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  • ft le dépôt le plus durable de» vertus des

hommes & de leurs foiblef.’es. Si nous avons dans la flatue de Vénus l’objet d’un culte inbécille , & diflblu , nous avons, dans celle de Jvlarc-Aurèie , un monument célèbre des hommages rendus à un bienfaiteur de l’humanité. Cet art en nous montrant les vices déifiés , îend encore plus frappantes les horreurs que zious tranfmet l’hiftoire-, tandis que, d’un autre côté, les traits précieux qui nous reftent de ces hommes rares, qui auroient dû vivre autant que leurs flatues , raniment en nous ce fenùment d’une noble émulation qui porte l’ame aux vertus qui les ont préfervé» de l’oubli. Cérar voit la ftatue d’Alexandre ; il tombe dans une profonde rêverie, laiffe échapper des larme ? & : «’écrie : Quel fut ton bonheur à l’âge quej’ai^ tu avois iléja Joumis une partie de la terre ; & ■moi , je n’ai encore rien fait pour ma propre gloire. Quelle gloire que la fienne ! Il déchira ia patrie.

Le but le plus digne de Wfculpture , en l’envifageant du côté moral, eft donc de perpétuer la mémcire des hommes illuflres, & de donner des modèles de vertus d’autant plus efficaces, «[ue ceux qui les pratiquoient ne peuvent plus être les ob ;ets.de l’envie. Nous avons le portrait de Socrate , & nous le vénérons. Qui lait fi nous aurions le courage d’aimer Socrate vivant farmi nous ?

La fculpture a un autre objet , moins utile en apparence ; c’eft lorfqu’elle traite des fujets de fimple décora ion ou d’agrément : mais alors elle n’en eft pas moins propre à porter l’ame au bien ou au mal. Quelq.iefois elle n’excite aue ^es fenfations indifférentes. Un fculpteur, ainfi qu’un écrivain, eil donc louable ou repréhenfible , fslon que les fujets qu’il traite font honnêtes ou licenticux.

En fe propofant l’imitation des furfaces du eorps humain , la feulpture ne doit pas s’en tenir à une reffemblance froide, &.’ telle qu’aurjit pu être l’homme avant le foufFle vivifiant qui l’anima. Cette forte de vérité , quoique bien rendue, ne pourroit exciter par Ton exacititude’qu’une louange auiFi froide que la ref femblance, & l’ame du fpeâateur n’en fcroit point émue. C’eft la nature vivante, animée, patFionnée, que le fculpteur doit exprimer fur ie marbre , le bronze , la pierre. lyfio. M. de Jaucourt fe contenta d’en infeier un extrait dans l’ancieniie Encyclopédie. Nous r.ous foiimies fait un devoir , en l’inférant tout caticr dans l’Encyclopédie raéthedique , de le rendre à fa première dellination.

Etienne-Maurice Fa’conet, né à Paris dans le mois de Novembre 1716 , vient de ir.ourir dans la œciîieviUc, pendant qu’on imprimcit cet anicie , dont il eft I’eucw, le 24 Janvier 1791. {^Niu du Kédaûair.)-S C U

Tout ce qui eft pou- le fculpteur un objetl d’imitation, doit être pour lui un fujet continuel d’étude. Cette étude éclairée par le génie, conduite par le goût & la raifon, exécutée avec précifion, encouragée par l’attention bienfaiiante des fouverains , & par les confeils & le» éloges des grands artiftes, produira des chefsd’œuvre femblables à ces monumens précieux qui ont triomphé de la barbarie des fiècles. Ainfi, les fculpteurs qui ne s’en tiendront pas à un tribut de louanges d’ailleurs fi légitimement dû à ces ouvrages fublimes , mais qui les étudieront profondément, qui les prendront pour règle de leurs ptoduftions , acquerront cette fupériorité que nous admirons dans les flatues grecques. S’il étoit permis d’en citer pour preuve les ouvrages de nos fculpteurs vivans, il s’en trouveroit dans Paris, dans lés jardins de Choifi (i), & dans ceux de Sans-Souci (2 ).

Non feulement les belles ftatues de l’antiquité feront notre aliment , mais encore toutes les produâions du génie , quelles qu’elles foient, La leâure d’Homère, ce peintre fublime, élèvera l’ame de l’artifte, lui imprimera fi fortement l’image de la grandeur & de la majefté, que la plupart des objets qui l’environnent lui parcîtront confidérablement diminués. Ce que le génie du fculpteur peut créer de plus grand, de plus fublime, de plus fingulier, ne doit être que l’exprelfion des rapports poffibles de la nature, de lés effets, de fesjeux, de fes hazards : c’eft-à-dire , que le beau, celui même qu’on appelle idéal, en fculpture , comme en peinture, doit être un réi’umé du beau réel de la nature. Il exifte un beau effentie), mais épars dans let différentes parties de l’univers. Sentir, atfembler, rapprocher, choifir, fiip. pofer même diverfes parties de ce beau, Ibit dans le caractère d’une figure, comme l’Apollon, foit dans l’ordonnance d’une compofiLion, comme ces hardielTes de Lanfranc, du Corrège, de Rubens & des autres grands compcfucuis, c’eft montrer dans l’art c= beau qu’on stpclle idéal, mais qui a fon principe dans la nature.

La fculpture eft fur-tout ennemie de ces attitudes forcées que la nature drfavoue, & que quelques artiftes ont employées fans nécefTité, & feulemsnt pour montrer qi^’ils lavaient fe jouer du defTin. Elle Te’ : également de ces drapperies dcni toute la richefe ell dans les ornemens fuperflus d’un bizarre ai rangement de plis. Enhn,elle eft ennemie des conrafle» trop recherchés dans la compofiiion, au, fi que dans (i) Une ftatue de l’Amour, par Bonchardon. (2) Un Mcrcarc Se une VéiiBS , par M. Pigalk,