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B.


BONTÉ. Nous«v»ns fait hier une promenade chararunte, nous avons*porté chez Nicole ( cette jeune paysanne dont je vous ai déjà parlé ). tous les meubles 8e tous les habits que nous lui destinions. [ Adèle s’étoit chargée du paquet des enfar.s , Se malgré un chaud excessif, elle s’est obstinée à le feni» toujours fur ses genoux Mut le temps que flous avons été en voiture. Elle est arrivée en nage à la chaumière ; son coeur battoît d’une si étrange fo.ce, qu’on en voyoit tous ks mouvemens , ses ; joues étoient colorées d’un rouge éclatant, 8e la joie la plus vive Se la plus pure étinceloit dans ses yeux. Age heureux Se charmant, où chaque geste, chaque action , est une expression aussi fidèle que naïve des sentimens de Tame ! A mesure quo nous perdons de cette aimable innocerce.le muet Sr touchant langage du regard 8c de la physionomie devient morns intellig ble ; mais il ne devient trompeur que lorsqu’on est parvenu au dernier degré de la corruption , car il y a une fausseté bien plus profonde Se bien plus criminelle à tromper par ks expressions de son visage que par . des discours étudiés : celui qui ne peut faire un mensonge qu’en rougissant, n’est point encore un menteur, 8c tant que nous conservons quelques traces de ce caractère d’ingénuité, nous ne sommes point encore pervertis. Mais poùr ievônir à mon Adèle, en descendant de voiture elle nous quitte tout en courant Se traînant derrière elle , dans la poussière, son gros paquet qu’elle n’avoit pas la force de porter, en entrant dans la chaumière, nous la trouvons déshabillant déjà une des petites filLs pour lui mettre-une robe neuve, St tout en essayant cette robe elle répétoit à chaque instant , c’est moi qui ai.sait cet ourlet : c’est moi qui ai cousu ce ruban, attaché cette.

  • graffe > 8ec. Si ce petit tableau vous tût intéressé,

vous auriez éprouvé plus de plaisir encore en voyant la satisfaction de la jeune fermière 8e de fa famille ; je n’ai jusqu’ici trouvé que dans cette classe obscure, Tespèce de reconnoisstnee qui seule peut honorer la nature humaine ; moins corrompus que nous ne le sommes, un bienfait les touche, mais ne les surprend point, tandis que Textrême étonnement que nous marquons d’une bonne action est un aveu tacite que nous serions incapables de la faire. Adieu, ma chère amie , je vous quitte pour lire avec Adèle , qui dans ce moment grimpe fur mon fauteuil, te [me presse de lui donnet fa leçon. Ma petite Adèle vient de faire une si jolie actiov , que je ne puis m’íaipècher de. vous h conter, Se je r’ouvre ma lettre tout exprès. Après fa leçon de lecture, nous avons été promener» 8c dans Tallée de maionniers nous icncontrons un petit oiseau qui commençoit à voler , nous le prenons, Se Adèle» transportée de joie , le rapporte dans ma chambre 8e le met dans une cage . ensuite elle l’en retire à chaque instant , Tétousse de caresses, Se trois ou quatre fois le pleuie comme mort. Ici commence notre dialogue que voici mot pour mot. i AoELi. Maman , mon oiseau a faim. Moi, écrivant à mon bureau^ Donnez-lui à manger, vous avez ce qu’il vo«£ [ faut. | ADÈLE. Maman, il ne veut pas manger... Moi. Cest qu’il est triste.... ABELI. Pourquoi donc ? Moi. Parce qu’il est malheureux.... ADÈLE. Malheureux ! ô ciel ! mon charmant petit oiseaiíi mon doux oiseau ! Et pourquoi donc est-il malheureux. Moi. Ì Parce que vous ne savez pas lui donner à man-» ger, ni le soigner, Se puis parce qu’il est en prison... ADíLI. En prison ! ... . Moi. Mais vraiment oui. Ecoute*-meî, Adèle, sise . vous enfeiruois dans uue petite, petite chambre,