Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/531

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lume égal de fluide dans lequel il eſt plongé, & produiſe par cette aſſociation une force aſcensionnelle. Ce corps ſurnageant enſuite ſur l’eau, un foible degré de mouvement ſuffira pour le faire mouvoir, & conſéquemment pour le tranſporter. Jetons les yeux ſur un radeau ou un bateau fortement chargé, on verra bientôt que l’équilibre hydroſtatique exiſtant, un homme ou un cheval ſuffiſent pour les tranſporter ſur une eau tranquille, & que pour augmenter l’intenſité du mouvement, il ſuffit de multiplier le nombre des forces motrices. Eh bien ! ſi on a déjà conſtruit un globe aéroſtatique d’une grandeur proportionnée au poids qu’on veut ſoutenir en l’air, & que l’équilibre s’y trouve, le globe & la maſſe reſteront ſuſpendus dans l’air ; & dans cet état, un cheval ou un homme qui le tireroient avec une corde, ſeroient capables de déterminer le globe & le poids à ſe mouvoir dans une direction horiſontale, & il ne faut pas plus de force pour le tirer ou le tranſporter d’un lieu dans un autre, que pour tirer ſur un canal un radeau ou un bateau chargé.

Si quelqu’un doutoit de cette vérité, il pourroit ſe rappeler que ſi deux baſſins de balance ſont chargés chacun d’une livre, de cent mille ou de mille milliards de livres, l’équilibre y étant par le moyen des deux poids qui ſe contrebalancent, un petit poids ſurajouté, & ſi la balance eſt bien faite, un atome ſeroit capable de la faire pencher d’un côté, c’eſt-à-dire de produire le mouvement & le tranſport local ; de cette manière on pourroit faire des chariots, des voitures & des meſſageries qui iroient à fleur de terre, ſi je puis parler ainſi. N’a-t-on pas fait il y a quelques années, en Hollande, des charriots à voile qui étoient mus par le vent ſur la ſurface des chemins publics. C’eſt par des moyens de cette eſpèce qu’on pourra arracher des pilotis, enlever des arbres des lieux inacceſſibles, tirer des vaiſſeaux ſubmergés, &c. &c.

Combien de connoiſſances précieuſes n’acquerra-t-on pas ſur cette partie précieuſe de la Dynamique, qui s’occupe de la chûte des graves ? On ne fera, je le ſais, que confirmer par des expériences plus en grand, que ne l’avoient fait Grimaldi, Riccioli, & Deſaguliers, la belle théorie de Galilée, ſur l’accélération des graves, & ſur les lois qu’ils ſuivent. Mais au lieu de ne laiſſer tomber des boules de différentes matières que d’une hauteur égale à celle de la coupole de Saint-Paul de Londres, c’eſt-à-dire, de deux cents ſoixante & douze pieds d’Angleterre, on pourra répéter l’expérience à une hauteur beaucoup plus grande, & connoître non les lois de l’accélération, bien déterminées, mais celles que ſuit la réſiſtance de l’air, & ſavoir après quel eſpace parcouru le mouvement accéléré ſe changera en mouvement ſenſiblement uniforme, &c. Un obſervateur aéroſtatique, lâchant à une certaine hauteur des boules de diverſes matières & de volumes différens à un inſtant déterminé, & connu par une bonne montre à ſecondes, d’accord avec une pendule qui ſeroit devant les yeux d’un obſervateur placé ſur la terre, il ſerait facile de déterminer tout ce qui a rapport à cet objet. (V. le mot Parachute).

Pluſieurs autres parties de la Phyſique dont nous n’avons pas parlé, recevront également un nouveau jour & une nouvelle certitude de la ſcience aéroſtatique ; pluſieurs d’entre elles ont beſoin d’être refondues dans ce nouveau creuſet, ſi on peut parler ainſi, pour les ſéparer de tout alliage. Qui ſait, par exemple, ſi la direction de l’aimant, ſa déclinaiſon, ſi ſon inclinaiſon ne ſeront pas plus régulières dans les globes que ſur la terre, où différentes cauſes peuvent les altérer & les faire varier ? Qui ſait ſi, …

Quel avantage pour un aſtronome de pouvoir obſerver au-deſſus des nuages qui ſi ſouvent couvrent le ciel aux habitans de la terre. Quelquefois on a entrepris des voyages intéreſſans pour faire de ces obſervations rares, qui ne ſe préſentent qu’au bout d’un grand nombre d’années, & qui font époque dans l’hiſtoire des Siences. Un ciel couvert a, dans certaines circonſtances, rendu les voyages de nul effet, & a occaſionné de l’incertitude dans les réſultats de pluſieurs obſervations qui devoient être correſpondantes à celles qui ont manqué. L’invention des globes aéroſtatiques fournira à l’avenir des reſſources aſſurées contre de pareils accidens. De plus, les réfractions ne ſeront pas ſi grandes, les rayons de lumière traverſant une maſſe d’air de moindre épaiſſeur, & cet air étant de plus en plus moins denſe, & moins mêlé de vapeurs & d’exhalaiſons.

M. de Morveau, dès le 18 novembre 1783, avoit penſé à appliquer la découverte de MM. de Montgolfier, à l’extraction des eaux dans les profondeurs des mines, ainſi qu’il conſte par ſon mémoire lu à l’académie de Dijon. Juſqu’alors on avoit penſé à extraire des ſouterrains où l’on fait le travail des mines, les eaux qui affluent ſans ceſſe, ſoit en creuſant des réſervoirs, & faiſant venir par des canaux des eaux de loin, pour faire mouvoir des pompes, ſoit en les faiſant aller par des chevaux ; la pompe à feu, dont les effets ſi puiſſans, ne peut être employée que dans les mines de charbon, où leur conſommation devient encore un objet très-conſidérable & fort onéreux, ainſi que le prouve la pompe à feu de Montrelais en Bretagne, par exemple, qui conſomme près de ſix quintaux par heure, ou 40 bennes en douze heures que dure le travail.

Il eſt donc à propos d’examiner ſi on ne pourroît pas ſuppléer à ces moyens par d’autres, & s’il ne