Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
PEI PEI 77


ner de la finesse à son dessin, il tomboit dans la manière : il vouloit rendre ses extrêmités agréables, & il s’écartoit de la nature. S’il n’a pu trouver la grace, il faut avouer qu’il a rencontré le gracieux ; mais il l’a mêlé d’un peu de froideur. Il étoit manière jusques dans les effets, & plus fidèle à la théorie de la perspective aërienne qu’à l’observation de la nature, il enveloppoit d’un brouillard plus ou moins épais, non seulement ses lointains ; mais les figures mêmes qui n’étoient pas sur premier plan. Ses compositions avoient de la sagesse, son pinceau de la fraîcheur, son fini trop froid, trop léché, devoit plaire aux amateurs. Ses paysages ont eté estimés par leur propreté ; ils ne sont plus recherchés, parce qu’ils ne tiennent pas assez de la nature. Il faisoit aussi le portrait, & se distinguoit, dans ce genre, entre les artistes de son temps. Il ne peignoit sur la fin de sa vie que de petits tableaux de chevalet d’un pinceau très soigné & d’un grand fini. Il n’a point voyagé, & est mort à Paris en 1656 a l’âge de cinquante ans.

On peut voir deux de ses plus beaux tableaux dans l’église des Carmelites de la rue Saint Jacques : l’un représente l’entrée de Jesus-Christ à Jérusalem, l’autre son apparition aux trois Maries.

F. Chauveau a gravé d’après la Hire, le jugement de Pâris, & une Sainte-Famille, Rousselet, le martyre de Saint Sébastien.


(136) Joachim Sandrart, de l’école Allemande, né à Francfort sur le Mein en 1606, fit des études de la langue latine, apprit l’art de graver & de peindre, & se fixa à ce dernier talent. Il passa en Angleterre, où il imita la manière d’Holbéen, & en Italie où il imita celle des maîtres de l’école Romaine. Le roi d’Espagne demanda alors au cardinal Barberin douze tableaux des plus grands maîtres, & Sandrart eut la satisfaction de voir ce cardinal choisir un de ses ouvrages, avec des tableaux du Dominiquin, du Guide, du Poussin, de Lanfranc : ce qui ne prouve cependant pas qu’il méritât d’être mis en parallele avec ces artistes. Il a souvent manqué de goût, & il avoit plus de science que de génie. L’estime qu’on avoit pour l’homme d’esprit a beaucoup contribué à la réputation du peintre.

Après avoir travaillé dans les principales villes d’Italie, en Hollande, en Allemagne, & avoir fait une assez grande fortune qui fut presqu’entièrement détruite par la guerre, il se retira à Nuremberg, où il forma une académie. Il est bien moins connu par les ouvrages de peinture, que par les livres qu’il écrivit sur son art en latin & en Allemand. Celui qui est le plus estimé est la vie des peintres, quoiqu’on ne la trouve pas exemte de partia-


lité, & qu’il se soit souvent trompé sur les faits sur le caractère des artistes. On ignore l’année de sa mort ; on fait qu’il vivoit & écrivoit encore à l’âge de soixante & dix-sept ans. Je ne sait si Jacob Sandrart, graveur, étoit son fils.

Ce Jacob a gravé d’après Joachim, Zeuxis faisant sa Junon d’après les cinq plus belles filles de Crotone, & le defi de ce peintre avec Parrhasius. J. Suyderhoef a gravé, d’après le même peintre, le jour, & J. Falck, la nuit.


(137) Jean François Grimaldi, dit le Bolognese, de l’école Lombarde, élève & parent des Carraches, est né à Bologne en 1606. Il peignoit assez bien la figure, mais il s’adonna principalement au paysage : il ressembloit en ce genre aux Carraches ; sa touche étoit spirituelle, son coloris frais, mais un peu trop verd, ses sites bien choisis, son feuillé léger. Il peignoit bien à l’huile & à fresque. Mandé à Paris par le cardinal Mazarin, il y travailla trois ans au palais de ce cardinal & au louvre. Il est mort à Rome en 1680, âgé de soixante & quatorze ans. il gravoit bien à l’eau-forte, & l’on a de lui plusieurs estampes d’après ses propres tableaux & d’après le Titien.


(138) Erasme Quellin, de l’école Flamande, né à Anvers en 1607, consacra sa jeunesse à l’étude des lettres, & fut quelques années professeur de philosophie. Lié de société avec Rubens, en qualité de savant & d’homme d’esprit, il prit le goût le plus vif pour le pinceau, quitta sa chaire, & se fit l’élève de son ami. Ses progrès furent très rapides : il se vit bientôt surchargé d’ouvrages dans le genre de l’histoire & dans celui du portrait. Son dessin ne manque pas de correction, ses compositions font honneur à son génie qu’il tempéroit par la réfléxion, son exécution est ferme, son clair-obscur d’une belle intelligence, sa couleur brillante, vigoureuse & digne de l’école où il s’étoit formé. Il savoit bien la perspective, & ornoit ses tableaux d’architecture & de paysage. Il avoit voulu connoître toutes les branches de son art & trouvoit qu’il étoit honteux à un peintre de recourir à des mains étrangères. Il est mort à Anvers en 1678, âgé de soixante & onze ans.

Bolswert a gravé, d’après Quellin, la communion.

Jean Erasme Quellin, fils de ce peintre, & né en 1629, fut élève de son père, voyages ensuite en Italie, & s’y fit, par ses ouvrages, une réputation qui le préceda dans sa patrie : il n’y fut pas plutôt de retour, qu’il se vit chargé d’entreprises importantes pour toute la Flandre. Il est regardé comme un des meilleurs peintres Flamands après Rubens. Il avoit