Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/347

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bnt donn^ de faux noms. Si l’Hercule Farnefe itoic véritablement un ouvrage de Glycon, celui qui^ l’a copié pour faire celui du Palais Pitti j y auroic mis le même nom , afin de le faire I BiJeux paffer pout l’original. Ajoutons à cela que ’ï !iFulviusLhTinus,niF]aminius Vacca qui ont

parlé de l’Hercule Farnefe, ne font aucune men-
fions de l’infcription , tandis que le dernier

parle de celle de l’Hercule du Palais Pitti. Re- • marquons aufii que la manière dont font fculptés ■ ]ai caractères de ces infcriptions n’efl certaine-’Hientpar celle donc le fervoient les Greci du bon temps de l’art.

Mais que dirons-nous des plus belles fVatiieî antiques qui nous reftent, telle que celle [de l’Apollon Pythien du Belvédère Ma regarideronsnous comme un de ces ouvrages qui ont Ummortalifé leurs auteurs • Si fa beauté nous fait icroire qu elle doit être placée dans cette claffe, lilfautremarquercependant qu’elle eli de marbre tae Carrara, ou de Seravezza ; & lî l’on pré-It ^ndoit qu’elle a été exécutée en Italie par quel-’que grand artifte des plus beaux fiècles de la yrece, je pourrois objefter que les carrières de Lunes ou de Carrara venoient d’être nouvellement découvertes "du temps de Pline, de

forte qu’il eft probabll que ’cette flatue fut

, :faite fous le règne de Néron, c& : placée à Nefïtnno où elle a été trouve. Il efr à croire auffi Jque fon auteur n’a pas eu autant de talent que

.les autres flatuaires em.ployés par cet empereur

la fes édifices de Rome, où decoient néceffai- •rement fe faite les plus belles choies par les iplus habiles artifles."

[ Mais ce qui pourroit nous jetter ici dans le |plus grand doute, c’elt le merveilleux grouppe [de Laocoon , le plus beau monument qui nous ■foit reilé de l’art des anciens, & qui eft exéxuté d’une manière fi fublime en marbre Grec, qu’on ne peut mettre en queftion le talent fuipérieur de l’artifle. Pline, qui a fait un éloge magnifique de cet ouvrage, dit que c’étoit la plus belle produûion de l’art qu’il connût. Mais ^on pourroit demander fi Pline étoit un juge |compétent, d’autant plus qu’il admire fur-tout les ferpens qu’il appelle des dragons, & qi.e ’cette admiration des acccflbires ne prouve pas une grande intelligence, puifque, dans ce cas- •ils nuifent aux chofcs principales. On pourroit d’ailleurs mettre en doute fi le grouppe de Lao-’Coon que nous poffédons eft bien le même dont parle Pline, qui nous apprend qu’il étoit fait

d’un feul bloc de njarbre ; tandis que celui que

’nous connoiffons eft de cinq morceaux. Les anfciens écrivains ne parler,t point d’Agéfander comme d’un excellent fculpteur ; & comme il efl : vraifembiable que le grouppe de Laocoon n’efi : pas le feul ouvrage qu’il ait fait, il eft à croire que les éloges que Pline lui prodigua ’étoient didés par d’autres caufes que la beauté ’ £euux-Ar(s. Tome IL

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de ce grouppe même^ telles qne fon amîtié pour ’ fartilLe , fa complaifance pour l’empereur Titus , a qui peut-être ce monument plalfoit beaucoup, ou bien l’impreiuonqu’avoient faite fur fon efprit les ferpens qui font la feule partie qu’il loue, tandis que c«t ouvrage offre tant d’autres mes’ veilles qui méritent d’être admirées : telle eft, entr’ai.tres, la mar.ière de tiavaiikr le marbre avec le cifeau feul, fans faire uiage de la lime, de la pierre-ponce, ou de quel qu’autre moyen de polir, ce qui fe voit ibr-tcut dans les chairs : manière d’opérer qui fe retrouve dans plufieurs autres beaux ouvrages, entre lefquels il faut compter la Vénus de Médicis.

Toutes les ftatues exécutées dans cette manière font moins finies dans les petkes parties, & l’on y remarque un certain goût qui ne fe trouve dans les produdions de l’art que lorlqu’on a vaincu toutes les difficultés, c’efl-à-dire, lorfque les artifles font parvenus à cette négligence Se à cette facilité qui, loin de diminuer le plaifir du fpedateur, ne fait au contraire que l’augmenter.

Ce fbyle ne peut pas s’être introd’ùt du tempj des meilleurs artifles-, car il faut, avant tout commencer flérilement par ce qui eft le plus indiipenfable, pour, s’élever en fuite, à mefure qu’on acquiert de plus grandes lumières, à exprimer les pari les les plus efientielles des chofes & atreindre enfin au beau & à l’utile réunis, qui confcituent la perfection, ou en d’autres termes, l’égale bonté , l’égale régularité de toutes les parties. Maisenfuite , il fut naturel de chercher une exécution plus facile , & au lieu da s’occupera unir enftmble l’imitation parfaite da la nature, & le choix le plusdcl :cat.& le mieux raifonné, on fe forma des règles de pratique qui compofent le ftyle agréable, qui tient plus à la perfeéiion de l’art, tandis que le ftyle précédant tenoit plus à l’idée parfaite de la vérité. C’efl à ce ftyle agréable que me femblent appartenir les ouvrages travaillés avec le feul cifeau.

Ce qui me porte encore à croire que cette manière de travailler le marbre n’étoit pas celle des ai’tiftes du plus bel â^ de la Grèce c’eft que dans le temps où l’on s’étudia le plus à contrefaire ces artiftes , c’eft à-dire fous le règne d’Adrien, en opéra d’une manière bien différente, li^ Von affecla une exécutien très-finie & fort recherchée : c’eft ce que l’on. voit à l’Hercule du Palais Pitti ; l’auteur de cette copie a tâché dimiter la manœuvre de l’ancien artifte qui avcit produit l’original , afin de po«voir faire paffer fa copie pour une , production de ce célèbre ftatuaire. Il eft biea plus facile d’imiter le ftyle qtie les raifons & le talent des grands maîtres.

Comme nous ne poffédons, du moins ainS que je le penfe , aucun monument que nous