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on pouroit avoir recours à l’air & aux vapeurs aqueuſes de l’air qui ſeroient dans un état d’adhérence avec les ſurfaces des corps.

Comme il ſeroit trop long d’examiner en particulier les corps qui ont des atmoſphères propres, nous nous contenterons d’indiquer ici les principaux, qui en général ſont des corps ignées, les corps lumineux, les corps magnétiques, les corps électriques, les corps animaux & les végétaux, & les ſubſtances odoriférantes. Mais nous prévenons ici que ces atmoſphères ne ſont point mues comme de petits tourbillons ; leur exiſtence eſt bien loin d’être prouvée. Le grand nombre des particules dont ſont compoſées les atmoſphères des corps terreſtres, n’a d’autre mouvement que celui de s’élever dans la maſſe de l’air environnante ; une autre partie ſe répand en tous sens, & une dernière enfin reſte plus ou moins adhérente à la ſurface des corps.

Atmosphère des corps ignées. Les corps incandeſcens & enflammés ; les corps brûlans ou chauds, de quelque nature qu’ils ſoient, ont autour d’eux une eſpèce d’atmoſphère, formée par la matière du feu qui en ſort continuellement par tous les points de leur ſurface : cette atmoſphère de feu eſt leur ſphère d’activité ; & tous les autres corps qui n’en ſont pas éloignés, en reſſentent les effets. On sent la chaleur à une certaine diſtance du feu. L’intenſité de cette activité eſt toujours en raiſon inverſe du quarré des diſtances. La matière du feu, en ſortant des corps chauds, entraîne toujours avec elle pluſieurs parties propres à ces corps, car la plupart diminuent de poids : ainſi leur atmoſphère n’eſt pas ſeulement compoſée du calorique ou matière de la chaleur.

Atmosphère des corps lumineux. Les corps lumineux doivent être conſidérés comme les centres d’autant de ſphères d’activité ; & l’intenſité de leur lumière eſt en raiſon réciproque du quarré des diſtances à ce centre. L’expérience prouve que les corps lumineux ont autour d’eux une ſorte d’atmoſphère lumineuſe qui eſt très-viſible, même de loin : on en ſeroit convaincu, en conſidérant une ſimple bougie allumée. D’ailleurs, la perte de ſa ſubſtance que fait continuellement tout corps terreſtre lumineux, prouve aſſez la réalité d’une eſpèce d’atmoſphère lumineuſe. On obſervera qu’on ne doit donner le nom d’atmoſphère qu’à la portion de lumière qui entoure le corps lumineux & qui peut être tranſporté avec lui. La portion la plus abondante qui eſt diſſipée au loin, a appartenu, avant la diſjonction, à l’atmoſphère à laquelle elle eſt enſuite devenue étrangère. Cette remarque a lieu pour les articles ſuivans.

Atmosphère des corps magnétiques. Lorſqu’on place un aimant ou un morceau de fer aimanté ſous un carton, & qu’on tamiſe ſur ce carton de la limaille de fer, on voit celle-ci s’arranger en différentes courbes régulières, qui ſemblent annoncer qu’un fluide magnétique circule autour des corps aimantés. Cette limaille ſe meut, s’élève & s’abaiſſe tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, lorſqu’on remue l’aimant par-deſſous le carton, ce qui indique une atmoſphère magnétique qui agit ſur les parcelles de limaille à une certaine diſtance. Voyez Aimant & Magnétique.

Atmosphère électrique. Un tube de verre électriſé, un conducteur qui eſt dans un état actuel d’électriſation, donnent même à une certaine diſtance des ſignes d’électricité à ceux qui s’en approchent. On ſent d’abord l’impreſſion d’un vent frais, enſuite celle que feroit une toile d’araignée ; on apperçoit après, de la lumière ſuivie d’une étincelle, lorſque l’approximation devient progreſſivement plus grande. Un corps électriſé eſt donc environné de toutes parts d’une matière fluide, analogue à la lumière & au feu, c’eſt-à-dire, d’une atmoſphère électrique. Mais tout ce qui regarde ce sujet ne peut bien être traité que dans l’article Électricité & dans ceux qui y ont rapport. M. l’abbé Nollet, & ſes partiſans, ont prétendu que la matière affluente & effluente qui exiſtoit en même-temps autour d’un corps électriſé, formoit l’atmoſphère électrique, & étoit la cauſe des attractions & des répulſions. On a déjà vu à l’article Affluences, combien cette opinion étoit peu fondée ; nous y renvoyons ainſi qu’aux autres articles d’électricité. Comme il n’y a point de ſimultanéïté dans les affluences & dans les effluences ; que le fluide eſt ou effluent des corps électriſés-poſitivement, ou affluent vers ceux qui ont une électricité négative, il en réſulte que l’atmoſphère électrique ne peut être formée que par le fluide électrique effluent, ou par le fluide électrique affluent, & plus particulièrement par cette portion de ce fluide dont l’air ambiant empêche la diſſipation.

Atmosphère des corps odoriférans. Toutes les ſubſtances odorantes, animales, végétales ou minérales ſont environnées d’une atmoſphère, formée par les effluves ou émanations qui s’échappent de ces corps. Si ces ſubſtances diverſes font une impression ſur l’organe de l’odorat, à une certaine diſtance, ces ne peut être que par le moyen des effluves continuels qu’ils exhalent autour d’eux ; car nul effet ſans cauſe, nulle impreſſion ſans mouvement produit. Or, à un éloignement du corps odoriférant, il n’y a que les écoulemens & émanations qu’il lance de tous côtés, qui puiſſent produire ſur l’organe un effet ſenſible. Mais le corps odorant, étant un centre duquel partent de tous côtés des rayons odoriférans, c’eſt-à-dire, des ſuites de corpuſcules qui lui ſont propres, il eſt de toute néceſſité qu’il ſoit environné d’une atmoſphère odorante, qui diminuera de vertu en raiſon inverſe du quarré des diſtances.

Le ſoufre, & les matières bitumineuſes, étant

frottés