Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/728

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

7i8 PAS

nés très-foncées. Foyq l’article Oc h RE. Il /aut les bien dépouiller de toute lalimaille de fer qui re le i’eroit pas convertie.en chaux, & les traiter vomme l’ochre jaune. On les rend parlacalcination d’un rouge fanguinolent. Voye[ pour les ftils-de-grain bruns, l’article Stil- de-grain. On trouve, pour le pajlel, des crayons très-bruns, d’une efpèce particulière, & quife ven- ■ doient quatre francs la pièce vers l’année 1788. Quelques peintres en font ufage pour jetter des tons vigQureux dani leurs tableaux. En touchant ces fortes de crayons, je crus m’appercevoir , dit l’auteur que nous transcrivons ici , que c’étoit en grande partie du noir de fumée ; & le fabriquant m’avoua qu’en effet c’étoit un mélange de carmin & de noir de fumée préparé d’une façon particulière. C’en eft affea pour qu’on doive juger qu’il faut abfolument s’en abflenir. ■Il y a tout lieu de croire que les peintres, qui lesemployent, nes’endoutentpas -.car il n’en eft sûrement pas un feul qui ne fâche quela fuie , le noir de fumée , & toutes les préparations qu’on peut en faire , telles que le biftrc, ne font bonnes qu’à enfumer un tableau. Les ochres de fer, naturelles ou calcinées, peuvent fuppléer à de telles compolîtions , loiTqu’on les broyé avec du noir pour en former des teintes brunes ; ce qui eft vrai pour toutes les manières de peindre.

Crayons noirs. On peut les cûm[)ofer de noir d’ivoire, de cljarbon de bois, ou de l’un & de l’autre mêlés enCemble.

Le noir d’ivoiie a beaucoup d’intenfitc ; la •couleur en est veloutée : mais il eft prefque toujours diir & pierreux, fi l’on n’a pas la précaution de le traiter comme le bleu de Pruffe. Il faut donc commencer par le bien porphyrifer , Hc le laver enl’uite dans une très-grande quantité d’eau bouillanre. Le lendemain , lorfque l’eau fe fera bien cclaircie , on la verfera comme inutile , fans agiter le vafc ; on fera de nouveau porphyrifer le fédimcnt , qu’on laiffera fécher ■fur un filtre de toile ou de papier, jufqu’à ce qu’il ait affez de confiftance pour pouvoir être roulé fur du papier lombard , & mis en crayons. Rien de tout cela n’cft néceflaire pour le noir de charbon , pourvu que le bois n’ait pas été bîûlé dans un creufet couvert , mais à feu nud. C’eft dans l’eau qu’il faut l’éteindre, quand jj eft bien embrâfé. Ce noir a moins de profondeur & moins d’intenlîté que l’autre ; mais comme il eft extrêmement friable, après avoir éié bien porphyrifé , ce qui eft d’abord un peu difficile , on peut le mêler avec le noir d’iv-oir.e , ou mêniel’employerreiij. Lci charbons de bois de ■ chêne, éteints dans l’eau , donnent d’excellens crayons, ainfi que ceux des ceps de vigne, de charme & d’ormeau. Ceux des bois mous , ■ pomnje le pcupliçr , le laulç, font tr-)p tendres , PAS

employés feuls ; mais ils font très-b’en , mÈl^i avec le brun-rouge , la terre d’ombre ou le bleu, pour faire des bruns de diftirrentei nuances. Il faut acçufer ceux qui ne favent pas tirer partî de tous ces noirs de charbons , s’ils paroiflent moins veloutés que le noir de fumée. PÂTE DE VERRE. Les ariiftes employent le mot pâte , qui eft le terme dont fe fervent les Italiens, pour exprimer- ces empreintes de’ verre nommées par les anciens objîdianum ritrum. La langue fran^oife ne fournit pas d’autre terme propre, & celui de pâte eft déjà confacré. Quelques-uns néanmoins les appellent des. compofitions de pierres gravées faSices. Les pâtes de verre , à la .matière près , ont de quoi fatisfa’re les curieux , autant que les originaux, puifqu’étânt moulées deffus, elles en font des copies fidèles. Ceux qui ont cru que c’étoit une invention moderne, font dans l’erreur. Les. anciens ont eu le fecret de teindre le verre & de lui faire imiter les couleurs de», pierres précieufes. On montre tous les jours de ces verres antiques colorés , fur lefquels il y a des gravures en creux, & l’on en voie aufll qui rendent parfaitement l’effet des plus finguliers camées. Je ne mets point en- doute que quelques-uns de ces verres n’aient e’té travaillés à l’outil , comme lej pierres fine» ; ce qui me le petfuade , c’eft ce que dit Pline, que l’on gravoit le verre , en le faifant paffer fur le tour ; mais je n’en fuis pas moins convaincu que les ancien» ont fu mettre le verre en fufion ; ils ont dii mouler des pierres gravées avec le verre , à-peu-près comme on le fait aujourd’hui, & c’eft ainfi qu’a été formée cette grande quantité de pâtes antiques qui fe confervent dans les cabmets.

Cette pratique , qui peut-être avoit été interrompue , fut remife en vogue fur la fin du qiîinzième

  • fièc]e. On trouva pour lors à Milan un

peintre en miniature , nommé Francefco Vlcecomite , qui polTédoit le fecret des plus beaux émaux , & qui contrefaifoit , i s’y tromper , les pierres gravées, par le moyen des pâtes de verre. Il s’en eft toujours fait depuis en Italie i mais on eft redevable au duc d’Orléans , Régent, de la découverte de la manière d’y procéder, & plus expéditive & plus parfaite. Ces pâtes ont le transparent & : l’éclat des pierres fines ; elles en imitent jufqu’aux couleurs ; & quand elles ont été bien moulées, & que la fuperficie eft d’un beau poli , elles font quelquefois capable.s d’en impôfer au pn-mier afpeft , & de faire prendre ces pierres fadlices pour de véritables pierres gravées. Entrons dans les détails, d’après M. Mariette.

Comme l’extrême variété des pierres pré» ciciifes , &r le vif empreflement avec lequel on les recherçhoic dans l’antiquité , ne per-