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sur le mercure ; il le laiſſa en digeſtion ſur le feu pendant quinze ans, ſans qu’il y eut aucune apparence de transformation. Ce fut ſa dernière production : excédé par de longues veilles, il mourut le 28 ſeptembre 1736, âgé de 69 ans.

BOIS ÉLECTRIQUE. Le père Ammerſin, minime, a fait un petit ouvrage ſur l’électricité propre du bois ; comme il contient une découverte & pluſieurs expériences auſſi utiles que curieuses, il ne ſera pas hors de propos de faire connoître ici les réſultats principaux qu’il a trouvés.

1o. Le bois eſt électrique par ſa nature ; le frottement développe le fluide électrique, lorſqu’on en a chaſſé l’humidité qu’il contient ordinairement. Pour lui donner le degré de ſicité néceſſaire, on peut le mettre dans le four d’un boulanger, après que le pain en a été ôté, ou le mettre pendant quelque temps ſur le côté d’un tuyau de cheminée où l’on fait habituellement du feu, ou bien l’expoſer au-deſſus des charbons ardens, juſqu’à ce qu’il devienne d’une couleur brune, ſans être néanmoins brûlé ; car, dans ce cas, il n’auroit pas aſſez de conſiſtance pour être frotté efficacement.

2o. Les bois que le père Ammerſin a éprouvés avec ſuccès, ſont les bois les plus communs, comme le Hêtre, le Chêne, l’Aune, le Noyer, le Tilleul, &c. Les expériences qu’on a faites depuis font penſer avec raiſon qu’ils ſeroient tous électriques, s’ils étoient frottés convenablement. Les bois résineux m’ont paru plus électriques que d’autres ; je ſuis surpris que le père Ammerſin n’en parle pas.

3o. Avec le bois ainſi ſéché, on obtient quelquefois une électricité plus forte que ne l’eſt communément celle du verre : & quidem quando que majorem ipso vitro, dit le père Ammerſin dans ſon ouvrage.

4o. Cette propriété du bois conſtatée, il eſt clair qu’on peut ſubſtituer un cylindre, un globe de bois, au tube & au globe de verre ; un plateau de bois à celui de glace, &c. Mais il eſt à propos de faire deſſécher le bois avant de le façonner, afin qu’il conſerve mieux la figure qu’il aura reçue du tourneur ou du menuisier. Le père Ammerſin a employé avec ſuccès des meſures à blé, miſes en mouvement par une machine de rotation.

5o. Le bois ainſi deſſéché peut ſervir à faire des iſoloirs de toute eſpèce, des tabourets très-grands ; la tablette & les pieds peuvent être de ce bois devenu électrique, non conducteur par la deſſication.

6o. Afin que le bois, ainſi préparé, conſerve ſon électriſabilité & ne reprenne pas l’humidité que ſes pores abſorberoient facilement, il faut le faire bouillir dans une huile ſeccative, dans la cire, ou au moins l’enduire avec quelque vernis.

7o. S’il arrive que le bois perde en tout ou en partie ſa propriété électrique, par le laps de temps, il ſuffit de le faire ſécher, & de le faire bouillir de nouveau dans l’huile ; ſouvent même en l’eſſſuyant parfaitement on lui rend ſa vertu.

8o. Le papier & l’étoffe ſont les frottoirs qui ont été employés le plus ſouvent, mais les frottoirs qui ſervent pour le verre, peuvent être ici employés indifféremment.

9o. On ne réuſſit à électriſer le verre, du moins à un certain point, que lorſqu’il eſt bien refroidi ; le verre chaud ne donne pas autant d’électricité. Voyez Brevis Relatio de Electricitate propria lignorum ; authore P. Wendelino Ammerſin (V. encore Bâton de bois électrique).

BOÎTE À CUIRS. C’eſt une boîte cylindrique de cuivre qu’on met au ſommet de quelques récipiens de la machine pneumatique, & qui, par le moyen d’une tige de cuivre, ſert à tranſmettre divers mouvemens dans le vide. La figure 170 la repréſente ſéparée du récipient, & ouverte. F eſt la boîte ; G, H, ſon couvercle qui ferme à vis, comme o l voit en G. La tige V, I, terminée, par un anneau, V, paſſe par le trou du milieu du couvercle, & traverſe entièrement la boîte. u eſt la vis inférieure qui entre dans l’écrou d’une virole maſtiquée au goulot d’un récipient ouvert à ſon ſommet. I eſt une vis qui ſert à retenir diverſes petites pièces qu’on ajuste ſucceſſivement à l’extrémité inférieure de la tige, V, I.

La capacité intérieure de la boîte F, eſt entièrement remplie de rondelles de cuir, c’eſt-à-dire, de tranches de cuir coupées circulairement, & percées dans le milieu d’un trou pour recevoir la tige, V, I, qui pourra alors gliſſer librement de haut en bas & de bas en haut, & tourner circulairement, lorſque la main fixée à l’anneau V lui imprimera ces divers mouvemens, & conſéquemment aux petits appareils ajuſtés en I.

On prend ordinairement du cuir de bufle qu’on laiſſe tremper pendant quelque temps dans un mélange chaud de suif & d’huile d’olive ; on les perce avec un poinçon dont le diamètre ſoit moindre que celui de la tige V, I, & non avec un emporte-pièce, afin que les bords joignent fortement la tige. D’un autre côté les tranches de cuir ſont très-preſſées dans la boîte, lorſque le couvercle y eſt viſſé. Il réſulte de cette conſtruction que l’air ne pourra point s’introduire par la boîte dans le récipient pneumatique dont on aura évacué l’air, quoiqu’on faſſe jouer la tige.