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fis , ou avec un Ikige blanc. Quand le traïf eft arrêté , on le met au net avec une petite brofle & une couleur mêlée de beaticoup d’eau , afin qu’elle n’ait pas de corps, qu’elle foie très-foible , & qu’elle n’altère pas la couleur qu’on couchera delTiis. Quand ce dcffin eft bien Tsc , on enlève avec la mie de pain ou le linge , ce qu : peut refter des traits de crayon.

On fait les teintes fur la palette. Elle n’eft pas de bois , comme pour la peinture à l’huile , mais de fer blanc, de figure qijarrée,& : feulement un jeu arrondie vers l’endroit où eft le trou dans _equel on paffe le pouce. On borde ce trou d’un morceau de peau ou de cuirmince, pour que le fer blanc ne bleffe pas la main. La partie fuptrieure de cette palette , c’eft-à-dire, l’extrêmicé ]a plus éloignée du pouce , doit avoir des rebords un peu relevés , pour retenir les couleurs qu’on y arrange, en cas que l’on vienne à la pencher un peu trop fans y penfer. On pratique auffi , vers le haut de la palette, quelques enfoncemens pour contenir chaque couleur dans fon ordre : cet ordre eft le même que pour la peinture à l’huile. Voyez l’article Palette. Ces couleurs font feulement dr’trempées avec de l’eau nette, & tenues d’une confiftance un peu cpaifl’e : à melÀire que l’on veut s’en" fervir , on prend avec la broffe ou le pinceau un peu de colle. On tient toujours cette colle un peu liquide , en laiffant le vaiffeau de terre qui la contient, fur un petit feu de cendres chaudes.

Lorfqu3 la colle vient à fe figer fur la palette pendant le travail , il fufîit de la préfenter au feu , & eile fe fond auflitôt. Si, en fe fondant , elle devenoit trop forte , il faudroit y mêler un peu d’eau. On doit prendre garde aufTi que les couleurs entières, qui font arrangées au haut de la palette , ne fe fechent pas trop par la cha-Jeur du feu.

Onnefefert point du couteau, comme dans la peinture à l’huile, pour Eiire les teintes fur cette palette : on les fait avec la broffe ou le pinceau, à mefure qu’on en a befoin. On nettoyé ’a palette chaque fo’s que l’on quitte l’ouvrage , on la lave, & on la fait fccher aulTitôi ; au feu , de peur qu’elle ne fe rouille. Lorfqu’on peint en grand, & qu’on a a faire de large> maiTes, on ne fe fort pas de la pale :te , mais on dc’trenioe la teinte dans des godets ou écueiles de terre vernlfice, avec l’eau de colle néceffaire. On fait l’épreuve de la teinte fur des. carreaux de plâtre , ou lur des planches prépar réss comme le fjr.d , ou far de gros papier blanc, afin d’être flir de l’effet qu’elle doit produire étant ftche. On applique toujours les couleurs un peu plus que tiedes ; ainfi il faut les mettre de temps en temps fur un petit feu , ou fur des cendres chaudes, pour les entretenir dans un état d : liquidité. On y ajoute un peu d’eau pure, l^uand la colle devient trop épaiffe. Il faut aulîi D É T

avoir l’attention de remuer chaque fo !s la couleur dans les godets, avant de la prendre à la brofle, parce qu’elle Ce précipite aifément. Une cblervation très-effentielk , c’eft que les teintes doivent toujours être tenues extrénfement hautes &tres-vigoureufes, parce qu’en féchant, elles !, aftoibliffenc au moins de moitié. Il ne faut donc pas , dans ce genre , craindre de pouffer trop au noir en travaillant : fi l’on n’a pas la hardieffed outrer de vigueur , on peindra foible & gris. Il fautfavoir que les terres brûlées changent moins que les autres , & que la laque , non plus que les noirs, ne change point du tout. Mais 1 expérience en apprendra plus à cet égard que tous les préceptes.

Une régie générale, & dont il ne faut point s écarter, c eli : que la détrempe ne veut pas ê’re fatiguée , & ne fouffre pas que l’on repeiene par-deffus avec d’autres couleurs que celles qu’on a employées dans le même endroit, parce r^e celle de deffous venant à fe détremper , fe mêleroit avec celle qu’on appliqueroit de nouveau , & on detruiroit la teinte ; d’où il réfulteroit des tons bizarres , fales & défagrcables. La belle détrempe demande à être peinte au premier coup : comnie elle féche très-vite , fi l’on ne travaillé pas d’une manière prompte &expéditive, &fi l’on ne connoît pas parfaitement l’effet qui doit réfulter des teintes que l’on employé, on rlfque défaire un ouvrage très-mal peint. La peinture à la détrempe eft , à cet égard , plus difficile que la peinture à l’huile.

Quand l’ouvrage eft fini , on peut le retoucher tant qu’on veut , pourvu du moins que ce foit avec les mêmes teintes. C’eft ainfi qu’on ajoute de la force aux endroits foibles. Il faut feulement attendre que la peinture folt bien fsche. Après la retouche, on unit proprement les teintes avec une btoffe que l’on trempe dans de l’eau pure. Quelquefois , comme il fe pratique dans la peinture à frefqae, on adouci : deux teintes voifinesen hachant aves une couleur qui parti’ cipe de toutes deux.

_ Si l’ouvrage doit être touché fans être adou, ci , tel que le payfage , on couche d’abord dei teintes affez brunes pour fervir d’ébauches. Quand elles font fiches , on frappe par-deffus des touches claires, & encore par-deffus , lorfqu’elles font féches elles mêmes, d’autres touches encore plus claires.

Quelquefois au lieu de retoucher par des ha^ chures , on retouche en glaçant. Cela fe fait avec des teintures qu’on couche le plus également qu’il eft poiTible avec une broffe ou un pinceau de poil doux : il faut être expéditif dans cette opération pour ne pas détremper le fond fur lequel on glace. II faut aulFi prendre garde que ce fond ne boive pas la couleur avec laquelle on fait le glacis , car il s’y feroit des taches comme fi l’on deffinoit au lavi« fur du papier fpongieux.