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à contre -fil , oh ne pouri-oit plus polir proprement. Il en faut dire au’anr des tailles que l’on gritrcroit pour les rendre plus nouiries après avoir été gravées.

Plulieiirs perlonnes s’éroisnt appcrçues que les cre :jx des planches de M. Papillon étoient trava liés fingulicrement. Des graveurs en bois l’ont r|Uefi :ionné là-dclTds ; maigre cette oblervation de leur part , M. Papillon ne connoît aucun arciftc (^ui aie encore tenté de graver de cette minière. Ceuxqui lavent que l’on peutretoucher Iz gravure en l/ois ^ croient que ces creux font produits par la fréquence des retouches : & ce nombre même efl fort petit, prefque perfonne ne croyant qu’on puiffe retoucher une planche ■après une première épreuve. Quant à l’art de fortifier des tailles & de les rendre plus nourries, il penfe aufli qu’aucun graveur ne .^’en eft avifé, & il ajoute qu’il n’en eft pas furpris , & que cette manœuvre lui paro’uroit abl’urde à lui-même , fi l’expérience qu’il en a faite ne la juftiiioit.

Manière de retoucLer proprement. Il n’y a prefqu’aucun morceau gravé en bois qui n’ait belbin , après la première épreuve , d’être retouché, quelque net qu’il paroiffe, à moins qu’il ne foit de force taille , comme une affiche de comédie , &c. Les pièces délicares ne peuvent relier gravées au premier coup, parce que, deftinées pour l’imprinierie en lettres , & foulées par la preffe bien plus forcement que par le rouleau , elles paroîtront bien nettes lorfque les épreuves feront tirées au rouleau par le graveur, & toutes le ; tailles déliées en paroîtront dures, quand elles feront imprimées fous la preffe. On ne peut donc alors fe diCpenfer de les retoucher. Pour ne pas toujourj avoir à regarder en gravant , lorfqu’il s’agira de placer & de traiter les ombres , un detlin qui efl : dans un fens contraire de celui qui fe trouve fur la planche, M. Papillon lave à l’encre de la Chine fes deffins furie bois même : ce qui épargne du temps & donne du feu. Il ne fait qu’un croquis au crayon Touge ; il le calque fur la planche, le rectifie enliiite à la mine de plomb , & fiinit à l’encre & à la plume, traçant, lavant, & ombrant. L’encre de la Chine qui a fervi à ombrer peut iformer fur la planche une certaine épaiffeur : ûinfi, avant de faire une première épreuve , on nettoiera ia planche avec une éponge imbibée d’eau , on la laiflera fécher , & on tirera- l’épreuve.

Si l’on s’apperçoit qu’il y ait beaucoup à retoucher, on ne tirera pas, pour l’effuyer , une féconde épreuve fans encre , car c’eft de cotte hianière qu’on nettoie les planches. On laiffe :a l’encre qui y fera refilée après le tirage de la ’ première épreuve, &, par ce moyen, on diftinguera facile ;tgent les tailles, Si qn, renur^uera G R A ’6^’^

les endroits qu’il faudra adoucir Si ataiffer. On retouchera ces endroits avec la pointe à graver.

Pour éviter de fe falir les do’grs, on laiflera fecher la planche un jour ou deux. La vue fe repofera pendant ce temps ; car , fatiguée d’une application affidue d’un mois ou deux fur une même planche, elle n’en peut prefque pas jugée la première épreuve.

Pour retoucher , on aura devant foi font épreuve : on n’oubliera pas que les taille- : y font à contre-fens de celles de la planche. On verra fi une taille eft, trop éiaiffe ieulement dans quelques endroits , ou fi eile l’eil dans toute la longueur. On la diminuera d’épaiffeur par le cô :é convenable, égaillant autant qu’il eft poffible la diftance de cette taille à la fuivante, avec les autres entre-deux ou diftances de tailles : on veillera à ne point trop ô ;er de bois, fans quoi la taille fera perdue ; on aura foin de broffer à mcfure qu’on avancera , afin ’ que les petits copeaux ne reftent pas dans la gravure.

On fent combien le deflin efl : néceffaire dans la retouche, foi : pour ne pas eftropier un contour , déplacer un muicls, pécher contre le ciair-obfcur ; foit pour ne pas renfler ou ammaigrirmal à propos, en diminuant le trait par le côtéoppofc à celui qu’on devôlt choifir ; foit pour ne pas rendre clair ce qui devoir refter obfcur, en revenant fur des tailles qui étoient bien ; foit enfin pour ne pas courber ce qui devoir être redreffé, & redrefler ce qui dévoie être courbe , Sic.

Quand on fera obligé de retoucher ou diminuer, par exemple, l’épaiffeur du traicA, par le côté oi" ! il tiendra aux tailles B, on le fera taille par taille ; e’cft-à-dire qu’on appuiera un peu ia poinre au côté de la coupe (l’une taille, à fon extrémité, fur le trait duquel on fera entrer le taillant de la pointe, fuivant à peuprès l’épaiffsur du bois qu’on roadra ôter ati trait. On fera la même chofe vis-à-vis , fur le côré de la recoupe de la taille, qui eft atiT deffus de celle dont on vient de parler. Cela fait, on retouchera le trait", en levant le bois depuis une taille jufqu’à l’autre, comme on voie par les points de la figure fuivar.ts : ce qui fera trois coups de pointe à donner entre ces deux tailles. Trait A> tailles B. C, partie retran-f chée du trait.

C’eft ainfi qu’il faut s’y prendre, pour retoucher le crait du côté qu’il tient à des tailles ; car fl l’on faifoit d’abord une coupe en paffant la pointe dans l’épaifleur du trait & dans toute fa longueur, pour couper & rcco’iper enfuite le bois en travers, taille par taille, cela feroic coupe fur coupe, & toutes les tailles feroienc infailliblement endommagées, interrompues par le bout, & crç tiendfoient plus au trait. Sl’jes LUI ij