’elle fe communiqua fans réferve à Apelles. Les ftatuaires l’empruntèrent des peintres , & tous les ouvrages de Praxitèles fa d.’ftinguèrent par la grâce.

Si l’expreftion olbit fe montrer dans fes monvemens violens & impétueux , elle nuiioit à la grâce , elle détruiroit l’harmonie du beau ftyle. La plus grande douleur elle-même ne fe m.ontra donc que concentrée, telle qu’ca la voit dans le Laocoon. La joie n’ola s’épanouir jufqu’au point où elle commence à grimacer j il lui fut ordonné de répr mer les explofions par lefquelles elle dégrade la beauté ; elle n’oia paroître que dans fon aimable douceur, & ajouta de nouveaux traits aux grâces, & à la beauté des charmes plus touchans : telle on la voit fur le vifage d’une Leucotho^ qui eft au Capitule.

La grâce ne craint point de s’allier à de» formes qui ne s’accordent point avec l’idée de la beauté parfaite , & l’on peut même dire alors que, dans l’ouvrage de l’art ou de la nature , elle répare ce qui manque de beauté ; on eft même fouvent tenté de croire que- ce qu’elle» donné l’emporte fur ce qui manquoit. Ce n’eft plus, il eft vrai, la grâce hé’oïque ; c’eft celle qui peut accompagner la yie commune ; c’eft- celle qu’on trouve fi touchante dans lef enfans , dont les formes n’ont point encor» éprouvé les développemens qui peuvent le» conduire au vrai beau ; c’eft celle qu’on peut rencontrer dans des réduits champêtres , & qu’on ne trouve jamais dans les Cours, oui l’ar» a lutté trop puiffamment contre la nature. Cette grâce fe trouve fur quelques têtes de faunes & de bacchantes. Souvent ces têtes ne feroient pas à l’abri du reproche , fi l’on voulpit le» juger fuivant les règles févères du beau. Tantôt le profil en eft commun & trop applati ; tantôt le nez en eft trop enfoncé -, tantôt le fourite en fait relever les angles de la bouche. i Cette Hiêroe grâce , ces mêmes défauit f» uourenf