mentation de taille, appellée crue. Néanmoins la taille fut réduite à douze cents mille livres, & l’état général des finances ne montoit à sa mort qu’à environ deux millions six cents mille livres, le marc d’argent valant onze livres[1].
Louis XII détestant les nouvelles impositions, préféra de faire vendre les charges de finances, & ne regna pas assez long-tems pour un peuple dont il mérita d’être surnommé le père.
L’histoire apprend que malgré les guerres continuelles de son regne, il diminua les tailles d’année en année, & qu’on le voyoit répandre des larmes lorsque la nécessité le forçoit d’imposer des subsides. Frappé de l’exemple de Charles V, qui avoit laissé un trésor amassé aux dépens du bonheur des peuples, Louis XII voulut laisser le sien dans la bourse de ses sujets, & son successeur eut l’avantage d’y trouver en effet des ressource étonnantes, lorsqu’il fallut payer sa rançon & celle de ses enfans.
Le gouvernement modéré de Louis XII avoit préparé le siècle de François Ier, monté sur le trône en 1515, avec une grande disposition à la prodigalité. Pour la satisfaire, il haussa les tailles, il aliéna le domaine, & mit plusieurs nouveaux impôts, entr’autres, celui qui portoit sur les villes closes, pour la solde de cinquante mille hommes.
C’est sous ce prince aussi que l’on voit les envouragemens accordés au savoir, attirer les arts dans le royaume, & exciter l’industrie, qui est la mère du commerce. La sphère des connoissances s’étendit, & l’activité de l’esprit françois embrassa tout.
Dans cette révolution générale, l’économie politique fut également éclairée d’un rayon de cette lumière naissante, & l’on commença de voir sous un jour nouveau les droits imposés sur les marchandises, lesquels jusques-là n’avoient été que de simples tributs payés au fisc, & des moyens d’augmenter les revenus de la couronne.
On fit entrer ces droits pour quelque chose dans le systême de l’administration, & on entrevit que quoiqu’ils dussent leur origine à la nécessité, on pouvoit cependant s’en servir utilement pour favoriser le commerce, & en faire une espèce de sauve-garde pour les manufactures nationales. L’aurore de ces vues politiques s’annonce par le préambule de la déclaration du 7 septembre, & l’édit du 25 novembre 1540 ; mais elle fut bientôt obscurcie par les horreurs des séditions & des guerres civiles nées sous les petits-fils de François Ier[2]. Sa clarté bienfaisante guida quelques instans le grand Henri,
- ↑ On suivit sous ce regne, à l’égard des droits d’entrée & de sortie, le plan établi sous le roi Jean.
L’ordonnance du 18 décembre 1488, renouvelle les dispositions de l’instruction de 1398, & prescrit l’établissement de différens bureaux en Champagne, à Arras, Tournay, Saint-Omer & Boulogne, pour la perception de la foraine. L’article 6 accorde aux marchands de Brabant, de Hollande & Hainaut & autres étrangers, la facilité de remporter chez eux, en exemption de droits, les draps, denrées & marchandises qu’ils auront apportées dans le royaume, & qui seront restées invendues, en prenant certification des receveurs ou commis des lieux où elles auront été déchargées. L’article 9 porte qu’il sera établi des commis-receveurs de l’imposition foraine à Dijon & Châlons-sur-Saône, & autres villes de Bourgogne, nouvellement retournées à la couronne, & où ce droit n’avoit point encore été recueilli ; les articles 13, 14, 15 & 16 donnent aux fermiers, qui étoient alors par provinces ou diocèses, la faculté de visiter les balles & ballots après les déclarations, ou au passage des marchandises qui auront déja acquitté la foraine, dans une autre province.
- ↑ On ne peut donner une idée plus exacte des désordres de ces tems malheureux, qu’en rapportant le résultat des calculs présentés en détail pour chaque diocèse du royaume, dans le secret des finances, imprimé en 1581. Fromenteau, qui en est l’auteur, prétend que depuis 1548, jusqu’au 31 octobre 1580, il fut levé en France quatre milliards sept cents cinquante millions de livres ; le marc d’or étant alors à cent quatre-vingt livres, & celui d’argent à quinze livres, taux moyen pris
