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couleur de mauve ; l’autre verte, mêlée de veines blanches & de taches vertes ; une autre d’un fond verd, mêlée de bleu ; la quatrième approchant de la couleur de la Turquoise.

On ne donne à présent ce nom qu’à une espèce de stalactite cuivreuse, d’un très-beau verd ; elle est susceptible du poli, & suivant le morceau & la coupe qu’on en fait, elle offre des dessins variés & fort agréables, soit par des lignes disposées les unes sur les autres, & de différentes nuances de verd, soit par des cercles de diverses grandeurs. J’ai trouvé des moyens de faire de la malachite artificielle, en suivant le procédé que je vais indiquer.

J’ai dissous du cuivre par l’alkali volatil dégagé du sel ammoniac, par le moyen de l’alkali fixe, en laissant cette dissolution, qui est d’un beau bleu d’azur, exposée à l’air dans un vaisseau. L’alkali, décomposant la matière grasse, reste inhérent au cuivre, & lui donne une couleur verte. Par l’évaporation insensible, on obtient des crystaux du plus beau verd, mais rassemblés confusément : c’est ce que je nomme malachite artificielle ; elle a toutes les propriétés de la naturelle.

Cuivre soyeux. La mine de cuivre soyeux de la Chine pourroit être employée en peinture aux mêmes usages que la malachite. Cette mine ne doit son origine qu’à la décomposition des crystaux cuivreux formés par l’alkali volatil & le cuivre. Si l’on expose à l’air un de ces crystaux, il se couvre d’une efflorence verte, devient cellulaire, augmente de volume & diminue de poids.


Verd de montagne. Ce n’est qu’une altération du bleu. Il faut considérer les terres de couleur bleue, comme étant encore dans l’état salin. Elles doivent cette couleur à une dissolution de vitriol cuivreux, qui est décomposé en passant sur une terre calcaire : l’acide qui sert de base à ce sel, s’en empare, la terre cuivreuse se dépose, la terre calcaire lui donne une couleur bleue. Peut-être vient-elle du mixte salin qui se dégage, quand l’acide s’unit à la terre calcaire. Cette couleur bleue n’est que de peu de durée, & toujours elle passe au verd.

C’est un effet dont il est très-essentiel que le peintre soit averti. Lorsqu’on a mêlé le bleu de montagne avec l’huile, & qu’elle a porté sur ce bleu son action, l’acide qui entre dans l’huile comme partie constituante, agit sur le cuivre, & le sel qui en résulte est verd. L’huile elle-même étant propre à dissoudre ce précipité de cuivre, lui donne la même couleur.

On trouve dans le commerce un bleu de montagne qui est d’un bleu clair tirant sur le verd. On le tire de la pierre d’Arménie. On commence par réduire cette pierre en une pou-


dre très fine ; on la jette dans de l’eau, & on l’y remue : on donne le temps à la partie la plus pesante de tomber au fond, on décante l’eau, & on recueille la poudre qui s’est précipitée. On se met à la broyer de nouveau, on la mêle avec de l’eau de gomme assez claire, on l’y délaye avec soin, on laisse tomber au fond la partie la plus déliée pendant une demi-heure, on la ramasse & on la fait sécher. (Ce que nous venons de transcrire peut servir de supplément ou de correctif à ce qu’on lit sur le verd de montagne, à l’article Bleu.)

Il vient du verd de montagne de Hongrie. On peut en obtenir d’artificiel, en faisant dissoudre du vitriol bleu dans de l’eau, & en y ajoutant de l’alkali fixe ou volatil, ou de la terre calcaire. Le précipité lavé donne un assez beau bleu, susceptible de la même métamorphose que le naturel, qui perd bientôt cette couleur pour devenir d’un très-beau verd.


Terre de Verone. La terre connue sous ce nom est d’un verd sale. Elle tire son nom d’une ville d’Italie, d’où on nous l’envoie. On en débite dans le commerce de deux espèces. L’une est une terre argilleuse, qui doit sa couleur verte au cuivre ; l’autre, qui est moins estimée, est une espèce de marne de la même couleur : toutes deux se changent au feu en un verre noir. La première est plus seccative que la seconde. (Note de M. Sage, de l’Académie des Sciences, communiquée à M. Watelet, & trouver dans les papiers de cet amateur.)

Déjà, dans plusieurs articles de ce Dictionnaire, on a prévenu les peintres contre les couleurs qui proviennent de cuivre. Toutes menacent plus ou moins leurs ouvrages d’altération : la prudence & le soin de leur gloire leur ordonnent donc de s’abstenir de celles qui ont fait l’objet de cet article. On peut seulement en faire usage dans des travaux qui doivent être de peu de durée.


Cendre verte. Elle est ainsi que la cendre bleue, & le verd & le bleu de montagne, & que la terre de Vérone, are combinaison de rouille de cuivre. Toutes ces substances deviennent brunes au feu. Poussées à la vitrification, elles pourroient servir dans la peinture en émail, sur la porcelaine & sur la faïence. Le verd-de-gris, ainsi vitrifié, y produit la couleur d’émeraude, & peut donner un verre brun rougeâtre.


Verd de vessie. Il se compose avec les bales mûres de nerprun. On reconnoît leur maturité à leur couleur noire. On les écrâse, on les fait bouillir, on en exprime le suc qui est visueux, en le passant à travers un linge ou un tamis de crin ; on le met évaporer à petit feu, jusqu’à ce qu’il soit réduit en une consistance de miel.