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dure se travaille à-peu-près comme le marbre, c’est-à-dire, avec la masse, les pointes, doubles pointes, cizeaux, &c.

La pierre tendre, & les bois de chêne, buis, tilleul, noyer, & autres de ces qualités, se travaillent avec le maillet de bois, les fermoirs, les trépans, les gouges creuses & plates, à breter & à nez rond. ces outils sont de toutes sortes de pas ou largeur. Il y en a qui n’ont pas deux lignes de face, & par dégré, il y en a d’autres qui en ont jusqu’à deux pouces & plus : on ne les distingue que par le pas. Les ouvriers nomment cet assortiment un affutage. Ces outils sont de fer, & par la tranche ils sont acérés de l’acier le plus fin. Il leur faut une trempe très-fine. Ils sont faits de maniere qu’ils ont chacun une pointe forgée en quarré, qui entre dans le manche, pour l’assurer & l’empêcher de tourner. Le manche de bois, qui est de quatre à cinq pouces de longueur, est coupé à pans, pour être tenu plus ferme & ne point varier dans la main de l’ouvrier. On affute ces outils sur un grais de bonne qualité pour leur donner le tranchant, & l’on se sert ensuite d’une affiloire pour leur couper le morfil, & les rendre propres à tailler le bois avec netteté. On se sert, pour finir ces ouvrages, de rapes de différentes forces, tailles & courbures, comme aussi de peaux de chiens de mer dont on prend les plus convenables, qui sont certaines parties du ventre, les nageoires, les oreilles.

La sculpture en pierre & en bois comprend plusieurs sortes d’ouvrages, comme figures, vases, ornemens, chapiteaux, fleurs, fleurons, &c. tant pour les décorations intérieures qu’extérieures des temples, des palais & autres bâtimens, pour les navires, les voitures, les meubles, &c.

Les anciens se sont servis de presque toutes sortes de bois pour faire des statues : Il y avoit à Sicyone une statue d’Apollon qui étoit de bois ; à Ephèse, celle de Diane étoit de cedre. Dans le temple bâti à l’honneur de Mercure sur le mont Cyllene, il y avoit une image de ce dieu, de huit pieds de haut, faite en citronnier : ce bois étoit fort estimé. On faisoit aussi des statues avec le bois de palmier, d’olivier & d’ébene, & ainsi de plusieurs autres sortes de bois, comme celui de vigne, dont il y avoit des images de Jupiter, de Junon & de Diane.

On appelle bien couper le bois, quand une figure ou un ornement est bien travaillé. La beauté d’un ouvrage consiste en ce qu’il soit coupé tendrement, & qu’il n’y paroisse ni sécheresse ni dureté.

Quand on veut faire de grands ouvrages, comme seroit même une seule figure, il vaut mieux qu’elle soit de plusieurs pieces que d’un seul morceau de bois, qui se peut tourmenter & gercer ; car une piece entiere de gros bois peut n’être pas seche dans le cœur, quoiqu’elle pa-


roisse seche par dehors. Il faut que le bois ait été coupé plus de dix ans avant que d’être employe dans ces sortes d’ouvrages.

SCULPTURE en plâtre, tant en relief qu’en bas-relief. La sculpture en relief se fait d’une façon qu’on appelle travailler le plâtre à la main. On se sert de la truelle & du plâtre délayé ; on forme un ensemble ou masse de plâtre, du volume de ce qu’on veut faire, & l’on travaille sur cette masse avec le maillet & les mêmes outils dont on se sert pour les pierres tendres. On se sert aussi de ripes & de rondelles : ces ripes qui ont la forme de spatule, sont de différentes grandeurs, & ont des dents plus ou moins fortes. Elles sont sur la pierre ou le plâtre, ce que la double pointe & la gradine font sur le marbre.

Ces sortes de travaux en plâtre ne se font guere que dans les cas où l’on veut faire des modeles sur place, pour mieux juger des formes & des proportions du tout-ensemble, & rendre les parties relatives les unes aux autres. Souvent on les finit entierement sur place, & l’on en fait des moules qui servent à jetter en plomb, ce que l’on voit quelque fois exécuter dans les parcs & jardins, pour faire des fontaines, cascades, &c. Si, au contraire, on veut les exécuter en marbre, on les moule de façon à en pouvoir tirer des moules en plâtre que l’on apporte à l’attelier du sculpteur, pour lui servir a la conduite de son ouvrage en marbre.

La sculpture en bas-relief n’est, pour ainsi dire, en ce genre, que l’art de mouler. Elle s’employe communément dans l’intérieur des appartemens pour former des caryatides, corniches, frises, agrafes, vases & ornemens. On commence par faire des modeles en terre sur des formes & fausses formes, suivant les lieux où l’on veut placer les. ouvrages. On en fait faire des moules en plâtre. Ces moules sont composés de plusieurs pieces qui se rapportent & se renferment avec repers dans une ou plusieurs chappes, suivant le volume & le relief de l’objet moulé. Quand ces moules sont bien secs, on les abreuve, en leur donnant avec le pinceau, plusieurs couches d’huile, ce qui les durcit & empêche que le plâtre ne s’y attache. Cela fait, on coule dans le moule du plâtre bien tamisé & très-fin, que l’on tire quelquefois d’épaisseur & en plein, suivant la force qu’on veut donner à l’ouvrage. Pour retirer le plâtre moulé, on commence à dépouiller toutes les parties du moule, les unes après les autres, dans le même arrangement qu’elles ont été posées, & alors on découvre le sujet en plâtre qui rapporte avec fidélité jusqu’aux parties les plus déliées du modele, n’y ayant plus qu’à reposer, & souvent qu’à ôter les coutures occasionnées par les jointures des piéces du moule. Quand ces morceaux de sculpture en plâtre sont destinés à servir d’ornement à quelqu’édifice, on hache


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