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» fur tout cet appareil. Les coins ont reçu l’em- 3J preinte de la médaille avec rous fes détails. » Voilà donc ces coins transformés en matrices qui pouvoient fournir , à choix , des médailles parfaitement l’emblables à celles dont on venoic de tirer l’empreinte , ou des poinçons propres à former d’autres matrices.

« Lorlque l’appareil , continue M. Mongez, a, « été refroidi , on a placé un flaon chauffe au » rouge entre les coins , & il a reçu les deux » empreintes , fans que les coins aient foufferts » la plus légère altération. On auroit pu frapper » plufieurs centaines de flaons , fans ufer les » coins ; car l’alliage des cloches, froid, eft 9 prefque aufli dur que l’acier. » Que les Anciens aient frappé ordinairement à chaud les flaons , c’efî ce que prouve le grand «ombre des médailles antiques _/bi.Trf£j , c’eflà-dire , plaqL’ées d’argent ou d’or. Il faut les fonder avec un poinçon , pour les diilinguer des médailles qui font entièrement d’or & : d’argent. Or les procédés nécpflaires pour doubler les métaux excluent le moulage ; ils exigent que les pièces l’oient eftampées , c’eft-à- dire , frappées a chaud.

M. Mongez croit pouvoir affurer , généralement parlant , que les anciens monétaires mouloient les flaons dans une forme approchée de celle que dévoient avoir les médailles, qu’ils les chauffoient enfuite au rouge , & qu’il les frappoient dans cet état d’incandefcence. Il patte enfuite à la fabrication des coins. L’infpection du coin antique de la colleclion de Ste.-Geneviève , fes expériences, & l’identité de réfultat, qui fembie prouver celle de procédé, ine lui permettent pas de douter que les Anciens n’aient employé le b :onze à la fabrique des «oins. Mais comment les travailloient-ils î Ses obfervations lui ont appris qu’ils ne difFéroient pas moins des Modernes par la manœuvre , que par la matière dont ils failbient ul’age. « Un examen avec la loupe de toutes les s médailles antiques du cabinet de Sainte-Geneviève , & la comparaifon avec les mon- >■• noies modernes , dont les coins ou les poinn çons ont été gravés au burin (i) , m’ont conaincu , dit-il , que }a gravure des coins de » toutes les médailles grecques, & de prefque » toutes les médailles romaines, difFéroit abfo - <i) Comme l’objet de M. Mongez n’efl ; pas de développer le procédé des graveurs modernes en médailles, il leur donne, en le prêtant au langage ordinaire , le burin pour outil ; ce qui n’eft vrai, qu’en prenant le mot hurin pour un terme générique. Ce n’eft pas du burin proprement dit , mais d’onglettes S : d’echopf es , que l’on fait ufage dans la gravure des médailles, S ; les artiftes en ce genre emplcyent d’ailleurs divers auties infliumene , arec lefquels ils fculptent l’acier comme on fculptc le maibic. Fi>>f^ l’atcifle P O I

n lument de celle des coins modernes. Tous » les traits dss types anciens font arrondis ; on » n’y voit jamais d’angles vifs ou d’arrêtés ; lesjambages droits des lettres font formés de deux » petites éminences rondes, ouboulettes liées par » un trait ; tous les reliefs font arrondis : en un » mot, c’eft le même travail que celui de la gran vure en pierres fines. » Voye^ l’article gra-^ VURE en pierres fines . « Au contraire , les jambagcs en lettres gravées au burin fur les poinçons modernes , font formés de maffes quarrélong, à arrêtes vives, & terminés quarrément par des traits aigus & tranchés. «  . ...» Je vais faire l’application des obfer-

  • vations générales qui précèdent , au monnoyage

d’une médaille antique. Le premier » travail étoit de mouler deux coins de bronze, » & d’y graver au touret la tête & le revers ». Si l’artifte gravoit en relief, fon travail produi-Ibit un poinçon, dont, parle frappement, il tiroitune matrice. S’il gravoit en creux, c’étoit une matrice qu’il produilbit. M. Mongez fuit la dernière luppofition. o Le fécond travail étoit » de placer , entre ces coins gravés , un ou plufieurs flaons chauffés au rouge , & de les frapn per. On avoir alors une monnoie ou plufieurs » monnoies du même coin. Vouloit-on hâter la » fabrication que deux coins uniques auroierK » rendu trop lente , on eflampoit plufieurs coins ■>} de bronze chauffes au rouge avec les premicreâ » monnoies fabriquées». Ces coins devenoient de nouvelles matrices, fous lefquelles on frappoit des monnoies, avec la même précifion que fous les coins gravés. « Par ce procédé , on peuvoit réferver les deux coins gravés pour fervT » àe jufiificationon de pro.otypes, & l’on eilampoit autant de coins que l’on vouloit établir » d’ateliers de fabrication pour la même monnoie. »

On a des médailles de princes ou tyrans doas le règne a é :é fort court : cependant elles ont été gravées pendant leur règne. On ne leurauroit pas rendu cet honneur après leur mort , lorfque leur mémoire étoit tombée dans l’horreur ou le mépris. Le f.ran Marius ne régna que trci ; jours ; & cependant on a des médailles de fon règne, & même elles ne font pas lares. On n’auroit pas eu le temps de graver ces médailles par les procédés modernes ; mais on le pouvoir par le moyen Sa touret. Le travail auroit été encore plus expéditif, en fupfofant que i’alliage du coin ne tenoin q l’un fixième ou même qu’un feptième d’étain r c’eft ainfî , comme M. Mongez l’a trouvé par l’analyfe chymique , qu’étoit ordinairement fo.-mé le bronze des Anciens.

L’ne infcription antique nons apprend que les graveurs de médailles étoient nommés Jcalptorss : c’étoit par le même nom qu’on défignoit les graveurs en pierres fines. L’identité dans la dénomination prouve celle des procédés.