Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
AIM
95

ration précédente, deux des lames de 18 pouces en ſituation parallèle, avec la précaution de les tenir ferme pendant le frottement entre leurs contacts, afin d’empêcher tout mouvement de côté, & toute altération de la figure rectangulaire nuiſible à l’effet de la manœuvre : on gliſſa ſur l’une de ces lames une vingtaine de fois le faiſceau préparé de celles de 12 pouces ; & après en avoir tourné ſur le contact de fer les pôles, dont les attractifs, comme on ſait, doivent toujours regarder les pôles attractifs des lames à aimanter, & réciproquement, on les promena autant de fois ſur l’autre lame, & enſuite ſur les faces oppoſées, avec la précaution de réunir les bouts frottans du faiſceau par ſon contact, avant que de le retirer de la lame, afin d’éviter la perte infaillible des forces, qu’on ne ſauroit aſſez ménager, ſur-tout au commencement, lorſque les pièces ſont encore plus ſenſibles à la moindre altération du tourbillon.

Après avoir aimanté de cette façon trois paires de lames de 18 pouces, on les diſtribua en faiſceaux ſemblables à ceux des lames de 12 pouces, pour fortifier à leur aide celles-ci, ſenſiblement affoiblies par les opérations précédentes ; cette touche leur communiqua un degré de force magnétique très-éminent. L’adhérence des contacts fut telle, que les lames ſe tinrent deux à deux en ſituation verticale, comme ſuſpendues au contact relevé, malgré les mouvemens inévitables d’oſcillation, & l’altération de l’équilibre troublé par le moindre gliſſement.

Le ſuccès de l’opération engagea M. Fuſſ à renforcer encore de la même manière les lames de 18 pouces, moyennant un faiſceau de celles de 12 ; afin de paſſer enſuite avec plus de force aux plus grandes lames & aux barres mêmes. Il forma en conſéquence, un faiſceau de 4 paires, dont il fit uſage pour fortifier les trois paires de 18 pouces.

Opération III. Barres de 12 pouces. Double touche verticale. Ayant aimanté ſix lames de 18 pouces, de la manière qu’on vient de le rapporter, on les diſtribua trois à trois à marques égales, en deux faiſceaux, écartés par un morceau de bois de 4 lignes d’épaiſſeur ; & après les avoir ſerrées & réunies aux bouts ſupérieurs par un contact de fer, on gliſſa les inférieurs ſur la face d’une barre de 12 pouces, dont deux étoient placées parallèlement avec leurs contacts, comme dans les opérations précédentes. Celle-ci, continuée ſur l’autre barre, à laquelle on paſſoit toujours par les contacts, ſans détacher le faiſceau, & enſuite ſur les trois autres faces, douze traits ſur chacune, étoit ſuffiſante pour les rendre magnétiques au point de pouvoir être relevées par les contacts.

On ſe ſervit enſuite avec ſuccès, du même faiſceau pour aimanter les barres de 18 pouces ; mais à cauſe de la groſſeur de ces barres, & de l’affaibliſſement que le faiſceau avoit ſubi pendant l’opération précédente, elles demandèrent plus de temps pour recevoir la force de pouvoir être traînées par les contacts.

Opération IV. Barres de 18 pouces. Double touche à compas. Pour augmenter le magnétiſme de ces mêmes barres, M. Euler ſe ſervit de deux barres de 12 pouces Α B & C D, figure 416, douées du plus haut degré de force qu’il avoit été capable de leur communiquer, en fortifiant une paire par l’autre. Il en preſſa les bouts ſupérieurs B D l’un contre l’autre, pendant que les inférieurs Α C, ſéparés, par un morceau de bois e de cinq lignes d’épaiſſeur, gliſſoient ſur la face de l’une de ces barres c d ; dont il y avoit toujours deux a b & c d, placées parallèlement avec leurs contacts, f & g. Ce procédé en augmenta la force au point qu’on pouvoit les relever par les contacts.

Opération V. Lames de 24 pouces. Quadruple touche verticale. Après avoir renforcé trois paires de lames de 18 pouces & de cinq de 12, réunies enſuite en faiſceaux, MM. Euler & Fuſſ en firent uſage pour aimanter à la fois à quadruple touche, deux lames de 2 pieds, en les gliſſant à traits égaux & uniformes ſur leurs faces. L’effet de cette manœuvre, propoſée, il y a long-temps par M. Euler, fut auſſi efficace que rapide.

On fit uſage du même procédé & des mêmes faiſceaux, pour aimanter à diverſes repriſes les barres de 2 pieds, qui, malgré leur maſſe & la perte continuelle que les faiſceaux avoient ſoufferte pendant les opérations précédentes, grâce à la ſupériorité de cette méthode, reçurent bientôt aſſez de force pour pouvoir être traînées de tous côtés par leurs contacts : vertu très-remarquable, en conſidérant le grand poids d’une double maſſe d’acier trempé, de 2 pieds de longueur ſur 2 pouces d’épaiſſeur, & que M. Fuſſ eſtime équivaloir à un poids avantageuſement ſuſpendu de trois cents livres au moins ; & cette force fut conſidérablement augmentée dans la ſuite, moyennant deux faiſceaux de quatre lames de 2 pieds appliqués de même façon.

Quant aux grandes barres, on les aimanta par la quadruple touche, en promenant ſur deux faces à la fois quatre paires des lames de 2 pieds diſtribuées en deux faiſceaux, & douées du plus haut degré de magnétiſme. Le maniment de ces faiſceaux ſur toutes les quatre faces de ces barres, les renforça juſqu’à pouvoir être traînées, même chargées du poids des barres de 18 pouces, mais en ligne droite par les contacts.

Ce degré de force ayant été jugé ſuffiſant par ces illuſtres ſavans, pour être employé avec ſuccès à aimanter de grands fers-à-cheval, ils y appliquèrent de la manière connue une pièce de la première grandeur, avec les précautions néceſſaires à la conſervation des forces ; & ils la frottèrent à quadruple touche, moyennant deux faiſceaux des lames de 2 pieds, qu’ils promenèrent une trentaine de fois ſur chaque face, ce qui lui donna d’abord aſſez de force pour porter un poids de 40 livres,