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ces qualités aimables ne se trouvent pas dans ses ouvrages en un dégré éminent, car il seroit un Correge. Il faisoit très-bien le portrait.

Il fût trop souvent détourné du travail par la passion du jeu. La douleur d’une perte considérable qu’il fit en une seule nuit, le conduisit au tombeau en 1616, à l’âge de cinquante-six ans.

Rob. Strange a gravé d’après le Schidone deux jeunes garçons dont l’un tient des tablettes Le cabinet du duc d’Orléans renferme deux tableaux de ce peintre.


(77) Henri Van-Balen, de l’école Flamande, naquit à Anvers en 1560. Il tient sa place, dit M. Descamps, parmi les meilleurs peintres Flamands ; il composoit bien, & savoit donner un tour agréable à ses figures : la finesse & l’élégance se trouvent dans son dessin, & sa bonne couleur a été louée par les plus grands maîtres. Il se faisoit quelquefois aider par Jean Breughel pour le paysage.

Ce peintre fut d’abord éleve de Van-Oort ; mais il quitta bientôt la Flandre pour aller en Italie, on il étudia l’antique & les grands maîtres. Il y eut de l’occupation, & revint dans sa patrie avec une réputation faite & une fortune commencée. Il avoit de la grandeur dans ses compositions, aimoit à prodiguer le nud qu’il se piquoit de bien dessiner. On ne peut guère désirer dans ses meilleurs ouvrages que plus de noblesse dans les airs de tête. On regarde comme l’un de ses chefs-d’œuvre le St. Jean prêchant dans le désert, dans la cathédrale d’Anvers. Il mourut à Anvers en 1632, âgé de soixante & douze ans. Il a fait de petits tableaux d’un grand fini.


(78) Léonard Corona de l’école Vénitienne, naquit à Murano en 1561. Il eut pour maître son père qui étoit en même temps peintre en miniature & marchand de tableaux, & qui avoit un grand nombre de beaux ouvrages. Ce magasin fut bien plus utile aux progrès du jeune Corona que les leçons paternelles. Il eut l’honneur d’être employé, en concurrence avec Paul Véronese, aux peintures du Palais Ducal. Son coloris tenoit de celui du Titien ; son dessin avoit de la vérité. Venise & les principales villes de l’Etat Vénitien, occupèrent à l’envi son pinceau. Il mourut en 1605, âgé de quarante-quatre ans.


(79) Corneille Cornelis, de l’école Hollandaise, né à Harlem en 1562, apprit les premiers principes de son art dans sa patrie, & alla se perfectionner dans l’ecole d’Anvers. Il peignit en grand & en petit, fit l’histoire, le portrait & les fleurs. Le premier tableau qu’il fit à son retour à Harlem assura sa ré-


putation. Il représente la compagnie des Arquebusiers, & fut admiré de Van-Mander qui étoit dans cette ville lorsqu’il fut exposé. Outre les autres perfections de l’art, la couleur, suivant M. Descamps, en est excellente ; l’ordonnance belle, les mains d’un beau dessin, les expressions nobles ; on peut dire enfin que ce sont des portraits tracés par le génie de l’histoire.

Cornelis ne tomba point dans la manière, parceque jamais il n’abandonna l’étude de la nature. Il avoit eu dans sa jeunesse le dessein d’aller à Rome étudier l’antique : pour se dédommager des obstacles qui l’avoient retenu dans les Pays-Bas ; il se procura autant qu’il lui fut possible, des plâtres moulés sont les chefs-d’œuvre dont il ne pouvoit étudier le marbre. Il a représenté deux fois le déluge, & il ne s’est pas montré inférieur à ce sujet qui exige une grande habileté dans l’art de rendre le nud, & de le varier suivant les sexes & les âges. Comme les amateurs, & sur-tout ceux de Flandre, recherchent avidement ses ouvrages, ils sont rares dans le commerce, quoiqu’il en ait fait un très-grand nombre. Il mourut en 1638 âgé de soixante-seize ans.

Muller & Goltzius ont beaucoup gravé d’après ce maître & lui ont prêté leur manière ; c’est du moins le jugement que l’on doit porter, s’il est vrai, comme le dit M. Descamps, que le dessin de Cornelis n’étoit pas maniéré. Entre les planches de Goltzius, on distingue quatre plafonds ; le supplice de Tantale, la chûte d’Icare, celle de Phaëton, le supplice d’Ixion. On a de Muller une grande composition représentant la fortune distribuant inégalement ses bienfaits.


(80) François Vannius ou plutôt Vanni, de l’école Florentine, né à Sienne en 1563, eut plusieurs maîtres en Toscane & à Rome, & fit ensuite un voyage en Lombardie, où il étudia les tableaux du Correge. La douceur de son caractère lui fit aimer le genre de ce peintre, & c’est peut-être plutôt par l’impulsion de ce caractère, que par une imitation déterminée, qu’il a beaucoup ressemblé au Barroche. Loin d’être jaloux du talent ou de la fortune des autres artistes, il les aimoit, les éclairoit de ses conseils, & employoit souvent l’aisance qu’il s’étoit procurée par ses travaux à acheter les ouvrages qu’ils ne trouvoient point à placer. Le Guide fut un de ceux avec lesquels il étoit le plus intimément lié, & il eut la satisfaction de pouvoir lui être utile.

Sa manière, ressemblante à celle des Baroche, n’en a pas toujours la douceur. On peut même lui reprocher quelquefois des défauts d’accord & des couleurs entières : mais dans les meilleurs ouvrages, sa couleur est agréable &


tendre