Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/780

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
770 STI STI


des stil-de-grain, donneront peut-être un jaune un peu moins brillant avec cette dissolution ; mais il aura le grand avantage d’être plus solide qu’avec l’alun.

Faites bouillir, par exemple, à petit-feu, pendant une demi-heure, dans deux pintes d’eau de fontaine, une poignée de petites branches de pue plier d’Italie, coupées en petits morceaux. Ajoutez ensuite à la décoction deux poignées de tiges de gaude fraîche, ou même sèche, telle que la vendent les épiciers. Laissez-la bouillir quelques instans, & joignez-y cinq ou six gros de sel de tartre en poudre, avec une petite cuillerée de sel commun : laissez un moment la décoction devant le feu, mais sans bouillir, & coulez-la dans un plat de terre, au travers d’un linge. Versez dedans goutte à goutte, & par intervalles, cinq ou six gros de dissolution d’étain. Quand l’effervescence aura cessé faites chauffer le plat, afin qu’une grande partie de l’eau s’évapore. La chaux métallique, versée dans la décoction, lâche son dissolvant, saisit les particules colorantes, les retient, & se précipite incorporée avec elles, pendant que le dissolvant, qui s’unit à l’alkali du tartre & du sel marin, nage dans la liqueut. Mais il faut le séparer du précipité, c’est ce qu’on opère par le moyen de la filtration. L’eau passe à travers les pores du papier gris ou lombard, entraînant avec elle tous les sels qu’elle tient dissous, & laisse le précipité, qui forme une lacque jaune. Il est bon de l’arroser encore sur le filtre, & même abondamment, pour achever de le désaler.

Ce qui n’est encore qu’une lacque, devient un véritable stil-de-grain, si l’on met dans la décoction de gaude un peu de craie bien broyée, avant d’y jetter la dissolution d’étain. La composition sera, par ce moyen, plus volumineuse ; mais c’est à peu-près tout ce qu’elle y gagnera, si ce n’est que les substances alkalines exaltent presque toujours les jaunes.

On peut substituer à la gaude une herbe encore plus commune, la fumeterre. On la trouve dans les jardins & chez tous les herboristes : verte ou sèche, il n’importe. Le jaune est à-peu-près tel que celui de la gaude, & il n’est pas moins durable.

Les plantes qui suivent donneront aussi des jaunes francs & également solides, jonquille, souci, mordoré, verdâtre.

Le bois de fumac de Virginie.

Les petites branches des alaternes.

Celles de l’arbre aux anémones.

Ceiles du thuya de Canada.

L’éorce du peuplier d’Italie, ainsi que ses nouvelles branches.

La tige & les feuilles de la sarrete.

Les fleurs encore fraîches, ou sechées à l’ombre du jonc marine.


L’œillet d’Inde, tige, feuilles & fleurs.

La graine d’Avignon.

  • La grande camomille ou œil-de-bœuf.
  • Le bois de Fustel.
  • La racine de curcuma ou terra merita.

Les trois dernières plantes que nous avons marquées d’un astérique, donnent un jaune moins solide que celles qui ont précédé. (Traite de la peinture au pastel.)

C’est à l’expérience à montrer la bonté & la solidité des stils-de-grain, dans lesquels on remplaceroit l’alun par la dissolution d’étain. Mais il faut avertir que les stils-de-grain qui se trouvent dans le commerce, & qui sont composés de craie ou de blanc de blomb mêlé d’alun, & impregnés d’une décoction colorante, manquent absolument de solidité ; qu’ils ne tiennent pas, & que, par conséquent, ils ne sont bons, ni pour l’huile, ni pour la détrempe. Les peintres qui en ont fait usage, en ont pu reconnoître le vice de leur vivant.

STUC. (subst. masc.) Le stuc ou le marbre factice, est une composition dont le plâtre fait toute la base. La dureté qu’on sait lui donner, les différentes couleurs que l’on y mêle, & le poli dont il est susceptible, le rendent propre à représenter presqu’au naturel les marbres les plus précieux.

La dureté que le plâtre peut acquérir, étant la qualité la plus essentielle à cet art, c’est aussi la première à laquelle les ouvriers doivent s’appliquer. Elle dépend absolument du degré de la calcination que l’on donne au plâtre ; & comme la pierre qui le produit est susceptible de quelques petites différences dans sa qualité intrinsèque, suivant les différens pays où elle se rencontre, il faut tâtonner & étudier le degré de calcination qu’on doit lui donner, pour que le plâtre qui en viendra, prenne le plus grand degré de dureté qu’il est possible ; on ne peut donner ici de notions sur cette méthode qu’en ce qui regarde le plâtre de Paris ; ce sera l’affaire des ouvriers d’essayer de calciner plus ou moins les pierres gypseuses des autres pays, afin de trouver le plus grand degré de dureté où l’on puisse porter le plâtre qu’elles produisent.

On casse les pierres à plâtre de Paris avec des marteaux, en morceaux à-peu-près gros comme un petit œuf, ou comme une grosse noix. On enfourne ces morceaux dans un four que l’on fait chauffer, comme si l’on vouloit y cuire du pain ; on bouche l’ouverture du four. Quelque temps après, on débouche le four pour en tirer un ou deux petits morceaux de plâtre que l’on casse avec un marteau ; si l’on s’apperçoit que la calcination a pénétré jusqu’au centre du petit morceau, de façon cependant qu’on y remarque encore quelques points brillans, c’est une marque que la calcination est à son point de perfection, &