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mètre & baroſcope, qu’entre thermomètre & thermoſcope ; celui-ci annonce une variation de température, une augmentation de chaleur ou de froid, mais n’en donne pas la meſure ; le thermomètre au contraire marque les degrés précis de cette augmentation. Il y a des perſonnes qui, ayant reçu autrefois de profondes blessures dont elles gardent encore les cicatrices, ſont averties des changemens ſucceſſifs dans le poids de l’air atmoſphérique, on pourroit dire qu’elles ſont des baroſcopes vivans.

On a prétendu dans ces derniers temps que la grenouille verte qu’on trouve ſur les haies, mise dans un bocal en partie plein d’eau, étoit un baromètre vivant, ou plutôt un baroſcope. La grenouille ſe tient, dit-on, au haut du bocal, tant que le temps eſt beau, & elle deſcend dans l’eau, lorſque le temps eſt diſposé à la pluie. Les ſang-ſues ſont encore des ſignes indicateurs des changemens de temps ; car lorſque le temps va ſe mettre au beau, ces animaux ſortent à moitié ou entièrement de l’eau, en ſe collant contre les parois du bocal de verre où on les obſerve : elles vont au fond, lorſque le temps eſt à la pluie. Si le temps eſt au vent elles s’agitent plus ou moins, & à l’approche d’un orage, elles ſont tellement agitées, qu’on leur voit faire mille mouvemens divers ; quelques pierres ſont des baroſcopes. Voyez Hygroscope.

Les baromètres, inſtrumens précis & exacts, ont fait aujourd’hui négliger les baroſcopes, & on n’en voit plus ; ces machines, s’il en exiſtoit encore, ne ſeroient pas dignes d’un amateur des ſciences ; car on doit toujours préférer les connoiſſances préciſes à celles qui ne ſont que vagues, & l’inſtrument qui meſure à la machine qui ne laiſſe qu’entrevoir. Or le baroſcope, ainſi que ſon nom l’indique, étant compoſé de deux mots grecs qui ſignifient en latin pondus, video (poids, je vois), ne peut donner qu’un apperçu & non une meſure fondée ſur une échelle & des diviſions préciſes.

Les obſervations qu’on a faites ſur certains ſignes qu’on apperçoit quelquefois dans l’atmoſphère, peuvent, dans certaines circonſtances, tenir lieu de baroſcopes ; en voici un exemple qu’on tient du frère de M. Deluc, qui l’a obſervé aux volcans d’italie. Quand l’air eſt calme, ou que ſon agitation n’eſt pas grande, les exhalaiſons qui ſortent du Vesuve, de Vulcano & de Stromboli, s’élèvent juſqu’à une certaine hauteur & s’étendent enſuite horiſontalement, du côté où le courant de l’air les détermine. Cette couche horiſontale ſert de baromètre aux habitans du pays ; elle s’élève ou s’abaiſſe (toutes choſes égales d’ailleurs), comme le mercure monte ou deſcend dans le baromètre (Voyez Pluie ; ſignes de pluie ; Hygroscope ; Pronostic).

BARREAUX MAGNÉTIQUES. C’eſt le nom que l’on donne à des lames d’acier fortement aimantées. Afin que ces barreaux aient une grande vertu magnétique, il eſt néceſſaire qu’elles ſoient d’un bon acier, qu’elles ſoient bien forgées, parfaitement dreſſées & polies, qu’elles aient reçu une forte trempe : ces conditions ſont indiſpenſables pour qu’elles puiſſent acquérir & conſerver long-temps la vertu magnétique qu’on leur aura communiquée. Parmi les méthodes d’aimanter, on doit choiſir celles qui donnent plus d’énergie aux barreaux ; nous expoſerons les principales aux articles relatifs à l’aimant (Voyez Magnétisme ; Aimant, Aimant artificiel).

Les barreaux magnétiques ſont ſuſceptibles de différentes formes, & peuvent avoir diverſes dimenſions. Les uns ſont demi-circulaires, ou en fer à cheval ; d’autres ſont droits. Parmi ces derniers il y en a qui ont environ deux lignes d’épaiſſeur & autant de largeur, ſur trois pouces environ de longueur, creuſés dans le milieu d’un petit trou conique, en forme de chape ; étant mis ſur un pivot, ils ſervent comme une aiguille de bouſſole, & de plus ont l’avantage de faire connoître par leurs oſcillations les parties ferrugineuſes contenues dans les ſubſtances qu’on leur préſente. Il y en a d’une grandeur moyenne qui ont environ ſept pouces de longueur ; d’autres 12, 15 ou 18 pouces de longueur, ſur une largeur de 12, 15, ou 18 lignes de largeur, & une ligne ou une ligne & demi d’épaiſſeur. Les barreaux qui ont plus de longueur communiquent une vertu magnétique, bien plus énergique que ceux qui ſont plus courts. On a ſoin avant de tremper ces barreaux de marquer une de leurs extrémités par une N & l’autre par une S, pour déſigner le pole nord & le pole-ſud.

Pour conſerver les barreaux ainſi aimantés, on a ſoin de les mettre dans une boîte aſſez large pour les contenir deux à deux, ou quatre à quatre, mais ſéparés par une règle de bois de même largeur, de l’épaiſſeur d’un pouce ou deux, & preſque de la même longueur : on met en oppoſition les poles de ces barreaux, de ſorte que le bout N réponde au bout S de l’autre, & réciproquement. On réunit encore les barreaux par deux parallélipipèdes de fer doux, dont la longueur eſt égale à l’épaiſſeur des deux ou des quatre lames d’acier avec la règle de bois ; la largeur eſt la même que celle des lames, & l’épaiſſeur eſt d’environ un pouce ou un pouce & demi. Ces deux parallélipipèdes ſe nomment Contacts, chacun eſt placé à une des extrémités de ces barreaux : c’est avec cette diſposition qu’on les met dans la boîte, & c’eſt auſſi de cette façon qu’on les en retire. Pour cet effet, j’ai fait creuſer au milieu des deux côtés de la boîte un vide pour y inſérer l’extrémité du pouce & de l’index, afin de ſaiſir enſemble ces barreaux, car il eſt à propos de les enlever en