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l’artiste qui les employe, & au tableau pour lequel il en fait usage.

On se sert aussi du cinnabre ou vermillon qui ne subsiste guère à l’air.

De la lacque fine qui a le même inconvénient.

Des cendres bleues & des cendres vertes bonnes uniquement pour le paysage.

Du bleu de Prusse qui devient un peu verd avec le temps.

Du noir de fumée calciné, qu’on peut employer seulement dans les draperies noires.

Du noir d’os & du noir d’ivoire : suivant Pline, ce fut Apelle qui inventa le dernier.

Des fils de grain que les peintres sages rejettent, parce qu’ils sont sujets à changer, & même à s’évanouir presqu’entierement.

De la terre d’ombre qui est une très-mauvaise couleur, sujette à pousser, de même que le minium, ou mine de plomb d’un rouge orangé.

Le carmin seroit d’un excellent usage, mais il a peu de corps, & est fort cher.

L’outremer est plus cher encore : cependant on ne peut se dispenser de l’employer, surtout dans les carnations fines, telles que celles des femmes & des enfans, quand on veut faire des ouvrages qui soient de durée.

L’azur ou l’émail noircit à l’huile.

Le bleu d’Inde a beaucoup de corps avec le blanc ; mais il se décharge beaucoup en séchant. Il faut avoir soin de le coucher un peu épais, & d’y mettre peu d’huile. Pour lui assurer de la durée, il faut le glacer à l’outremer. On ne le fait entrer que dans des ciels & : des draperies.

Le verd-de-gris est d’une belle couleur, mais sa beauté est perfide : pour peu qu’il en entre dans l’impression d’une toile, il est capable de tout gâter. Il devient noir peu de temps après avoir été employé. On le calcine quelque fois pour le rendre plus durable ; mais quelque moyen qu’on employe pour le purifier, il reste toujours dangereux pour les autres couleurs, & ne peut être employé que seul. Il ne faut jamais s’en permettre l’usage que pour en mêler en fort petite quantité avec les noirs, qu’il a la faculté de rendre très-siccatifs ; & l’on doit avoir grande attention de ne pas se servir, pour les autres couleurs, des pinceaux avec lesquels on a employé le verd-de-gris.

Quelques peintres se fervent d’un noir particulier pour retoucher leurs ouvrages à l’huile, & pour donner beaucoup de force dans les bruns. Cette couleur est le bitume de Judée, qu’on appelle afphalte, & que, par corruption, les artistes nomment spalte. Un peu écrasé, il se fond aisément dans l’huile sur le feu ; il est d’un noir roussâtre tirant sur le minime ; il se glace facilement & est fort doux à la vue, mais il ne séche jamais, à moins qu’il ne soit mêlé avec un fort siccatif ; aussi peut-on, après l’avoir préparé, le conserver pendant plusieurs années pour s’en sevir au besoin. On peut y mêler, pour siccatif, un peu de verd de gris.

Les principaux instrumens de la peinture à l’huile sont le chevalet, la boéte à couleurs, les brosses, les pinceaux, la palette, le couteau à couleur, l’appuie-main. Voyez ces mots à leur ordre alphabétique.

EXPLICATION
des Planches qui concernent la peinture à l’huile.
PLANCHE I.

Vignette. Elle represente un attelier dans lequel on a tâché de réunir plusieurs genres de peinture.

La figure 1 représente le peintre d’histoire. a, son marche-pied. b, grande boëte à couleurs. c, pierre à broyer les couleurs.

La figure 2 représente le peintre de portraits. d, sa boëte à couleurs.

La figure 3 repréfente un peintre occupé à réduire un tableau dont il veut faire une copie. e, le tableau qui lui sert de modèle. f, la toile sur laquelle il a tracé, dans une plus petite proportion, autant de quarreaux qu’il en a fait sur celui qu’il se propose de réduire.

La figure 4 représente le peintre de portraits en miniature.

On apperçoît dans le fond de l’attelier deux figures antiques, un globe, une équerre, & des livres, qui sont autant de choses utiles au peintre, & qui désignent l’étude de l’antique, l’histoire, la géographie, & l’architecture.

Bas de la planche. Fig. 1. Appuie-main.

2. 3 & 4. Couteaux de différentes formes.

5 & 5 . Brosses.

6. Bléreau dont on fe fert pour fondre les couleurs.

7. 8 & 9. Pinceaux.

10. 11 & 12. Palettes de différentes formes.

PLANCHE II.

Fig. 1. Boëte à couleurs.

2. Coupe de cette boëte.

3. Son plan.

4. Boëte de fer blanc pour contenir les pinceaux & les vessies. a, le pincelier. b, quarré pour mettre les vessies. c, quarré dans lequel on met l’huile d’olive pour détremper les pinceaux.

5. Coupe du pincelier.

6. Coupe du quarré qui sert à faire tremper les pinceaux.

7. Autre boëte de fer blanc pour mettre les couleurs en poudre.

8. Vessie contenant une couleur broyée.