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quand elle est écoulée, on en remet de la nouvelle, & on renouvelle la même opération pendant plusieurs jours ; car plus la chaux est lavée, plus elle acquiert de blancheur.

Après avoir fait couler l’eau, on trouve la chaux en pâte. On en met une certaine quantité dans un pot de terre ; on y mêle un peu de bleu de Prusse ou d’indigo, pour soutenir le ton du blanc ; on la laisse détremper dans de la colle de gants, dans laquelle on met un peu d’alun, & avec une grosse brosse, on en donne cinq ou six couches sur la muraille. Il faut les étendre minces, & n’en pas appliquer de nouvelles, que la derniere ne soit extrêmement séche.

Enfin on prend une brosse de soie de sanglier, avec laquelle on frotte fortement la muraille. C’est ce qui donne le luisant qui en fait le prix, & que l’on prend quelque fois, au premier coup d’œil, quand l’ouvrage est bien fait, pour du marbre ou du stuc. On ne peut blanchir ainsi que des plâtres neufs ; ou du moins si l’on vouloit blanchir de vieux plâtres, il faudroit les gratter jusqu’au vif.

Blanc des Indes. On lit dans l’ancienne Encyclopédie, qu’on fait dans les Indes, un blanc encore plus pur que celui des Carmes, & dont le luisant a plus de vivacité. On mêle du sucre & du lait avec de la chaux vive, on enduit les murailles de ce mêlange, & on polit l’ouvrage avec des pierres d’agate. Cet enduit a, dit on, le poli de la glace, & le plus beau blanc des Carmes ne peut lui être comparé.

BLÉREAU. (subst. masc.) Sorte de pinceau dont on se sert pour fondre les couleurs. Il est utile aux graveurs à l’eau forte, pour nettoyer le vernis dont leur planche est couverte.

BLEU-CÉLESTE. On peut, dit l’auteur du Traité de la peinture au pastel, substituer à la cendre bleue, une préparation toute récente, & qui se rapproche beaucoup du ton de cette cendre. Il y a deux ou trois mois qu’un amateur qui peint en miniature, m’en fit passer un petit fragment, qu’il tenoit d’un peintre du Stadhouder à la Haye. La couleur en étoit bleu-céleste & très-amie de l’œil. Enfin le hasard m’en fit découvrir, il y a quelques jours, chez un marchand de couleurs. Il me le présenta sous le nom de bleu minéral, & me dit qu’il le tiroir de Hollande. La préparation dont il s’agit, est une espece de bleu de Prusse, mais dans lequel on a fait entrer, avec très-peu de vitriol de Mars, quelqu’autre chaux métallique & beaucoup d’alun : peut-être même n’y met-on pas de vitriol de Mars, l’acide marin du commerce contenant assez de fer. J’ai soumis cette composition aux plus fortes vapeurs du foie de souffre, en effervescence avec les acides minéraux, sans qu’elle


en ait reçu la moindre altération ; d’où l’on peut conclure qu’elle tiendra bien dans la détrempe, au pastel, & dans la peinture à l’huile.

En employant dans la composition du bleu de Prusse, (voyez l’article Bleu de Prusse) de la dissolution de régule d’antimoine, faite par l’eau régale sur la cendre chaude, au lieu d’y employer le vitriol verd, on aura ce bleu céleste. Il sera, du moins, à très-peu près semblable, & parfaitement solide, après avoir été bien lavé. Ce n’est pas de la chaux d’antimoine, qui par elle-même est fort blanche, que proviendra la couleur bleue ; c’est le fer contenu dans l’acide marin qui la fournira. Seulement la chaux d’antimoine adoucit, tempere, la couleur trop intense du fer. Elle ne donne point de bleu, quoique précipitée par la lessive prussienne, si l’on employe l’acide marin de Glauber : c’est qu’il ne contient pas de fer, comme l’acide marin du commerce. Celui-ci mêlé seul avec la lessive prussienne, devient d’un bleu profond. J’ai de même essayé la dissolution d’étain, celle de Bismuth, celle de zinc : toutes, avec le même acide, ont produit un bleu naissant ; mais celle du régule d’antimoine m’a paru réussir le mieux. Je n’ai point essayé celle du régule de Cobalt.

Au reste, j’ai vu des bleus de Prusse d’une couleur très-pâle ; mais ils étoient loin de ressembler au bleu céleste que je viens d’indiquer : ils avoient le ton sombre & violâtre qu’auroit le bleu de Prusse ordinaire, mêlé de beaucoup de craie ou de ceruse.

Bleu de Guesde ou de Pastel. On tire de le Guede, Guesde, ou Vouede, (Isatis Sativa), lorsqu’on l’a laissé fermenter, une couleur bleue, presqu’aussi bonne que celle de l’indigo.

Bleu de Montagne. C’est un minéral ou pierre fossile bleue tirant un peu sur le verd d’eau. Elle ressemble assez au lapis lazuil, mais avec cette différence qu’elle est plus tendre, plus légere & plus cassante, & que sa couleur ne ressiste pas de même au feu. Lorsqu’on fait usage du bleu de montagne dans la peinture, il est à craindre que par la suite la couleur n’en devienne verdâtre. Cette pierre se trouve en France, en Italie, en Allemagne, & surtout dans le Tirol. Elle se nomme en Allemand Berg-blau, & en latin Lapis Armenus, ou cœruleum montanum. On dit que celle qui vient d’Orient ne perd point sa couleur dans le feu. Le bleu de montagne contient beaucoup de cuivre : celui qui est léger en fournit moins que celui qui est pesant : le premier contient un peu de fer, suivant M. Cramer. On dit qu’on contrefait le bleu de montagne en Hollande, en faisant fondre du souffee & en y mêlant du verd-de-gris pulvérise. Pour employer le bleu de montagne dans la peinture, il faut le broyer, le laver ensuite, & en séparer