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d’Hydrographie, & il remplit parfaitement l’attente que le public avoit de ſes talens prématurées.

À l’âge de 29 ans il remporta le prix de l’Académie des Sciences ſur la meilleure manière de mâter les vaiſſeaux. On y reconnut ce génie inventeur qui peut ſeul procurer l’avancement des Sciences, & le bien de la ſociété. En 1729, M. Bouguer remporta le prix ſur la meilleure manière d’obſerver en mer la hauteur des aſtres, & en 1731 celui ſur la méthode la plus avantageuſe d’obſerver en mer la déclinaiſon de l’aiguille aimantée.

Son Essai d’optique ſur la gradation de la lumière, parut en 1729. Ce traité eſt d’un genre abſolument neuf. On avoit bien examiné tout ce qui concerne la direction, la réflexion, ou la réfraction de ſes rayons ; mais preſque perſonne ne s’étoit aviſé d’examiner ſon intenſité, & de meſurer combien elle s’affoibliſoit en traverſant les différens milieux diaphanes. Un mémoire de M. de Mairan, lu à l’Académie en 1721, fut l’occaſion de cet ouvrage. Un des objets de ce mémoire étoit de déterminer ce que la lumière du ſoleil perdoit de ſon intenſité, en traverſant l’atmoſphère, & M. de Mairan propoſoit un moyen pour réſoudre ce problême, en meſurant la lumière de cet aſtre au ſolſtice d’hiver & au ſolſtice d’été. M. Bouguer n’entreprit d’abord que de faire avec ſoin l’obſervation demandée par M. de Mairan ; mais frappé de l’utilité dont une pareille recherche pouvoit être ſuſceptible, il généraliſa ſes idées, & entreprit de faire des obſervations ſuivies ſur la gradation de la lumière ; il prit pour terme de comparaiſon une ou pluſieurs bougies, toujours conſtamment de même groſſeur, dont il égaloit la lumière à celle, par exemple, de la lune à différentes hauteurs ; en les approchant plus ou moins du plan deſtiné à les recevoir ; il compara de même la lumière du ſoleil, affoiblie par des verres concaves ou par différens milieux dont l’épaiſſeur lui étoit connue, à la lumière de ces mêmes bougies. Ce ſont ces expériences & les réſultats qu’il en a tiré qui compoſent cet ouvrage.

Peu d’années après avoir été reçu à l’Académie des ſciences, il fut choiſi pour le voyage à l’équateur. Personne n’ignore les voyages que l’Académie a entrepris à l’équateur & au cercle polaire, pour déterminer la meſure des degrés & la véritable figure de la terre. M. Bouguer s’embarqua à la Rochelle le 16 mai 1735, avec MM. Godin, de la Condamine, & de Juſſieu le cadet, de cette Académie, ſur un vaiſſeau du roi deſtiné pour S. Domingue, & arriva à Quito un an après. On connoît le ſuccès de ce voyage, & la grande part que M. Bouguer y a eu. On expoſera ſeulement ici ce que M. Bouguer a plus particulièrement obſervé, & qui lui appartient plus que le reſte.

On peut mettre de ce nombre ſes épreuves ſur l’allongement & le raccourciſſement des métaux & des autres corps, cauſés par l’alternative du chaud & du froid, & qu’il avoit eu la facilité de faire aiſément dans les montagnes de la Cordelière, où ces deux extrêmes ſe touchent, pour ainſi dire, immédiatement ; ſes obſervations ſur les réfractions que l’extrême hauteur des montagnes où il étoit lui a permis de déduire de l’obſervation même, & le ſingulier phénomène de l’augmentation ſubite de la réfraction, lorſque l’aſtre ſe peut obſerver au-deſſous de la ligne du niveau ; les lois de la denſité de l’air à différentes hauteurs, tirées de même des obſervations faites en différens points de ces énormes montagnes ; ſa méthode pour évaluer les erreurs que peuvent connoître les pilotes dans l’eſtime de la route, par le moyen de laquelle le plus ou le moins de probabilité ſe trouve exprimé par un ſolide donné & déterminé par la ſection de ce ſolide ; une nouvelle conſtruction de Bock pour meſurer le ſillage ou le chemin des vaiſſeaux, & qui eſt exempte de preſque tous les défauts qu’on reprochoit à ces inſtrumens, &c. ; il a inventé l’héliomètre ; c’eſt une lunette à deux objectifs, qui donne la facilité de meſurer le diamètre des grandes planètes avec tant de facilité & d’exactitude ; il a fait des recherches ſur la figure que paroiſſent prendre deux lignes ou deux longues rangées d’arbres parallèles ; des expériences ſur la fameuſe réciprocation du pendule ; & d’autres ſur la manière de meſurer la force de la lumière.

En 1751, M. Bouguer donna ſon traité de navigation, dans lequel il refondit celui de ſon père ; il publia en 1756 ſon traité du navire, de la conſtruction, & de ſes mouvemens, & l’année ſuivante il donna un traité de la manœuvre des vaiſſeaux. Il étoit né le 10 février 1698, & mourut le 15 août 1758, âgé de 60 ans & ſix mois.

[ BOUILLIR (action de). C’eſt l’agitation d’un fluide, occaſionnée par le feu : voici comment s’opère cette agitation, ſelon la plupart des phyſiciens, dit d’Alembert. Les plus petites particules de la matière dont le feu eſt compoſé étant détachées les unes des autres, & pouſſées en tourbillon avec une grande vîteſſe, paſſent à travers les pores du vaiſſeau, & ſe mêlent avec la liqueur qui y eſt contenue ; par la réſiſtance qu’elles y trouvent, leur mouvement eſt détruit, ou du moins communiqué en grande partie au fluide qui eſt en repos : de là vient la première agitation inteſtine. Par l’action continuée de la première cauſe, l’effet eſt augmenté, & le mouvement du fluide devient continuellement plus violent ; de ſorte que le fluide