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AIM

Tout étant ainſi diſpoſé, on paſſera trois ou quatre fois l’armure N de la pierre d’Aimant, depuis le bout N de la barre A 2, juſqu’au bout S de l’autre barre A 1, faiſant couler l’armure de la pierre tout du long des trois barres : alors la barre B 1, ſera bien aimantée ſur une de ſes faces. Il faut aimanter de même la barre B 2 ; pour cela, on tranſportera la barre A 1, du côté de la barre A 2, la plaçant de façon que le bout N de la barre A 1, touche le contact vis-à-vis le bout S de la barre B 2 ; & on tranſportera la barre A 2 du côté de la barre A 1, pour la placer de façon que le bout S de la barre A 2, touche le contact vis-à-vis le bout N de la barre B 2 ; & tout étant ainſi diſpoſé, on paſſera trois ou quatre fois l’armure N de la pierre commençant par le bout N de la barre A 2, & finiſſant par le bout S de la barre A 1. Alors la barre B 2 ſera auſſi parfaitement aimantée ſur une de ſes faces, que la barre B 1 l’avoit été par la première opération.

On écartera enſuite les deux barres A pour retourner ſur l’autre face les deux barres B, & ayant replacé, comme on l’a expliqué, les deux barres A ſucceſſivement vis-à-vis les bouts des barres B, de façon que le bout N d’une des barres A réponde vis-à-vis le bout S des barres B, & le bout S des barres A vis-à-vis le bout N des barres B, on paſſera l’armure N de la pierre commençant par N & finiſſant par S, comme nous l’avons expliqué ; alors les deux barres B étant aſſez bien aimantées, on fera un échange, & on mettra les deux barres A à la place des deux barres B, & mettant au bout vis-à-vis les contacts les deux barres B, comme on avoit mis les deux barres A, on aimantera les barres A ſur leurs deux faces, comme on a fait les barres B.

Après ces opérations, les quatre barres ſeront aſſez bien aimantées ; néanmoins on augmentera encore leur force magnétique, ſi on répète deux ou trois fois la même choſe, mettant alternativement les barres A au milieu, & enſuite les barres B ; car nous avons conſtamment remarqué que l’acier devient d’autant plus propre à acquérir une grande force magnétique, qu’il a été aimanté un plus grand nombre de fois.

Quand les quatre grandes barres ſont une fois bien chargées de vertu magnétique, on n’a plus beſoin de pierre pour communiquer une grande vertu à de petits barreaux de 9, 10, 12 pouces de longueur, ſemblables à ceux de M. Knight.

Pour les toucher, il n’y a qu’à les mettre ſur une table, comme les grandes barres, avec la règle de bois entre-deux & les contacts, fig. 407 ; placer au bout, comme nous l’avons expliqué plus haut, deux des grandes barres, celles qui paroîtront les plus foibles, A, par exemple. On poſera enſuite ſur le milieu des petits barreaux les deux bouts des barres B, de façon que le bout N de la barre B 1, ſoit du côté S du petit barreau, & le bout S de la barre B 2 du côté N du petit barreau. Alors on ſéparera les deux barres B, en les ouvrant comme on ouvre un compas, & faiſant couler la barre B 1 juſqu’à l’extrémité S de la barre A 1, & la barre B 2 juſqu’à l’extrémité N de la barre A 2 ; & cette même opération étant répétée trois ou quatre fois ſur les deux faces des deux petits barreaux, ils auront acquis une très-grande force magnétique, ſi l’acier, dont ils ſont faits, eſt trempé bien dur, & qu’il ſoit de nature à bien recevoir la vertu magnétique.

On doit employer par préférence l’acier trempé en paquet, parce qu’il eſt communément très-propre à recevoir la vertu magnétique. Il eſt bon, quand les barreaux ſont forgés, de les écrouir à petits coups de marteaux, à meſure qu’ils refroidiſſent. Les bons Forgerons ont coutume de les écailler, en trempant leur marteau dans l’eau ; & cette précaution eſt fort bonne. Il eſt bien difficile d’empêcher que les barreaux ne ſe tourmentent, quand on les trempe : pour diminuer cet inconvénient, il faut recommander aux Forgerons de ne point redreſſer leurs barreaux à froid, mais de les faire chauffer toutes les fois qu’ils veulent les redreſſer ; car les barreaux qu’on a redreſſés à froid, reprennent leur courbure, lorſqu’on les trempe.

M. Duhamel, au moyen des procédés dont nous venons de donner le détail, a communiqué à deux petits barreaux, qui peſoient 6 onces 3 ½ gros, une vertu magnétique aſſez grande pour leur faire porter 36 onces 3 gros.

Il faut, pour que les barreaux conſervent leur vertu, les tenir toujours dans une boîte avec leurs contacts, qui doivent être de fer fort doux, de même épaiſſeur que les barreaux, & ſuffiſamment larges pour que la vertu magnétique ne ſe faſſe point apercevoir au travers des contacts. On ne doit jamais les tirer ſeul à ſeul de leur boîte ; mais, lorſqu’on veut s’en ſervir, il faut les faire couler doucement de leur boîte ſur une table, & cela dans la même poſition dans laquelle ils ſont dans leur boîte, ayant la règle de bois entre eux deux, & les contacts à leurs extrémités : alors, faiſant gliſſer un des contacts, on ouvre les deux barreaux comme un compas, de façon que le pôle nord de l’un ſe préſente au pôle ſud de l’autre. Mém. de l’Acad. des Sciences, année 1750 ; & Traité des Aimans artific. par le P. Rivoire, pag. 49 & ſuiv.

Méthode combinée. Cette manière d’aimanter réunit la méthode de M. Michell & celle de M. Duhamel. On place les barreaux à aimanter, comme dans la figure 406. Enſuite on met deſſus deux faiſceaux à la façon de M. Michell, compoſés de quelques lames déjà aimantées, ainſi qu’on le voit dans la figure 400. On poſe ces deux faiſceaux ſur le milieu des barreaux, & on les tire enſuite en ſens contraire, l’un vers