Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/405

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ilocte , car îl fuppofe de la facilité & de la grandiojîté. On tombe dans le JliapaJ/e en voulant outrer la grandeur de caradère 6c de mouvement ; & en le piquant de joindre à ces qualite’s louables par elles-mêmes, quand elles , Ibnt modérées , le charme d’une extrême faci-

Iice.

Du vethe Jîrapajfer , on a dérivé le mot Jl’apaffbn pour deiigner l’arrifte qui firapajje des figures. Alphonl’e Dufrenoy , dans les fentimens JuT les ouvrages des meUleiirs peintres , accorde au Tintoret le mérite de grand deffinateur , & de praticien , mais il lui refufe la pureté des contours, & il ajoute qu’il étoit quelque- . îo’is grand jlrapajfon. Cela confirme ce que nous avons dit que le défaut de firapaffer ne peut appartenir qu’à un habile dellinateur, qui , abufant de fa fcience, tombe dans ce qu’on appelle I la pratique, abandonne la nature, & cherche hors d’elle une grandiofité imporante , mais qu’elle défavoue , un mouvement qui étonne, mais qu’elle eft incapable de produire. Ainfi une compofition peut elle-même être I ftrapajféfi^ c’eft-à-dire tourmentée, quand elle exagère les mouvemens qu’a pu offrir la nature / <3ans l’aclion fuppofce.

J’ai Tous les yeux une note d’un homme qui

joint à la pratique de la peinture, une lavante

, théorie de cet arc. 11 croit que yZzvz/^fl^^ato veut

dire exagéré , outre-pajfé , & qu’il s’entend

toujours en peinture d’une exagération au grand.’ Il le trompe fur la formation & la véritable , fignification de ce mot, & il confond Jlrapaiiare avec trapajfare ou ohrapajfare : mais I il ne le trompe pas ^ quand il ajoute que la

qualité de firapajjees peut fe donner à des

peintures dont les auteurs ont paffé les bornes I de ces proportions exaâes dans lefquelles fe renferme le ftyle vrai & grand tout enfemble. i l^s Jlrapajfon effropie la nature en voulant l’aggrandir. (L. )

I STYLE (fubft. mafc, ) La réunion de toutes

les parties qui concourent à la conception ,

à la compofition & à l’exécution d’un ouvrage de l’art, en forment ce qu’on appelle e Jîyle, & l’on peut dire qu’il conftitue la manière d’être , de cet ouvrage. Il y a une infinité àe Jlyles : mais les principaux, & ceux dont tous les autres ne font que des nuances , peuvent être réduits à un certain nombre déterminé : favoir , le fublime, le beau , l’exprelTif & le naturel.

Le Jlyle fublime eft la manière propre à l’exéi 

çution des plus grandes idées , de celles qui cous rendent ff-nflbles les qualifés d’objets qui l.unt d’une nature fupérieure à ceux que nous çonnoilTons pas les fens. Tels font, dans notre religion, Dieu & les anges ; tels font, dans } antique mythologie, les divinités de différens ..genres, qui doiyeqt être déiignées par des qua-S T Y 5p^

lîtés différentes , &. les peribanages héroïques qui tiennentle milieu entre la nature des dieu>r 8c celle de l’homme.

La magie de ce Jfy^e confide à favoir unir enfemble, dans un même objet, le pofTible & l’impoffible. Pour rendre le polîlble, l’artiffe doit n’employer que des formes connues : pour s’élever jufqu’à l’impoffible, il doit porter ceî formes à une perfection qui ne fe trou.ve que dans fa penfée ëc dont la nature n’offre point de modèles ; il doit, dans ces formes, négliger tous ces fignes d’un méchanifme inférieur, qui femblent n’être pas abfolument néceflaires à l’aélion , dont on a droit de fuppofer que des petfonnages divins peuvent fe paffer , & qui ne font qu'interrompre par des formes fu>; balternes, la grandeur des formes principales ! , L’Apollon du Belvédère ell le plus grand j exemple que nous ayons àecejlyle. Nous en au-T rions peut-être des exemples fupBrieurscncore,ii I le temps ne nous avoit pas envié la poffeffion des j chefs-d’œuvre qu’admiroit l’antiquité. Le beau, flyle efl celui qui rend fenlible ri-> dée de la perfeûion dans la nature humaine. Il doit être pur, & débarraffé de toutes les parties inutiles ou gratuites ; mais fans s’élever cependant jufqu’à l’idée fublime. d’une nature célefle. Il doit être plus individuel, moins fier, moins aaftère, plus fuave que leyZy/e fublime : en donnant une idée de la perfettion polfible, il ne remonte pas jufqu’à celle qui n’eft donnée qu’aux dieux.

Ce flyle n’a pas encore été porté jufqu’au degré luprême par les modernes. Les témoignages des anciens peuvent nous faire penfer que, fi nous pofiedions les ouvrages de Zeuxis, & fur-tout fon Hélène, nous aurions de quoi nous en former une idée. Les ftatues grecques qui nous reflrent font , en général , plus ou moins de ce JIy !e , fuivant ce qui convient, à chacune d’elles ; & lors même que, dans quelques unes, i’expreffion énergique des partions eft fortement prononcée , comme dans le Laocoon , les formes heureufes de la beauté s’y font toujours appercevoir, malgré l’altération que doit y caufer une.fituation violente, La beauté y change de caraûère fuivant l’objet où elle fe trouve. Ainfi , par exemple, dan ? l’Apollon, elle approche du fublime auquel elle devoir atteindre dans le Jupiter de Phidias ; dans le Méléagre, elle eft humaine, mais héroïque ; la Niobé nous montre 1% beauté dans la nature des femmes ; l’Apollino, la Vénus de Médicis nous la font voir telle qu’elle convient dans les fujets gracieux. Le Caftor & Pollux de Saint lldéphonfe , la lutte de Florence, le Gladiateur Borghefe , l’Hercule Farnèfe , ^offrent tous un caraftère diffcrrent ; mais on remarque dans tous ces ouvrages que les artiftes n’ont jamais oublié de leur donner la beauté. D d d i]