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ſuit qu’on peut rendre très-ſenſibles les plus petites variations du baromètre. En effet, lorſque le mercure baiſſe d’une ligne dans le renflement ſupérieur, il s’élève de cette quantité dans l’inférieur qui lui eſt égale ; mais l’huile de tartre qui y étoit contenue, eſt alors obligée de monter dans le tube, dont le diamètre eſt plus petit & comme les volumes ſont égaux, & que les capacités diffèrent beaucoup, la marche de l’huile de tartre dans le tube a une étendue d’autant plus grande, qu’il y a plus de différence entre le diamètre du tube & celui du renflement ou phiole cylindrique. En un mot, dans les variations de hauteur du mercure de cet instrument, la liqueur ſuit ſes mouvemens, elle monte & deſcend dans le ſecond tube, & ſes variations de hauteur dans le tube & dans le cylindre ſont en raiſon inverſe des carrés de leur diamètre.

Le maximum de variation de ce baromètre eſt le même que celui de Deſcartes. Dans cette conſtruction le poids de la liqueur ſur le mercure doit être toujours conſidérée comme joint au poids de l’air ; en ſorte que le mercure pourroit être ſenſiblement immobile, ſi le diamètre des cylindres pouvoit être aſſez grand relativement à celui du tube qui contient la liqueur, pour qu’une variation inſenſible de la hauteur du mercure dans le cylindre, produisît dans la hauteur de la liqueur une étendue de variation, qui fût à celle de deux pouces, comme la peſanteur ſpécifique du mercure ſeroit à celle de la liqueur. M. Huyghens a démontré géométriquement que les variations de ſon baromètre ſont à celles du baromètre ſimple, comme quatorze fois le carré du diamètre du cylindre ou renflement eſt à une fois ce même carré, plus vingt huit fois le diamètre du tuyau qui contient la liqueur (Ancien Mémoire de l’Académie des Sciences, tome X, page 542.)

Ce baromètre indique donc beaucoup mieux les plus petites variations de la peſanteur de l’air que le baromètre commun, puiſqu’au lieu de deux pouces le fluide pourra varier beaucoup davantage, tant à cauſe de la groſſeur des renflemens cylindriques par rapport aux tubes, qu’à cauſe de la peſanteur de l’eau qui eſt moindre que celle du mercure ; car 14 pouces d’eau équivalent à un poids de mercure. En augmentant le diamètre des cylindres, la variation deviendra encore plus ſenſible.

D’après la conſtruction du baromètre d’Huygens qui n’est qu’une eſpece de variété de celui de Deſcartes, on conçoit que cet inſtrument marque les variations qui arrivent à la preſſion de l’air dans un ordre inverſe du baromètre ſimple, & que pour empêcher l’évaporation de l’huile de tartre, on doit y mettre une légère couche d’huile.

Ce baromètre a pluſieurs défauts. La colonne de mercure eſt ſoutenue au-deſſus du niveau, non ſeulement par la preſſion de l’air, mais encore par celle de la liqueur ajoutée (par exemple, de la diſſolution de tartre ou de l’eau colorée contenant un peu d’eſprit de nitre, pour empêcher la congelation pendant l’hiver) ; preſſion de la liqueur ajoutée qui eſt d’autant plus grande qu’elle eſt plus haute : d’où il réſulte que le mercure eſt ſoutenu dans ce baromètre à une plus grande élévation que dans le tube de Toricelli. Quand la preſſion de l’air diminue, celle de l’huile de tartre augmente, & réciproquement, parce qu’alors la marche du mercure fait paſſer l’huile de tartre d’une grande capacité dans une petite, ou d’une petite dans une grande, ce qui évidemment diminue ou augmente l’effet naturel de la preſſion de l’air, parce que les fluides pèſent en raiſon des hauteurs & des baſes.

Le frottement de la liqueur dans un tube étroit, lequel augmente avec l’élévation de cette liqueur, élévation qui eſt plus ou moins grande dans un temps que dans un autre ; ce frottement étant variable, doit nuire plus ou moins à la liberté du mouvement que produit la preſſion de l’air.

Lorſque la liqueur deſcend beaucoup par une grande augmentation de la peſanteur de l’air, le tube reſte mouillé dans toute l’étendue que la liqueur abandonne, ce qui diminue ſon volume, & la fait baiſſer plus qu’elle ne baiſſerait ſans cela. Le tube ſe sèche enſuite, ſoit par l’écoulement, ſoit par l’évaporation, ce qui augmente la réſiſtance que la liqueur trouve à monter quand le poids de l’air diminue. L’évaporation de la liqueur eſt favoriſée par ſes balancemens dans le tube, de ſorte qu’au bout de quelque temps elle n’indique plus ſur les même parties de l’échelle les mêmes poids de l’air qu’elle indiquoit au commencement. Enfin la chaleur agit ſur la colonne de liqueur, & la rend ſpécifiquement plus ou moins peſante, & ces changemens influentplus ou moins ſur la hauteur du baromètre, ſuivant la longueur de la colonne qui varie par les changemens de poids de l’air, de ſorte que les variations de cette eſpèce de baromètre ſont preſqu’autant l’effet de la chaleur que de la preſſion de l’air. (Recherches ſur les modifications de l’atmoſphère, par M. Deluc, tome Ier.)

Baromètre du docteur Hook. Le docteur Hook corrigea le baromètre double d’Huyghens. Ce baromètre, repréſenté figure 298, eſt compoſé de deux tubes & de trois renflemens ou phioles cylindriques. La moitié du cylindre ſupérieur H, le tube recourbé H, e, & la moitié du cylindre inférieur & intermédiaire e b g ſont remplis de