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& trouvèrent des réſultats très-ſatisfaiſans dont on voit le détail dans les mémoires de l’académie des ſciences, année 1745. On en trouvera ci-après un précis, ſous le titre de méthode de M. le Maire. Leurs expériences ayant de plus en plus conſtaté qu’une lame, placée ſur une ou deux autres, recevoit plus de vertu magnétique, ils aimantèrent de cette manière de petits barreaux comme ceux de Knight, & on vit que les barreaux étoient fort approchans des derniers, du moins quant à l’effet.

M. Duhamel ne s’arrêta pas là ; il aimanta enſuite, ſelon la pratique de M. le Maire, deux grandes lames dont il ſe ſervit enſuite pour aimanter de petits barreaux, en ſe conformant pour lors à la pratique dont le docteur anglois s’étoit ſervi pour aimanter ſur ſes barres les aiguilles de bouſſole, & il réuſſit non-ſeulement dans cette expérience, mais encore dans toutes celles qu’il fit pareillement à l’imitation de M. Knight. C’eſt le détail de ces nouvelles expériences qui fait le ſujet d’un autre mémoire que M. Duhamel lut dans la ſéance publique tenue le 8 avril 1750. Cet académicien eut pour adjoint, dans ce nouveau travail, M. Antheaume. On verra bientôt, ſous le titre de méthode de M. Duhamel, le précis que cet académicien en a fait.

M. Canton, connu par un grand nombre d’expériences de phyſique, entra auſſi dans cette carrière. Dans l’aſſemblée de la ſociété royale, du 17 janvier 1750, le préſident rapporta que M. Canton avoit réuſſi à communiquer à des barreaux d’acier trempé de tout ſon dur, une grande vertu magnétique, & même au maximum, & cela ſans le ſecours d’aucun aimant, ſoit naturel, ſoit artificiel ; qu’il avoit auſſi changé les pôles d’un aimant naturel, en le plaçant dans une direction renverſée, outre les pôles contraires de deux de ſes grands barreaux poſés, à quelque diſtance l’un de l’autre, dans une même ligne, & qu’il l’avoit fait même ſans que les barreaux touchaſſent l’aimant, en le plaçant ſeulement entr’eux à une diſtance d’un quart de pouce de l’un & de l’autre. La méthode de faire des aimans artificiels de ce phyſicien ſera expoſée à l’article méthode de M. Canton.

M. Michell, membre du collége de la Reine, à Cambridge, publia, au commencement de l’année 1751, un traité ſur les aimans artificiels ; il y donne auſſi une méthode de compoſer des barres magnétiques qui ne le cèdent point en force à celles de M. Knight : cette nouvelle manière, qui ſera expoſée ci-après à l’article ſuivant, méthode de M. Michell, a de ſingulier de pouvoir aiſément rétablir dans leur première vertu les barres qui auroient perdu une partie même très-conſidérable de leur force, &c. Le père Rivoire, jéſuite, a traduit en français le traité des aimans artificiels, de M. Michell, & celui de M. Canton, en 1752. C’eſt de cette traduction qu’a été tirée une partie de ce qui eſt contenu ſous le mot Aimant artificiel. Nous y avons ajouté ce qui a été découvert & publié depuis cette époque.

M. Antheaume, dans un petit mémoire ſur les aimans artificiels qui remporta le prix de l’académie impériale des ſciences de S.-Petersbourg, le 6 ſeptembre 1760, a donné une nouvelle méthode d’aimanter, qu’on trouvera ſous le titre de méthode de M. Antheaume, ſoit avec, ſoit ſans aimant naturel ou artificiel.

M. Trullard a publié, dans le journal des ſavans, en 1761, une nouvelle manière de faire des aimans artficiels d’une très-grande force, ſans le ſecours de l’aimant naturel : nous la ferons connoître dans cet article.

Un de ceux qui a fait les aimans artificiels les plus forts & les plus vigoureux, eſt ſans contredit M. l’abbé le Noble, chanoine de S. Louis du Louvre, à Paris. J’en ai vu un chez lui, qui n’étoit compoſé que de treize barreaux en fer à cheval, du poids de quinze à ſeize livres, & qui portoit deux cent trente-cinq livres. Sa méthode eſt encore un ſecret : peut-être n’emploie-t-il que les méthodes connues, en y apportant beaucoup de ſoins dans le choix de l’acier, dans la trempe, dans le poli, beaucoup de patience dans l’aimantation, &c. ? Cela eſt très-probable : on verra que dans la méthode de M. Trullard, on peut faire des aimans artificiels qui ſoient encore plus vigoureux. On peut même dire que, parmi les méthodes que nous avons rapportées, il n’y en a aucune dans laquelle, en augmentant le nombre des touches & des barreaux, la grandeur de ceux-ci, & opérant alternativement comme on le verra bientôt, on ne puiſſe faire des aimans d’une force ſurprenante. Après cet expoſé général, il eſt néceſſaire d’entrer dans le détail des diverſes méthodes.

Méthode de M. Michell. Préparez une douzaine de lames d’acier commun, peſant environ une once et trois quarts chacune, longues de 6 pouces, & larges de 6 lignes, ſur un peu plus de 6 lignes d’épaiſſeur. Trempez-les, dit M. Michell, (pag. 4 & ſuiv. de ſon ouvrage cité plus haut), & prenez garde que le feu ne ſoit ni trop vif, ni trop lent, l’un & l’autre extrême étant nuiſible ; ces lames doivent être marquées à l’une de leurs extrémités, afin de pouvoir diſtinguer l’une de l’autre. Pour le faire, il ſuffira d’y donner un ſeul coup de ciſeau dans le temps qu’elles ſont encore chaudes. Après avoir trempé ces lames, il faut en éclaircir les extrémités ſur un marbre ou ſur une roue à aiguiſer les raſoirs ; c’eſt le moyen de les rendre plus propres à ſoulever un poids, & peut-être de les rendre un peu meilleures pour aimanter des aiguilles. On peut, pour la propreté, faire polir de même la lame en entier, quoique cela ne ſoit pas néceſſaire. Les proportions qu’on vient de propoſer ſont celles qui paroiſſent convenir le mieux ; cela n’empêche cependant pas qu’on ne puiſſe faire des lames d’un autre volume & d’une autre forme ; pourvu que l’on obſerve entre leur lon-